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nous n'en dirions que ce que tout le monde sait; en publiant ces délicatesses de son cœur, nous révélons un n'a connu.

de ses côtés que presque personne

L'Abbé d'Astros donnant du bonheur dans la vie de famille, naturellement devait y en trouver. Aussi, volontiers, après des journées de prière et de travail, en eût-il fait son repos. Mais Dieu qui le destinait à un rôle plus agité, venait le signaler à la confiance de son Archevêque, et le rejeter malgré lui dans la vie publique au moment où il croyait en sortir. L'abbé Bernier, après avoir négocié le Concordat, avait été promu à l'évêché d'Orléans. A la hauteur où il venait d'être placé, il n'oublia pas son jeune collaborateur de l'administration des cultes. Quoique parfois combattu par lui, il avait subi l'ascendant de son inflexible droiture, et l'avait aimé avec une tendresse respectueuse. Désireux de lui en donner une preuve, le 5 août 1802, il lui envoya de sa propre main des lettres de Grand vicaire d'honneur, comme gage d'une admiration éclairée pour ses mœurs, sa foi, son zèle, sa science et son habileté dans la conduite des affaires. Cette distinction honorifique n'avait de prix pour l'abbé d'Astros que parce qu'elle était l'expression d'un sentiment ami. Cependant le témoignage d'un Pontife qui l'avait vu de près, et aussi désintéressé que compétent, était une recommandation. Me de Belloy dut sans doute la noter; il s'en souvint en temps opportun.

Avant d'arriver à des fonctions plus élevées, l'abbé d'Astros devait être témoin d'une grande scène qui, dans les vues de la Providence, était pour lui une pré

paration. En 1804 Bonaparte se fit nommer Empereur, et l'angélique Pie VII, qui avait eu déjà tant de condescendances, y ajouta celle de venir le couronner. L'abbé d'Astros assista, comme chanoine, à cette cérémonie. Parmi toutes les grandeurs qu'il y vit, une seule absorbait à ses yeux toutes les autres, c'était la majesté douce et grave du Souverain Pontife. Cette impression développée par plusieurs visites qu'il lui fit, soit à la suite du Cardinal de Belloy, soit à la suite de M. Portalis, alors Ministre des cultes, formèrent dans son cœur pour Pie VII, des sentiments profonds comme un culte filial. Cette sorte de religion ne fut pas sans influence, plus tard, sur son attitude vis-à-vis du despotisme impérial. Quand il eut à opter entre la volonté bien connue d'un Pontife si cher et l'arbitraire schismatique de son persécuteur, il ne pouvait hésiter. Le souvenir de cette bonté paternelle mise sous des verrous lui navrait le cœur, et l'amour lui rendit facile le courage que la conscience commandait.

Ainsi fortifié pour les prochains combats, et prêt à boire le calice qui l'attendait dans des fonctions nouvelles, il fut nommé Grand vicaire par Ms de Belloy. C'était au commencement de 1805. Voilà le faîte où la Providence voulait le produire, afin de rendre ses luttes visibles plus loin, en les plaçant plus haut. Avant que son heure fût venue, il eut à ce poste l'honneur de plusieurs actes remarquables que son histoire doit lui restituer.

Un décret impérial du 4 avril 1806 ordonna qu'un seul catéchisme fût désormais en usage dans toutes les églises catholiques de l'Empire. Chose bien éton

ques,

nante! L'Empereur imposa l'unité; personne ne résista. Si le Pape l'eût prescrite, avec nos habitudes théologitrès-certainement nous aurions cru devoir faire des réserves en faveur de nos libertés, et nous aurions répondu par la désobéissance..... accompagnée de grandes protestations de respect. Ce Catéchisme, qui fut appelé celui de l'Empire, reçut de l'épiscopat français, avec quelques légitimes critiques, de solennelles approbations.

