Sayfadaki görseller
PDF
ePub

du gouvernement pastoral; d'où il faut conclure que ce droit venoit d'une condescendance du clergé pour faire goûter davantage au peuple l'autorité de ses pasteurs, et non pas d'une institution divine et irrévocable. De là vient aussi que le peuple trop licencieux, abusant du pouvoir qu'on lui avoit laissé, en a été dépouillé sans contradiction. Maintenant on peut dire que le Roi a fait revivre en sa personne l'ancien droit du peuple. Encore même son autorité pour les élections des évêques est bien plus grande que celle du peuple n'a jamais été. Il choisit seul, sans consulter le clergé de l'église vacante. Il donne un titre par écrit, contre lequel on ne réclame point. On peut donc juger par son droit, qui est infiniment plus grand que celui du peuple ne l'a été, quel étoit autrefois celui du peuple. Cette nomination que le Roi fait n'est point une vraie élection. Le prince, bien loin de disposer de la puissance spirituelle, et de conférer le ministère de pasteur, ne donne pas même un titre canonique pour recevoir cette puissance ; il ne fait que présenter un homme à l'Eglise, et demander pour lui qu'il soit pourvu et ordonné; et l'Eglise acquiesce à son choix. C'est l'ordre des pasteurs, en la personne du Pape son chef, qui élit, qui institue, qui, par un titre canoniqué, destine au ministère celui que le prince n'a fait que proposer. On doit juger, par cette discipline présente, de l'ancienne pour les suffrages du peuple dans les élections. Ne seroit-il pas absurde de prouver maintenant que les clefs et le ministère appartiennent au Roi, parce qu'il nomme aux évêchés? Enfin l'autorité absolue avec laquelle les pasteurs ont décidé sur la

forme

it

forme des élections, y ont admis les laïques à certaines conditions, et les en ont ensuite exclus, fait assez voir que toute la véritable puissance de disposer du ministère a toujours résidé dans les seuls pasteurs.

www.

www

CHAPITRE XVI.

CONCLUSION..

LES Protestans ne peuvent donc avoir recours ni au droit naturel du peuple de disposer des clefs, ni à l'ordination qui leur est venue par les Vaudois, ni à celle qu'ils ont reçue par les prêtres catholiques. 'C'est en vain que M. Claude dit : « Quand même il » y auroit eu de l'irrégularité, cette irrégularité au» roit été suffisamment réparée par la main d'asso>> ciation et par le consentement que tout le corps » de la société a donné à leurs vocations (1). » Il sent

le foible de sa cause, et il ne peut s'abstenir de nous le laisser voir. Voilà une irrégularité qui le blesse et qu'il tâche de réparer. Comment le fait-il? par la main d'association. Mais qui a jamais ouï dire que l'Ecriture ou l'antiquité eussent enseigné aux chrétiens à suppléer ainsi l'ordination des pasteurs? Où est-elle, cette main d'association? Saint Paul nous apprend (2) qu'elle lui fut donnée par plusieurs apôtres mais ce n'étoit pas pour rectifier son apostolat et pour suppléer ce qui manquoit à sa mission; il la tenoit de Jésus-Christ seul; il y avoit déjà un grand

:

(1) Réponse aux Préjugés, p. 372. — (2) Gal. 11. 9.

FÉNÉLON. II.

I I

nombre d'années qu'il l'exerçoit sur les églises, et qu'il avoit demeuré avec saint Pierre quinze jours à Jérusalem. Cette main d'association ne regardoit donc pas la vocation et la validité du ministère de cet apôtre; elle n'étoit qu'un signe de concorde entre les apôtres sur les questions légales qu'ils avoient agitées, et sur la discipline uniforme qu'ils devoient garder en prêchant l'Evangile aux Juifs et aux Gentils. Quel rapport y a-t-il de ce fait avec celui des Protestans, qui croient réparer une irrégularité aussi essentielle que le défaut de mission divine, en tendant la main à ceux qui usurpent ainsi le ministère ? Mais la trouvera-t-on ailleurs cette main d'association qui est si puissante pour faire pasteurs sans ordination ceux qui ne le sont pas? ici l'Ecriture les abandonne. Trouveront-ils quelque asyle dans l'antiquité; y a-t-il un seul auteur ancien qui nous prouve par quelque exemple, ou qui nous insinue par son propre sentiment, que cette main d'association vaut l'ordination que les apôtres ont pratiquée? Encore si cette main d'association étoit une action réelle, en sorte qu'on eût imposé les mains à ces ministres mal établis, il ne resteroit plus qu'à savoir si ceux qui leur auroient imposé les mains étoient euxmêmes bien ordonnés. Par là nous retomberions encore dans toutes nos difficultés. Mais, de plus, cette main d'association n'est qu'une manière de parler; c'est-à-dire, pour parler sans figure, que, sans aucune cérémonie religieuse ni imposition réelle des mains, les premiers pasteurs de la Réforme furent reçus pour pasteurs par le troupeau même lorsqu'ils entrèrent en fonction; et que ceux d'entre eux qui

