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prophètes n'ont jamais ébranlé l'ancien ministère; et ceux-ci transportent le nouveau, dont l'ancien n'étoit que la figure.

Les croirons-nous sur leur parole, quand ils parlent contre la mère qui les a enfantés? Non, sans doute. Consultons l'Ecriture, qu'ils nous objectent sans cesse, et qui ne leur doit pas être suspecte: nous avertit-elle que cet édifice tombera en ruine et en désolation; que son état sera interrompu; que toutes sortes de superstitions et d'idoldtries y auront vogue; que ses sacremens seront abátardis, falsifiés et anéantis du tout? « Montrez-nous, disoit saint Au» gustin, parlant aux Donatistes (1), montrez-nous » par des textes clairs et formels cette affreuse ruine » de l'Eglise » montrez-nous-la, disons-nous de même encore aux Protestans. Ainsi saint Augustin a répondu par avance pour nous; et les Protestans, comme les Donatistes, accusent en vain l'Eglise d'une corruption que l'Ecriture n'a jamais prédite.

:

La Synagogue, qui n'étoit établie que pour un temps, et qui n'étoit que l'ombre de l'Eglise, tombe; et les prophètes de siècle en siècle annoncent sa chûte pour y préparer de loin le peuple de Dieu. L'Eglise, faite pour remplir tous les temps, et pour être éternelle comme son époux, tomberoit, sans que les prophètes ni de l'ancienne ni de la nouvelle alliance l'eussent jamais prévu pour préparer les enfans de Dieu contre la séduction! Qui pourroit le penser?

Qu'on ne nous dise point que l'Apocalypse a prédit la chûte de l'Eglise. Nous demandons aux (1) De unit. Eccl. cap. xvii, n. 44: tom. Ix.

Protestans, comme saint Augustin aux Donatistes des passages clairs et formels; en un mot, une autorité qui ne souffre aucune équivoque. Les Protestans, qui ne peuvent s'accorder entre eux sur le sens de l'Apocalypse, montrent assez combien elle est obscure. M. Jurieu lui-même avoue, au commencement de l'explication qu'il en a donnée, que tous ceux qui ont marché devant lui, jusqu'à Joseph Medde même, son célèbre guide, se sont égarés; qu'il marchoit lui-même d'abord sans savoir où il alloit, et que ce n'est qu'après de longs désirs, et par une espèce d'inspiration, qu'il a compris les mystères. Ainsi les Protestans sincères, qui liront son ouvrage, doivent en conclure qu'il faut cesser de chercher dans l'Apocalypse cette claire prédiction de la chûte de l'Eglise que nous demandons avec saint Augustin.

Il ne faut pas s'étonner si les Protestans cherchent dans l'Apocalypse cette ruine, comme les Donatistes la cherchoient dans le Cantique des Cantiques. C'est que quand on est pressé par la vérité, on cherche à éluder les endroits les plus clairs par les plus obscurs. Mais en vain cherchera-t-on cette chûte dont JésusChrist a promis de nous garantir. L'Ecriture ne peut se contredire elle-même. Une Eglise à laquelle le Sauveur a donné son Esprit de vérité, afin qu'il y demeure éternellement (1); une Eglise fondée sur la pierre (2), que les vents ne peuvent ébranler; une Eglise contre laquelle les conseils de l'enfer ne peuvent prévaloir; une Eglise avec laquelle JésusChrist baptisera et enseignera tous les jours jusqu'à (1) Joan. XIV, 16. — (2) Matth. XVI. 18,

la fin du siècle (1); une Eglise à laquelle Dieu donne des docteurs et des pasteurs pour la consommation du corps des élus (2) jusques au jour où Jésus-Christ viendra juger le monde; une Eglise qu'il faut que chaque fidèle puisse consulter à chaque moment (3), et dont on doit sans interruption écouter les pasteurs, comme écoutant Jésus-Christ (4); enfin dont on ne peut mépriser les pasteurs sans mépriser celui qu'ils représentent, ne peut sans doute jamais tomber dans l'abîme de l'idolâtrie, ni se trouver avec un ministère anéanti qu'on ait besoin de ressusciter.

