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à la fois par les assauts qu'il livra et par les traitements qu'il eut à souffrir. Comme d'autres, dont le catholicisme fut plus accommodant, lui reprochèrent de faire du zèle quand il ne faisait que son devoir, il est bon de montrer que ce qui fut aveugle, en ces circonstances, ce ne fut pas l'héroïsme de son zèle, mais la passion de ses accusateurs. Au moment de raconter cette résistance de l'abbé d'Astros, nous croyons nécessaire, pour la mieux justifier, de publier son opinion motivée sur le débat qui la provoqua.

CHAPITRE X.

OPINION MOTIVÉE DE L'ABBÉ D'ASTROS SUR LA QUESTION.

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Abus de notre droit coutumier.-L'abbé d'Astros les réprouve.- Lois de l'Eglise contre les administrateurs capitulaires. Le Cardinal prétend qu'elles ne sont pas reçues en France. — Réponse de l'abbé d'Astros. Le Cardinal prétend que l'usage contraire a prévalu. — Réponse de l'abbé d'Astros.-Les actes de l'Administrateur capitulaire étaient nuls. - Trois décisions de Rome à l'appui. La plus explicite est provoquée par l'abbé d'Astros. - Chicanes du cardinal Maury pour les éluder. — Motifs tirés des circonstances qui encourageaient l'abbé d'Astros dans la résistance. — Citation curieuse de son mémoire manuscrit.

Tales sunt cogitationes ejus.

Mich. II. 7.

PEU de mots, dans notre langue, ont un sens aussi indéterminé que le mot gallicanisme. Comme il exprime tantôt des erreurs, tantôt une opinion, nous n'osons pas le prononcer avec défaveur, sans craindre de manquer de respect à des hommes pour qui nous en avons beaucoup. Ce serait d'autant plus coupable que, passionner ainsi le récit d'une vie où nous trouvons, avec des idées si inflexibles, une modération si remarquable, serait une inconvenance et un contre-sens. Que l'on nous pardonne donc, si nos réflexions sur le gallicanisme ont quelquefois l'air d'un anathème. C'est une preuve qu'elles s'appliquent au gallicanisme de Napoléon, non à celui de Bossuet. Que l'on nous pardonne même d'en avoir employé le mot; il est certain que présentant des limites

douteuses et quelque chose d'insaisissable comme les fantômes, comme eux cette expression porte à l'imagination, et provoque des antagonismes ardents qui s'échaufferaient moins s'ils se comprenaient mieux. Aussi, nous n'aimons pas à nous en servir. Mais le moyen de ne pas dire le mot, alors que les controverses contemporaines ramènent éternellement la chose! A cette époque, c'était la mode de mettre du gallicanisme partout et à propos de tout. Que le lecteur ne nous accuse donc pas, en trouvant souvent sous notre plume, un mot que l'histoire y place malgré nous. Il n'est pas possible, en effet, de traverser les quatre dernières années de l'Empire, sans être incessamment assourdi de deux bruits qui semblent se répondre du champ de bataille aux administrations et des administrations aux champs de bataille: celui du canon et celui des libertés gallicanes.

Les libertés gallicanes ne sont pas seulement les quatre articles de 1682. Nous n'avons rien à dire contre celles-là. Humble prêtre dans l'Eglise de Dieu, il ne nous appartient pas de condamner ce que Rome ne condamne pas, même quand nous le désapprouvons. Mais, pour beaucoup d'esprits, les libertés gallicanes c'est un recueil de maximes et de coutumes nationales, d'après lequel, en presque toute circonstance donnée, les catholiques de notre pays ont le privilége de faire autrement que le reste de la catholicité, sans que Rome le puisse trouver déplacé. Cet abus a jeté dans notre Droit ecclésiastique une immense confusion. Pascal s'écriait avec ironie: Vérité en deçà, erreur au delà des Pyrénées! De même, en parcourant nos déci

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sions canoniques, on trouve à chaque pas permis en France, prohibé hors de France; rejeté en France, accepté hors de France de telle sorte que partout ce sont des principes sans fermeté, des faits qui se contredisent, et des auteurs qui ne s'entendent pas. Ce qu'il y a de plus déplorable, c'est que dans ce chaos perpétuel, aucun de ceux qui défendent notre Droit exceptionnel, n'assigne de règle sûre pour discerner parmi les usages que nous alléguons, ceux qui sont légitimes et ceux qui ne le sont pas; parmi les priviléges que nous revendiquons, ceux qui sont permis et ceux qui ne le sont pas; enfin, dans le gallicanisme que nous soutenons, la limite où finit celui des canonistes-théologiens, comme Ducasse, Gibert, etc., et où commence celui des canonistes-avocats, comme Dupuy et Pythou. Certes, sans manquer de convenance vis-à-vis d'aucune opinion, il est bien permis de dire que c'est là un grand malheur. Qu'a produit, en effet, cette jurisprudence particulière sous laquelle nous avons la prétention de vivre ? Elle a produit, en premier lieu, une discordance fâcheuse quand il n'y a aucune raison pour changer, quand il y en a même beaucoup pour ne le faire pas, à quoi bon briser cette unité catholique toujours si utile, dans le seul but de satisfaire un des amours-propres les moins pardonnables que je connaisse, celui de la singularité? Elle a produit, en second lieu, un mauvais exemple: si chaque peuple se mettait à recueillir, dans l'histoire de son Droit ecclésiastique, tout ce qui s'y est glissé d'anormal et d'exceptionnel, avec ou sans l'autorisation de Rome, pour de bonnes ou de mauvaises

raisons, il n'en est pas un qui ne pût bâtir son Code de libertés particulières. S'ils le voulaient, de quel droit leur refuserions-nous une permission que nous avons prise? Et s'ils le faisaient, au milieu de tant de nations occupées à s'émanciper de son autorité, à quoi se réduirait la suprématie du Souverain Pontife? Enfin elle a produit un grand danger : c'est pénible à dire, mais c'est d'une évidente vérité, notre catalogue de franchises gallicanes fut rédigé dans un esprit de défiance à l'égard des papes, et de complaisance pour les rois ; aussi, ce qui était liberté vis-à-vis de Rome, devint-il servitude vis-à-vis de l'Etat. Qu'est-il résulté de là? Que les hardiesses de notre théologie canonique ont fourni des armes à un pouvoir souvent ennemi, ont enseigné aux despotes persécuteurs comment on peut opprimer ou débaucher les consciences catholiques avec des apparences d'orthodoxie, et offrent, pour les mauvais jours, aux tyrans des moyens de séduction, à la faiblesse des prétextes, et au courage même de cruelles incertitudes'.

Ainsi en parlait l'abbé d'Astros, qui avait pu constater, comme témoin et comme victime, la fatale influence qu'il leur prêtait. C'est dire que lorsque Napoléon voulut faire accepter l'administration des Evêques nommés, sur l'autorité de ce gallicanisme suspect qui torture les faits isolés pour en extraire des lois générales, l'abbé d'Astros ne fut ni sa dupe ni son complice. Dans toute la suite de cette discussion, en effet, il a combattu pour la jurisprudence vraiment catholique

4 Du pouvoir des Evêques nommés par M. l'abbé d'Astros, p. 10

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