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>> l'intime conviction de la foi. Nous connaissions plus particulièrement ses sentiments, nous, son pasteur, qu'il honorait de son amitié, et nous pouvons dire que » tout ce qui est juste, honnête, religieux et chrétien, » se trouvait dans son cœur. Si la rapidité du coup qui » l'a frappé a ajouté encore à la douleur de sa perte, » nous avons du moins la consolation de penser qu'il » n'a point été privé des secours de la religion, qu'il >> avait ardemment désirés '. »

Voilà comment parlait son propre curé, de ce Ministre que nous plaçons quelquefois imprudemment à côté de Dupuy et de Pithou. Ceux-ci défendaient des propositions schismatiques, hérétiques et impies 2; celui-là a contresigné quelques actes fâcheux, pour ne pas faire à la religion plus de mal par son refus que par son adhésion. Les premiers étaient parlementaires révoltés et querelleurs; le second était un catholique soumis, mais trop conciliant. Le principe de nos erreurs sur son œuvre, c'est que nous la jugeons d'après les idées et les facilités de notre temps. Mais si nous le plaçons entre l'absolutisme de Napoléon d'un côté, et l'athéisme révolutionnaire de l'autre, à une époque où toutes les influences politiques lui étaient opposées, où il fallait cacher le Cardinal légat et sa croix dans des voitures pour ne point prêter à rire, et faire marcher les généraux au Te Deum de Notre-Dame par force,

4 Voyez son Discours, Mémorial de l'Eglise gallicane, 31 août 1807. 2 Condamnation prononcée par vingt-deux Evêques de France reunis à Paris, en 1639.

comme des écoliers mutins, on comprendra que M. Portalis a été plus violenté que coupable, et qu'il doit être plaint plutôt que blâmé. Du reste, si on s'obstine à le blâmer quand même, ce ne doit être qu'avec reconnaissance, car ses fautes ont été heureuses dans ce sens, qu'en le maintenant au pouvoir, elles nous ont préservé d'un autre ministre, en des temps où il n'était pas un seul homme capable de faire moins de mal que lui. Quoique M. Portalis et l'abbé d'Astros aient eu souvent des opinions contraires, naturellement l'esprit établit entre ces deux noms une certaine solidarité. Voilà pourquoi la vérité sur l'oncle n'est pas un hors d'œuvre dans la vie du neveu, et la justification du premier nous semble rejaillir sur le second.

Il n'y avait pas un an que M. Portalis était mort quand le vénérable cardinal de Belloy le suivit, à l'âge de quatre-vingt-seize ans. Ce trépas ôtait un appui à l'abbé d'Astros et lui créait une situation périlleuse. Du second plan il passait au premier dans des temps exceptionnellement difficiles. Nommé, en eflet, Vicaire capitulaire, il reçut dans ses mains la succession provisoire du saint Cardinal, et, avant de la remettre à un successeur définitif, il y avait pour lui obligation d'examiner ses titres. Ce pénible devoir exigeait de l'habileté : l'abbé d'Astros avait mieux, il avait du courage; et dédaignant de sortir d'embarras en diplomate comme les hommes vulgaires, il en sortit en confesseur.

Avant que se levât contre lui la persécution, un bel acte de son administration capitulaire vint déjà provoquer la colère de son persécuteur. C'était l'usage,

à cette époque, de demander des Te Deum après toutes les victoires remportées. Napoléon ne laissait pas aux chantres de nos églises le temps de respirer. Tant que ces faits d'armes furent glorieux à la patrie, l'abbé d'Astros s'y associa avec tout l'enthousiasme naturel à notre caractère national. Mais un jour la Maison de Bragance fut chassée du trône par l'Empereur, et la conquête de l'Espagne déloyalement consommée. Après les journées d'Espinosa, de Burgos, de Tudéla et de SomoSierra, Napoléon entré enfin à Madrid, se retourna vers la France, et requit, suivant son habitude, des actions de grâces au ciel pour une injustice dans laquelle le ciel ne voulait être pour rien. Jamais le róle passif que la prudence fait à l'Eglise en présence des questions temporelles, n'est douloureux comme en de telles conjonctures. L'abbé d'Astros le sentit profondément. Aussi, en qualité de Vicaire capitulaire, obligé de faire le mandement pour prescrire les prières, il obéit ; mais en sauvegardant la dignité de son ministère, par des admonestations auxquelles le despotisme de ces temps n'était pas accoutumé.

<< En bénissant Dieu, Nos très-chers Frères, disait » le mandement, de la protection constante dont il fa» vorise nos armes, vous le supplierez de nous accorder » un autre bienfait après lequel nous soupirons depuis » longtemps. Nous avons assez vu d'exploits admira»bles; nous avons assez entendu raconter d'étonnants » triomphes. Demandons au Seigneur qu'il nous rende » la paix, source de tous les biens. Qu'il donne à notre » Souverain le repos nécessaire pour s'occuper tout en

»lier du bonheur de ses peuples, pour en régénérer les » mœurs, pour réprimer le crime par de sages lois, » pour achever et consolider le magnifique ouvrage du » rétablissement de la religion, et pour fournir ainsi » une carrière plus glorieuse et plus digne encore d'une » âme élevée, que la carrière des exploits guerriers1. »

C'étaient là des paroles peu significatives en ellesmêmes, mais comme il ne s'en imprimait pas sous le règne de Napoléon. Si la leçon était voilée, l'intention était évidente. L'Empereur connut le mandement du jeune Grand vicaire et en fut courroucé; dans plusieurs circonstances il le laissa paraître devant ses familiers. Un orage était donc amassé dans son âme contre l'abbé d'Astros, il ne fallait qu'une occasion pour le faire éclater; ses démêlés avec le Souverain Pontife vinrent la lui fournir.

4 Mandements de Paris, 1808.

CHAPITRE IX.

DÉMÊLÉS DE L'ABBÉ D'ASTROS AVEC NAPOLÉON.

HISTORIQUE DE LA QUESTION.

Guerre de Napoléon contre le Pape. Son caractère particulier. — Sa cause véritable. Contradictions de Napoléon sur ce point. Invasion des Etats Romains. - Tyrannie du gouvernement français. — Le Pape fait bien de défendre sa souveraineté temporelle. — Il fait bien de la défendre par les armes spirituelles. Excommunication. Refus d'institution aux Evêques nommés par l'Empereur.

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Celui-ci tâche de l'éluder par les administrations capitulaires. Cette mesure n'était pas canonique. - Le cardinal Fesch est promu à l'archevêché de Paris dans ces conditions. Il accepte, puis se démet. Le cardinal Maury le remplace et soutient la lutte. L'abbé d'Astros champion du souverain Pontife, contre le Cardinal champion de l'Empereur.

Tempore illo vinea erat Naboth Jezrahelitæ... Locutus est ergo Achab ad Naboth, dicens: Da mihi vineam tuam, ut faciam mihi hortum... Cui respondit Naboth: Propitius sit mihi Dominus, ne dem hæreditatem patrum meorum tibi.

III. Reg. xxI. 1. 2. 3.

La guerre au Souverain Pontife est le souvenir le plus accusateur de l'histoire contre Napoléon. Sans doute il a commis d'autres fautes; mais quand il s'en prenait à des peuples qui avaient des armées pour se défendre, non à des prêtres qui n'avaient que leur conscience, les fautes tachaient sa gloire sans le rapetisser. Dans notre chevaleresque pays, en effet, par cela seul qu'une querelle est mise à la pointe de l'épée, le préjugé la traite avec respect; et pourvu qu'un pouvoir sache monter à cheval pour soutenir ses injustices, intéresser notre

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