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« Nous l'avons soumis à des théologiens graves et >> dignes de confiance, disait M. de Barral', archevêque » de Tours; nous l'avons examiné nous-même avec une scrupuleuse exactitude, nous y avons retrouvé, pres» que en entier, le catéchisme que le grand Bossuet avait » composé pour le diocèse de Meaux..... Nous >> surtout reconnu la foi de l'Église universelle, la foi >> des églises de cette métropole, et particulièrement de » celle de Tours.

y avons

» Rien ne nous oblige à relever ici quelques défec» tuosités qu'un zèle pur a cru observer dans le nou>> veau Catéchisme..... Quel est l'ouvrage sorti de la >> main des hommes qui s'élève tout d'un coup au plus >> haut degré de perfection? Le fond de la doctrine est >> pur et intact; le plan est nettement conçu et déve» loppé, le style clair, précis, et à la portée de tous les >> âges; le temps, l'expérience et les remarques des pas>>teurs éclairés amèneront successivement les réformes >> légères dont l'ouvrage peut être susceptible.

Eh bien, l'auteur de ce Catéchisme ordonné par

4 Mémorial de l'Eglise gallicane, 5 août 1807.

Napoléon, approuvé par le cardinal Caprara, dont le fond était de Bossuet, mais dont les remaniments furent considérables, que tous nos pères ont récité, et qu'un grand nombre regrettent encore, est demeuré un mystère. Nous sommes heureux d'en lever aujourd'hui les voiles : cet auteur était principalement l'abbé d'Astros.

L'Empereur ayant prié le ministre des cultes de faire rédiger ce livre, M. Portalis demanda l'aide de son neveu, qui s'en chargea. Ainsi, à trente-trois ans il était le docteur officiel de l'Église de France, et le mérite d'une œuvre si difficile lui doit être attribué presque en entier. Je dis presque en entier, car s'il y avait du mérite dans cette leçon du quatrième commandement, où étaient exposés les devoirs envers les souverains temporels avec de si insolites développements, il doit revenir au Cardinal Caprara qui en fut le vrai rédacteur. Outre que l'admiration fanatique n'était pas dans le caractère de l'abbé d'Astros, à cette époque surtout, la peine qu'on avait eue à faire accepter par Napoléon, dans le catéchisme, l'enseignement catholique sur les droits du Pontife Romain, avait éveillé ses inquiétudes. Aussi, en face de ce despotisme envahisseur, il était soumis sans être inféodé, silencieux mais défiant, et regardant tout ce qui se faisait avec la fière inquiétude d'un soldat prêt à faire la guerre, le jour où la paix serait pour l'Eglise un péril ou un déshonneur.

A mesure qu'approchait le moment de l'épreuve pour l'abbé d'Astros, la Providence lui enlevait tous les soutiens, afin que sa fermeté fût plus glorieuse quand elle ne pourrait s'appuyer qu'à Dieu. Le 25 août 1807,

M. Portalis, ministre des cultes, comte de l'Empire, et grand aigle de la Légion d'Honneur, mourut, suivant les uns d'une opération de la cataracte, suivant les autres d'une fièvre pernicieuse. Ses contemporains, juges mieux informés du bien qu'il fit et des difficultés qu'il rencontra, lui rendirent une justice que nous lui refusons souvent. Tous les gens de bien regardèrent sa perte comme un deuil pour l'Eglise plus encore que pour l'Etat. Quand M. Delalande curé de Saint-Thomasd'Aquin, remit son corps aux chanoines de la basilique de Notre-Dame, sur les portes du Panthéon, il rendit de l'illustre défunt ce témoignage mémorable : '

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1

« Avec quelle constante application M. Portalis n'a>> t-il pas rempli les devoirs dont il était si bien pénétré ! Quels exemples de piété n'offrit-il pas à sa famille ! >> De quelles maximes salutaires n'a-t-il pas environné la jeunesse de ses enfants! Quel courage il a déployé >> en soutenant les droits de la justice! Avec quel noble » dévouement n'a-t-il pas défendu la cause des prêtres » malheureux et proscrits! Comme il accueillait avec » bonté toutes les demandes qui lui fournissaient l'oc»casion d'être utile! Comme il faisait des voeux pour >> le triomphe de la religion! Comme il paraissait dans » nos temples avec ce recueillement et ce respect inspirés, non pas par la bienséance de la place, mais par

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4 Une particularité remarquable, c'est que les caveaux du Panthéon, où allait reposer M. Portalis, étaient bénis par l'abbé d'Astros. C'était lui qui, comme Grand vicaire, avait inauguré l'Eglise souterraine, en 4806, pour la sépulture de M. Tronchet, Sénateur.

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