Ici M. Jurieu, honteux des foibles réponses que tous les autres ministres nous ont faites avant lui, semble se déclarer pour nous contre eux et contre sa propre Confession de foi, quoiqu'il ait juré de l'enseigner au peuple. L'Eglise, selon lui, n'est point tombée en ruine et en désolation: c'est seulement une confédération particulière qui s'est corrompue. Encore même cette confédération, qui est la Romaine, malgré ses erreurs contre la médiation de Jésus-Christ et malgré son idolâtrie, n'a jamais cessé de composer avec toutes les autres l'Eglise universelle à laquelle appartiennent toutes les promesses:

Je laisse à ce ministre à justifier ce nouveau systême inconnu à tous les saints pères, et dont on ne trouve aucune trace dans toute l'antiquité. Qu'il explique, s'il le peut, comment chaque fidèle pourra écouter cette Eglise, qui, selon lui, ne parle jamais, ou du moins dont la voix confuse est composée des clameurs de tant de sectes qui se contredisent. Est-ce

(1) Matth. XXVIII. 20. — (2) Ephes. IV. 11.— (3) Matth. xviii. 17.

(4) Luc. x. 16.

donc là le corps de Jésus-Christ? Quoi! ce corps monstrueux composé de tant de membres disproportionnés, divisés entre eux, et si défigurés? ce corps qui ne fait pas même un corps, puisque tous ses membres, bien loin d'être liés, d'agir de concert, et de se mouvoir avec subordination, ne font que s'abhorrer, que se déchirer, que se condamner à la mort, et que se livrer à Satan?

Osera-t-on dire que cette Babel, où il ne paroît qu'orgueil et confusion de langues, soit la cité pacifique où règne la sainte unité? dira-t-on que tous ces hommes composent la famille du Père céleste, eux qui regardent réciproquement la table où leurs frères célèbrent la cène, comme la table des démons, à laquelle ils ne peuvent participer sans renoncer à Jésus-Christ? La prière que Jésus-Christ fit à son Père pour unir ses enfans entre eux comme il est uni avec lui, ses promesses mêmes si magnifiques, n'aboutiront-elles donc qu'à ce triste et scandaleux accomplissement? Le fruit de ces grandes promesses pour l'unité et pour la pureté de la foi dans l'Eglise ne consistera-t-il que dans une lâche dissimulation et dans une tolérance mutuelle et politique sur un nombre prodigieux d'erreurs? Que dis-je? on ne se tolère pas même. Ainsi il faut encore, suivant ce systême, que l'unité et la vérité se trouvent jusqu'au milieu de la dissention et dans un amas d'erreurs où l'on se réprouve les uns les autres.

Quelle unité, fondée sur une liaison imaginaire entre tant de sectes qui refusent de s'unir, et qui ne se donnent réciproquement que des anathêmes! Où est-elle cette unité de foi, dans cet assemblage con

fus de sociétés dont chaque membre enseigne, comme un point essentiel de sa foi, ce qui est rejeté par tous les autres comme un blaspheme?

Qu'on n'espère plus éblouir les simples, en disant que l'Eglise universelle conserve dans toutes les confédérations qui la composent les points fondamentaux. Il est facile à M. Jurieu de régler, comme il lui plaira, les points fondamentaux, pour admettre et pour rejeter les sectes à son gré. Mais pour parler sérieusement, il faudroit marquer d'abord une règle précise et invariable qui fît discerner ces points qu'on regarde comme les fondemens de la foi chrétienne. Jusque-là, que peut-on croire de cette unité de foi et d'église qui n'est appuyée que sur une distinction de points fondamentaux qu'on n'ose expliquer, et qui est plus obscure que les questions mêmes qui divisent toutes les sectes? Cependant il faut que M. Jurieu avoue que l'épouse du Fils de Dieu, qui, selon saint Paul, est toujours sans ride et sans tache (1), est, selon lui, la mère des impuretés et des abominations de la terre. Elle ouvre son sein à une infinité de sectes corrompues et adultères, elle les porte jusqué dans ses entrailles; elle y reçoit l'impie Arien, qui nie la divinité du Sauveur; et le Papiste idolâtre, quoiqu'il soit plus inexcusable dans son idolâtrie que le païen même. Enfin l'Antechrist y est né, et s'y nourrit depuis tant de siècles. Faut-il qu'un chrétien soit capable de penser ainsi? Mais qu'il est beau de voir que c'est ainsi qu'on est contraint de penser, dès qu'on abandonne la simplicité de l'ancienne foi!

En attendant

(1) Ephes. v. 27.

que

M. Jurieu, devenu doux et hum

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