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son ministère, en montrant que la succession a été continuée par les Vaudois et par les prêtres catholiques qui se sont faits Protestans. Tant il est vrai que ceux même qui paroissent mépriser l'argument de la succession, en sentent malgré eux la force, et veulent l'avoir pour eux. Dans ce même chapitre, du Moulin se demande à lui-même les miracles qui ont établi le nouveau ministère, et il répond: « Si les » miracles étoient nécessaires, ce seroit pour ceux » qui n'ont nulle vocation ordinaire. » Ainsi il suppose toujours la succession dans ses pasteurs. C'est ce qu'il auroit dû prouver : mais, il n'entreprend pas même de le faire; il savoit bien que le contraire étoit trop manifeste dans son parti. Calvin, chef de la Réforme, se vante de n'avoir jamais reçu l'huile puanie. C'est ainsi qu'il parle de l'onction que l'Eglise pratique depuis tant de siècles, pour imiter, dans la consécration des prêtres, ce que la Synagogue pratiquoit par l'ordre de Dieu, et pour représenter Jésus, qui est nommé le Christ, c'est-à-dire l'Oint du Seigneur. Nous apprenons de Beze, dans la vie de Calvin, et dans son Histoire ecclésiastique, que Calvin n'avoit que vingt-trois ans, et par conséquent ne pouvoit être prêtre, lorsqu'il commença à dogmatiser à Orléans. On n'a qu'à ouvrir cette Histoire ecclésiastique, pour voir clairement que les autres pasteurs qui ont fondé leurs églises, étoient presque tous de simples laïques. Sitôt que Beze trouve quelques prêtres ou quelques moines qui ont embrassé leur réforme, il ne manque pas de les marquer soigneusement. Il ne faut donc pas douter qu'il n'eût marqué en détail les autres pasteurs qui auroient reçu l'ordination romaine

ou celle des Vaudois, si cela eût été véritable. C'étoit une circonstance trop forte pour être omise. M. Claude avoue (1) que le Masson, dit la Rivière, premier ministre de Paris, qui n'avoit que vingt-deux ans, et qui fut élu par l'assemblée faite dans la chambre d'une femme nouvellement accouchée, n'avoit jamais reçu aucune ordination. Mais ce ministre ajoute que «< ces vocations conférées par le peuple » sans pasteurs sont en fort petit nombre. » Pour moi, je soutiens au contraire qu'on seroit bien embarrassé à nous marquer beaucoup de ces premiers pasl'ordination anteurs de la Réforme, qui eussent reçu cienne. Le Clerc, cardeur de laine, qui fut le premier pasteur des Protestans à Meaux, n'étoit sans doute ni barbe chez les Vaudois, ni prêtre catholique. Tels furent encore les premiers pasteurs de leurs églises de Saintes, d'Orléans, de Bourges, d'Issoudun, de Poitiers, de Rouen, de Tours. Ce seroit abuser de la patience du lecteur, que de lui donner ce détail ennuyeux, pour prouver des faits qui ne peuvent être

contestés.

Mais à quoi sert de vouloir éblouir les lecteurs par l'apparence d'une succession tirée des Vaudois et des prêtres sortis de l'église Romaine? Du Moulin auroitil voulu s'engager sérieusement à prouver que les anciens Vaudois ne font qu'un même corps de religion avec les Protestans? auroit-il voulu être réduit à prouver par des faits positifs que les restes des Vaudois, cachés dans quelques vallées, avoient conservé, sans interruption, l'ancienne imposition des mains? Ignoroit-il que Pierre Valdo étoit un laïque, qui, malgré (1) Réponse aux Préjugés, pag. 363.

la règle évangélique, s'appela lui-même au ministère ? Simon de Voyon, auteur protestant, dans son dénombrement des docteurs de l'Eglise de Dieu, l'a enseigné lui-même à ceux de sa secte. Il raconte que Valdo étoit de Lyon, et qu'ayant vu mourir subitement un homme au milieu d'une compagnie, il en fut saisi de frayeur, et commença dès-lors à instruire les pauvres, qu'il soulageoit par ses aumônes. « L'é» vêque du lieu, dit-il, et les prélats qui portent les » clefs, comme ils disent, et n'y veulent entrer ne » laisser entrer les autres, commencèrent à murmu» 'rer de ce qu'un homme lai ou séculier, comme ils » appellent, traitoit et déclaroit en langue vulgaire » la sainte Ecriture, et faisoit assemblée en sa maison, » l'admonestèrent de se désister sous peine d'excom» munication. Mais pour cela le zèle que Valdo avoit » d'avancer la gloire de Dieu, et le désir qu'avoient » les petits d'apprendre, ne fut en rien diminué. » Il ajoute bientôt après : « Ainsi l'appellation des pauvres » de Lyon commença. On les nomma aussi Vaudois, Lyonistes, etc. » Crespin dit la même chose (1). Voilà un étrange moyen pour justifier le succession non interrompue du ministère chez les Protestans, que de les joindre avec les Vaudois, secte qui a pour fondateur et pour premier pasteur un simple laïque, de l'aveu des Protestans mêmes; secte dont le corps, semblable à son chef, n'étoit composé que de mendians séduits par les aumônes et par les discours de Valdo; de là leur vint l'appellation de pauvres de Lyon secte enfin, qui, bien loin de perpétuer

