Sayfadaki görseller
PDF
ePub

· monstre un ministère dressé par une nouvelle confédération de laïques.

[ocr errors]

Si M. Jurieu demande une preuve de ce que j'avance, en voici une tirée de saint Jérôme, dans son Dialogue contre les Lucifériens. « Hilaire, dit-il (1), » s'étant retiré de l'Eglise avec le diaconat, et croyant » faire lui seul la foule du monde entier, ne peut » ni faire l'eucharistie, n'ayant ni évêques ni prê» tres, ni donner le baptême sans eucharistie. Et » comme cet homme est déjà mort, avec l'homme » est pareillement éteinte sa secte, puisque, n'étant » que diacre, il n'a pu ordonner aucun clerc après » lui. Or l'Eglise qui n'a point de pontife, n'est point église. Mais, excepté un petit nombre d'hommes » peu considérables qui sont laïques, et qui sont eux» mêmes leurs propres évêques, etc. » Remarquez qu'il s'agit du cas extrême où les Protestans veulent que le peuple doit faire des pasteurs; car il s'agit ici d'une secte qui se croit la vraie Eglise, et qui périt néanmoins toute entière faute de pasteurs ordonnés par d'autres pasteurs. Pour en éviter l'extinction, un diacre ne peut ordonner; il ne peut faire l'eucharistie, et toute la secte demeure sans cène. Le baptême solennel, qui ne s'administroit alors qu'avec l'eucharistie, n'est point administré avec cette solennité, parce que l'eucharistie manque, et qu'il n'y a aucun pasteur ordonné pour la consacrer. Le diacre lui-même meurt sans pouvoir laisser aucun pasteur ordonné pour le gouvernement du troupeau. Ce qui reste de laïques est réduit à se conduire soi-même et à se tenir lieu d'évêque, sans sortir néanmoins de() Adv. Lucifer. tom. iv, p. 302.

cet état laïque, et sans avoir ni pasteurs ni sacremens. Voilà le fait que saint Jérôme atteste. Si ces Lucifériens eussent jugé du ministère comme M. Jurieu, ils se seroient facilement tirés d'un grand embarras en faisant de nouveaux pasteurs.

Pour toutes les autres sociétés chrétiennes, comme les Ariens, les Nestoriens, les Eutychiens, qui ont fait chacune un corps en Orient, elles avoient la succession du ministère épiscopal. On n'en trouvera aucune qui ait jamais enseigné que les clefs appartiennent au peuple, qu'il peut faire de nouveaux pasteurs, et se partager en diverses confédérations. Ces sociétés croyoient toutes qu'il ne pouvoit y avoir de vraie église que dans une seule société qui avoit la succession du ministère, et chacune d'elles prétendoit être cette société unique. Voilà donc toute l'Eglise catholique qui soutient unanimement qu'il ne peut y avoir de vrai ministère sans la succession, et par conséquent que le peuple n'a aucun droit de transporter les clefs ailleurs. Voilà toutes les anciennes sociétés hérétiques de l'Orient qui croyoient la même chose. Voilà les Novatiens, les Donatistes et les Lucifériens, que M. Jurieu ne peut pas avoir la triste consolation d'appeler à son secours. Ces schismatiques si ardens, si excessifs, si téméraires, lors même qu'on les a le plus vivement pressés, n'ont jamais osé dire que les clefs appartiennent au peuple, et qu'il peut les transporter en formant de nouvelles confédérations. Cette réponse si facile et si naturelle, selon M. Jurieu auroit confondu à jamais toute l'Eglise catholique. Saint Augustin, qui, selon M. Jurieu, enseignoit que les clefs sont au peuple, auroit été tout d'un

coup accablé sans ressource par cette réponse si simple et tirée de sa doctrine même. Cependant jamais ni Parménien, ni Cresconius, ni Pétilien, n'ont osé parler ainsi. Nous voyons même une de ces sectes qui se laisse éteindre plutôt que de faire consacrer l'eucharistie, et de faire ordonner des pasteurs par un diacre. En cette extrémité, ces schismatiques n'osent penser ce que les Protestans soutiennent. Ce prodige d'erreur étoit réservé à la fin des siècles. Mais enfin, d'où vient donc cette indignation de toute l'Eglise ancienne contre les confédérations nouvelles qui n'érigeoient pas même un nouveau ministère, et qui se contentoient de perpétuer, par l'imposition des mains de leurs évêques, l'ancien ministère dans leurs sociétés? D'où vient ce profond et universel silence, cet aveu tacite de toutes ces socié tés schismatiques qui n'avoient qu'un seul mot à dire pour mettre en poudre toute l'autorité de l'Eglise catholique, s'il eût été vrai, comme M. Jurieu le prétend, que le peuple dans les élections exerçoit actuellement le droit naturel par lequel les clefs lui appartiennent, et qu'il pût se partager en diverses confédérations?

