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tressaillements inusités qui couraient dans son sein, elle se sentait au cœur une religion que les sophistes n'y savaient pas. Heureuse à la fois, et de ses proscrits revenus et de ses temples rouverts, elle se courbait sous l'absolution du Souverain Pontife avec un délire de joie qui fit pleurer nos pères; et à ce spectacle, impies et croyants, disciples et bourreaux, se regardant, semblaient se demander si c'était un songe, ou si le Christ était vraiment ressuscité.

A distance, nous comprenons l'enthousiasme de cette scène il fallait s'y trouver au sortir de si longues catastrophes, pour le bien sentir. L'abbé d'Astros y assista. Outre l'allégresse générale, il y trouva pour lui des consolations à part. Cet auguste vieillard, archevêque de Paris, qui présidait la cérémonie, était Mgr de Belloy, jadis évêque de Marseille, qui l'avait confirmé, et dont il allait devenir le grand vicaire. Cet éloquent archevêque de Tours, qui montait en chaire pour célébrer les grandeurs d'une telle solennité, c'était Mer de Boisgelin, jadis archevêque d'Aix, qui avait caressé son enfance, l'avait appelé à tous les ordres et lui rappelait son pays. Cet administrateur des cultes, qui goùtait mieux que les autres une fête à laquelle il avait tant coopéré, c'était le protecteur de son enfance, le frère de sa mère, le suppléant de son père, et son hôte de chaque jour, Enfin, tous ces évêques, dont le peuple ne savait pas cesser de regarder les splendeurs pontificales longtemps cachées, c'est lui qui les avait désignés. Les sentiments personnels sont permis quand ils viennent se résoudre dans une action de grâces à l'Au

teur de tous les dons. Aussi, nul doute que, dans cette journée, l'abbé d'Astros éprouva deux félicités au lieu d'une; celle de voir Dieu rentré dans ses temples, et celle d'y avoir contribué.

CHAPITRE VIII.

SES PREMIERS PAS DANS LES HONNEURS ECCLÉSIASTIQUES.

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Ses sentiments après la conclusion du Concordat. — Ses services pendant la formation des nouvelles Paroisses. Ses projets pour son avenir. - Il est nommé Chanoine de Paris. - Preuve de son esprit ecclésiastique. — Il convertit sa cousine. - Ses vertus de famille. - Il est nommé Grand vicaire d'Orléans. Il assiste au couronnement de l'Empereur. — Il est nommé Grand vicaire de Paris. — Il compose le Catéchisme de l'Empire. - Mort de M. de Portalis. Jugement sur son administration. Mort du cardinal de Belloy. L'abbé d'Astros Vicaire capitulaire. dispose Napoléon contre lui.

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Beau trait de sa part qui in

In medio magnatorum ministrabit, et in conspectu præsidis apparebit.

Eccli. XXXIX. 4.

:

L'ABBÉ D'ASTROS se réjouit d'un succès auquel il avait coopéré, mais il ne comprenait pas que l'on s'en pût attribuer quelque chose. Pour lui, tout s'était passé à la résurrection du catholicisme en France comme à celle de Lazare Dieu seul avait rendu la vie au mort, les divers témoins n'avaient fait qu'ouvrir le sépulere, écarter le suaire et dénouer les liens. Cette action secondaire n'absorbait pas à ses yeux celle de la Providence, mais était absorbée par elle. Aussi, pendant ces grands coups de théâtre qui ont commencé notre siècle, les hommes ont beau faire du bruit, dans sa correspondance on sent qu'ils ont disparu pour lui en ce monde, et qu'il n'y sait voir que la main de Dieu.

Peu de temps après le Te Deum de Notre-Dame de Paris, le culte fut solennellement rétabli dans toutes les villes de France. Dans une paroisse, en particulier, cette inauguration provoqua un tel enthousiasme, que les ennemis. mêmes voulurent avoir leur part dans ce bienfait public. Cependant la municipalité s'en attribuait le mérite, le maire le lui disputait, les principales familles du lieu avaient leurs prétentions; enfin, sans songer à Bonaparte ni à Pie VII, chacun s'en allait, répétant comme le Poëte : c'est moi, moi qui ait fait cela, me, me adsum qui feci. L'abbé d'Astros qui le sut s'égaya de la naïve illusion de ses compatriotes; et, regardant tous ces amours-propres avec un sourire où il entrait moins de pitié pour la vanité humaine, que de reconnaissance pour Dieu, il s'écriait dans une lettre : « Pauvres in>> sensés! s'ils savaient comment tout s'est passé! Ah! >> c'est le Seigneur seul qui a fait ces choses: A Domino factum est istud. »

Cependant ses bonnes influences sur notre Eglise renaissante ne devaient pas finir avec le Concordat. Après la restauration religieuse, M. Portalis fut nommé Directeur des affaires ecclésiastiques, en attendant qu'il en devint le Ministre. Dans cette nouvelle phase de son administration, il s'inspira des conseils de son neveu avec une confiance toujours croissante, car la sagesse de celui-ci, comme sa vertu, avait une solidité qui gagnait à être vue longtemps et de près. Quoique l'abbé d'Astros trouvât dans ce ministère de cabinet une aridité à laquelle l'apostolat nomade et périlleux des jours de persécution l'avait mal préparé, il s'y résolut jusqu'à ce

que la fin de sa mission fût arrivée. Or, il voyait encore devant lui une œuvre importante à surveiller.

Les circonscriptions diocésaines étant tracées, celles des paroisses allaient l'être. Toutefois la délimitation territoriale n'était que la moitié de cette difficulté ; le choix des hommes constituait la plus épineuse. Pour ce travail de réorganisation, l'abbé d'Astros possédait des documents à part, une constance d'application qui dominait à l'aise les faiblesses du tempérament, une activité qui se multipliait et une aptitude que les complications ne déroutaient jamais. Ces ressources mises au service d'une intention pure comme celle des saints, ne pouvaient être qu'un auxiliaire bienfaisant pour la religion. En effet, dans tous les actes où l'initiative épiscopale avait besoin de l'approbation du Gouvernement, il brisait les entraves administratives. Non-seulement il abrégeait aux affaires diocésaines ces ennuyeuses quarantaines que leur impose le caprice des subalternes, mais il devenait l'avocat de l'Eglise absente auprès de l'Etat. Il suivait d'un regard attentif le recrutement du clergé paroissial, il contrôlait les nominations aux postes de confiance, il faisait passer outre à certaines formalités des articles organiques, afin d'abroger par la désuétude une tyrannie qu'il ne pouvait faire abroger par le législateur; enfin, il représentait le génie du bien au sein de la Direction des cultes. Et, de même qu'un seul mauvais vouloir suffit dans une machine administrative pour entraver tous les bons desseins; seul, avec son œil infatigable, il les faisait toujours aboutir: repassant souvent les rouages qui ne marchaient pas, surveillant les intentions

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