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(1) Etat de l'Eglise, sur. an. 1175, chap. du commencement des Vaudois, pag. 306, édit. de 1581.

l'ordre des pasteurs consacrés par l'imposition des mains, faisoit profession de mépriser l'ordre ecclésiastique, et d'en rendre les peuples indépendans. Remarquez encore combien Simon de Voyon entroit dans leur esprit, puisqu'il raconte comme une chose absurde, «< que les prélats commencèrent à murmurer » de ce qu'un homme laïque ou séculier traitoit et » déclaroit en langue vulgaire la sainte Ecriture. » Mais je veux bien supposer la fable du ministre Leger, qui assure, dans son Histoire des Vaudois, qu'ils viennent non de Valdo, mais de Claude de Turin. S'ensuit-il que leurs pasteurs, qu'il appelle barbes, eussent reçu l'imposition des mains des anciens pasteurs? ne voit-on pas, au contraire, que si Valdo n'a point été leur fondateur, il a été au moins, selon Leger même, un de leurs principaux pasteurs, quoiqu'il n'eût point été ordonné? Par lui on peut juger des autres. Consultons encore les anciennes confessions de foi des églises Vaudoises, rapportées par le miniştre Leger. « Nous n'avons rien, disent» elles, de l'Ecriture, qui nous fasse foi de tels or» dres. Ainsi seulement la coutume de l'Eglise..... » Et dans le Catéchisme rapporté par le même auteur, le barbe ayant dit, « Par quelle chose connois-tu >> les ministres ? » l'enfant répond, « Par le vrai sens » de la foi, par la vie de bon exemple, par la pré» dication de l'Evangile, et par la due administra» tion des sacremens. » En tout cela vous ne voyez aucune trace d'ordination; au contraire, vous voyez qu'ils ne reconnoissoient pas même qu'elle fût autorisée par l'Ecriture: comment donc pourroit-on s'assurer qu'ils l'eussent toujours gardée. On voit en

core par les relations de Claude Seyssel, archevêque de Turin, cité par Leger même, que les Vaudois avoient rejeté les prêtres, principalement à cause de leurs mœurs dépravées. Ils ne croyoient pas qu'on pût conserver le ministère quand on tomboit dans le péché et qu'on n'imitoit point la pauvreté de Jésus-Christ. « Les pontifes, disoient-ils, étant » tels qu'ils n'abandonnent rien du leur, et ne gar» dent point les autres choses de la loi de Christ, en » quelle puissance ordonnent-ils les évêques? »

D'un autre côté, comment s'engageroit-on à prouver que tous les pasteurs protestans, qui n'ont point été ordonnés par des Vaudois, l'ont été par des pasteurs de l'église Romaine? Il en faudroit déposer beaucoup, si l'on abandonnoit le ministère de tous ceux auxquels cette succession manqueroit. Ne dites pas qu'on doit la supposer comme un fait ancien qu'on ne peut plus éclaircir; car si elle est essentielle, il faut qu'elle soit clairement prouvée par des faits et par des témoignages certains, ou fondée, comme la nôtre, sur une notoriété universelle qui emporte l'aveu même de nos adversaires.

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Enfin cette question est décidée par leur Discipline. << Les nouveaux introduits en l'Eglise, dit» elle, singulièrement les moines et les prêtres, ne » pourront être élus au ministère sans diligente et longue inquisition et épreuve ;.... et ne leur im» posera-t-on les mains, non plus qu'aux inconnus, » que par l'avis des synodes. » Il n'est pas question ici de l'élection d'un homme déjà bien ordonné, mais de son ordination même, qui doit être réitérée. Si cette ordination romaine est le titre de leur vocation,

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