avoient l'ancienne ordination reconnurent les autres pour vrais ministres. Ainsi ces manières de parler, qui éblouissent d'abord, si on les réduit à leur juste valeur, signifient ce qui a été dit et réfuté tant de fois; savoir, que le peuple ayant le droit de disposer des clefs, son consentement sans ordination donne une parfaite mission aux usurpateurs du ministère. Dès-lors il n'y aura plus d'intrus ni de faux pasteurs à punir, pourvu qu'ils sachent séduire quelque partie d'un peuple grossier et inconstant, et se faire donner la main d'association. Sans doute nos frères auroient horreur d'un tel principe, si l'habitude ne les em→ pêchoit d'en découvrir les pernicieuses conséquences. Mais il faut qu'ils avouent qu'ils n'ont point parmi eux le ministère, selon l'institution divine. J'ai montré que cette institution l'attache au sacrement de l'ordination, qui est l'imposition des mains des pasteurs. Leurs premiers ministres, comme nous l'avons vu, n'avoient point reçu cette ordination de la main des pasteurs qui avoient été ordonnés par d'autres: donc ils n'étoient point pasteurs. Ceux qu'ils ont ordonnés pour leur succéder n'ont pu avoir une mission et une ordination plus valide que la leur même : il n'y a donc point eu jusqu'ici de vrais ministres dans leur Réforme. Que peuvent-ils répondre? S'ils n'ont point reçu le ministère par la voie qui nous est donnée dans l'institution, comment ont-ils pu l'avoir ? Il ne leur reste à alléguer qu'une voie extraordinaire et miraculeuse, qui est au-dessus des lois de l'institution. Mais, quand on leur demande des miracles, ils se récrient que c'est une injustice. «< Si » les miracles étoient nécessaires, dit du Moulin, ce

» seroit pour ceux qui n'ont nulle vocation ordi>> naire. » Nous avons prouvé qu'ils ne l'avoient point cette vocation ordinaire. Point de vocation sans l'imposition des mains des pasteurs; point d'imposition des mains, ni des Catholiques ni des Vaudois. Il n'y a plus de ressource pour eux que par les miracles, Les prophètes en faisoient sans cesse. A leur seule parole, ils ouvroient et fermoient le ciel. Ce n'étoit pourtant pas pour transporter le ministère de la Synagogue, et pour changer la foi de leur temps: il ne s'agissoit que de redresser les particuliers, et d'annoncer la colère prête à éclater. Les apôtres marchoient sur les traces de Jésus-Christ; il les avoit conduits par la main dans la moisson qu'il leur destinoit ; il sembloit avoir assez fait de miracles pour les dispenser d'en faire; ses œuvres parloient pour eux; leur ministère étoit immédiatement fondé sur la puissance de celui qui les envoyoit avec tant de signes et de prodiges: cependant ils font euxmêmes, selon sa prédiction, des miracles encore plus grands que les siens. Voilà quel a été le ministère extraordinaire des prophètes et des apôtres. C'est ainsi que Dieu autorise ceux qu'il conduit hors de la voie commune, et par lesquels il veut changer ce qui se trouve établi.

Que pouvons-nous donc croire de ces hommes qui viennent dans les derniers temps entasser docteurs sur docteurs, suivant la prédiction de saint Paul? Ils disent que l'Eglise est tombée, et qu'ils sont suscités pour la redresser. Ils veulent faire une seconde fois ce que les apôtres avoient fait la première. Ils entreprennent enfin bien plus que les prophètes : car les

« ÖncekiDevam »