Ici M. Jurieu ne peut avoir pour lui un seul témoin de toute cette sainte antiquité; et les sociétés même schismatiques, qui auroient eu un si pressant intérêt de parler comme lui, l'abandonnent par leur silence. Cette tradition de l'antiquité est décisive contre lui, selon ses principes. Les voici tirés de ses paroles : « Je regarde, dit-il (1), cette maxime comme » si certaine, que si le papisme avoit bien prouvé (1) Syst. pag. 236.

» que depuis les apôtres, constamment jusques à » nous, toutes les communions ont cru et enseigné » la transsubstantiation, je ne crois pas que nous fus+ » sions en droit d'y rien opposer. » Il parle encore plus fortement dans un autre endroit. Il est, ditil (1), « obligé de le croire, non-seulement à cause que » l'Ecriture est claire et évidente là-dessus, mais >> aussi à cause du consentement unanime de tous » les chrétiens à recevoir ces vérités fondamentales; » car, après l'Ecriture, ce consentement unanime » est la plus forte preuve qu'un dogme est véritable, » et qu'il est fondamental. » Ces paroles marquent clairement qu'une tradition, quand elle est universelle, non-seulement doit être crue comme une doctrine de foi, mais encore doit être regardée comme un point fondamental. Si donc l'ordination a été regardée dans toute l'Eglise catholique comme un sacrement qui ne peut être réitéré, non plus que le baptême, à cause du caractère ineffaçable qu'elle imprime, en sorte que personne n'en doutoit, comme saint Augustin l'assure; s'il est vrai que l'Eglise a abhorré ceux qui ont voulu transporter le ministère des clefs dans des confédérations nouvelles ; si aucune société schismatique n'a jamais osé dire, dans ses plus horribles excès, que les clefs appartiennent au peuple, et qu'il peut, selon qu'il le juge utile à sa police, les transporter en d'autres mains, et se partager en diverses confédérations; que faudra -t-il croire de cet amas de dogmes inouis aux schismatiques même les plus audacieux de toute l'antiquité? Ce consentement unanime de toute l'Eglise, ce silence (1) Syst. pag. 293.

unanime de tous ses ennemis pendant tous les siecles qui ont précédé ces derniers temps, n'est-il pas, pour me servir des termes de M. Jurieu, la plus forte preuve que notre dogme sur les clefs, sur la succession du ministère et sur l'imposition des mains, est véritable, et qu'il est fondamental?

CHAPITRE X.

Réponse à une objection tirée de Tertullien.

il

Il s'agit d'un passage du livre de l'Exhortation à la Chasteté. Pour en bien juger, il faut savoir tout le dessein de cet ouvrage, et l'état où étoit Tertullien quand il l'a composé. Montan coħdamnoit les secondes noces ; et Tertullien, tombé dans ses erreurs, exhorte un fidèle à ne se remarier pas. Il avoue que saint Paul a permis les secondes noces: mais il soutient que saint Paul les a permises par un sentiment humain, au lieu qu'en même temps a conseillé par l'esprit de Dieu de les éviter. Il dit encore que l'apôtre, sentant l'excès de cette permission humaine qu'il venoit d'accorder, se donne aussitôt un frein et se rappelle lui-même. Vous croiriez peut-être qu'il veut seulement conclure que les secondes noces, permises par saint Paul, ne sont pas un état aussi parfait que l'entière continence conseillée par cet apôtre? Non; il décide que c'est une espèce d'adultère. Cette décision étonne; mais la raison sur laquelle il la fonde est encore plus étonnante. « Celui, dit-il, qui regarde une femme pour

« ÖncekiDevam »