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marquable que j'ai ouï raconter, avec des circons>> tances qui ne me permettent pas d'en douter. Il sera » probablement consigné quelqu'autre part, et la réu»> nion des divers témoignages pourra le rendre incon» testable pour la postérité. Bonaparte montrant à > Fontanes une bague, lui dit : Comment trouvez-vous cette bague? elle a quelque chose de remarquable. » Fontanes dit tout ce qu'il put à l'éloge de la bague, » mais ne devina jamais ce qu'il y fallait remarquer. » Cette bague représentait l'Empereur Auguste, avec » une inscription qui lui donnait de plus la qualité de » Souverain Pontife, Summus Pontifex. Voilà un pouvoir, dit Bonaparte à Fontanes, qu'Auguste avait » et que je n'ai pas !!

» L'arrestation du Souverain Pontife, l'ordre aux évêques nommés d'administrer les diocèses sans » avoir reçu les bulles d'institution, les constructions >> faites au palais archiepiscopal de Paris et aux envi»rons, pour en faire le palais du Pape, l'ordre positif » donné au cardinal Maury, et que celui-ci éluda, de » ne plus administrer en vertu du pouvoir qui lui avait » été conféré par le Chapitre, mais en vertu de sa no>mination seulement, ne permirent plus de douter que » le dessein de Bonaparte ne fût de s'emparer de l'au»torité spirituelle: non pas d'abord en principe, mais » de fait. Il voulait avoir le Pape résidant à Paris. » C'est un point incontestable, puisqu'il lui a signifié » sur ce point sa volonté. Bien entendu, et il faudrait » admirer la simplicité de ceux qui en douteraient, > bien entendu qu'une fois résidant à Paris, il ne gou

>> vernerait l'Eglise universelle que d'après les volontés » de Bonaparte, devenu de fait souverain pontife, » comme il était déjà empereur.

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>> En attendant que Pie VII, cédant à ses volontés, >> vînt habiter l'archevêché de Paris, Bonaparte aurait possédé tout pouvoir sur le spirituel, au moins des Eglises de France, si les Evêques nommés eussent gouverné leurs diocèses en vertu de leur seule nomi>> nation; ce qui eût été un schisme manifeste, mais >> auquel on serait arrivé de la manière la moins sen>>sible qu'on pût imaginer.

>> Je ne crois nullement avoir besoin de prouver au» jourd'hui que telle était l'intention de Bonaparte; car >> il suffirait de rapporter ici ce que le cardinal Maury >> nous raconta lui-même en plein Conseil.

» M. le Cardinal, lui dit Bonaparte, en présence » de Fouché, et, je crois, de Savary, il faudra laisser » de côté votre titre d'administrateur capitulaire. Je >> vous ai nommé Archevêque de Paris, il faut en » prendre le titre. Sire, répondit le Cardinal, sous >> le titre d'administrateur capitulaire j'ai tout pouvoir; » si je prends celui d'archevêque, je n'en aurai plus » aucun. Bonaparte n'a pas insisté, nous dit le Car>> dinal nous racontant le fait, mais il n'en restera » pas là.

>> J'étais donc fortement persuadé, je le suis encore pleinement, que le devoir de quiconque avait alors >> part à l'administration des églises, était de ne coopé>> rer en rien aux usurpations que les Evêques nommés >> pouvaient faire, et notamment à tous les actes par

lesquels ils agiraient, comme le peuvent faire les seuls » Evêques canoniquement institués '. »

Etait-ce assez de raisons pour entrer en lice ? N'étaitil point passé le temps du silence, des atermoiements et de la politique des endormeurs ? Le pouvoir spirituel allait être un simple appendice du temporel; l'Eglise était traitée comme ces royaumes conquis, à qui le monarque soldat laissait leur nom, mais à qui il imposait son code avec son joug: ce qu'il y avait à craindre, dans ces conjonctures suprêmes, n'était-ce pas de manquer de courage plutôt que d'en avoir trop ? L'abbé d'Astros le crut. Son opinion était assez désintéressée pour avoir en sa faveur la présomption, supposé qu'elle n'eût pas eu l'évidence. Quoique désavoué par beaucoup de frères abusés, il marcha donc résolument contre un potentat qui faisait reculer l'Europe et la force et la raison unies dans les motifs de sa résistance, brillèrent encore dans le mode qu'il lui donna.

4 Mém. manusc.

CHAPITRE XI.

SES LUTTES.

Espérances que sacrifie l'abbé d'Astros. Comment il accueille le cardinal Fesch. Il l'invite à pontifier le jour de l'anniversaire du Son discours d'invitation irrite Napoléon et fait décréter

sacre.

son exil.

- Le cardinal Fesch demande la démission de tous les Vicaires capitulaires. - L'abbé d'Astros la refuse. Le cardinal Fesch se démet lui-même. Le cardinal Maury est nommé et reçu avec moins de confiance. — L'abbé d'Astros combat ses empiétements. — Parallèle des deux champions. Le bref au cardinal Maury fait soupçonner des relations entre l'abbé d'Astros et Savone. Le bref à l'archidiacre de Florence confirme ces soupçons. Le bref au jeune Grand vicaire achève de le compromettre. - Colère de Napoléon. Entrevue du 1er janvier 1844. — Récit de l'abbé d'Astros. — Réflexions sur ce récit.

Glorificavit illum in conspectu regum.

Eccli. XLV. 3.

IL est temps de quitter la discussion et de rentrer dans l'histoire. Au moment où nous avons laissé l'abbé d'Astros, Napoléon était déjà irrité contre lui. En qualité de Vicaire capitulaire, il avait cru devoir faire tomber du siége de Paris, une protestation à la façon des Evêques primitifs contre les abus de la force. Le maître ne le lui avait point pardonné. Cet acte était d'autant plus méritoire, qu'en osant se le permettre, nonseulement l'abbé d'Astros courait des dangers, mais il sacrifiait des espérances. N'ayant pas eu encore de responsabilité directe à porter, malgré l'indépendance de son caractère, il était alors en faveur. Il n'est pas

inutile de savoir ce qu'il pouvait en attendre, pour mieux juger la grandeur de son âme et assister plus respectueusement aux combats qui vont s'ouvrir un coup d'oeil rétrospectif nous l'apprendra.

Le 15 août 1807, on célébrait avec la solennité ordinaire la fête de l'Empereur. Ce jour-là, il étai d'usage de prononcer un discours de circonstance dans la cathédrale de Paris. Personne n'ayant voulu accepter cette mission périlleuse, le premier Grand vicaire fut obligé de s'en charger. Il prit pour sujet : le rétablissement de la religion. Ce thème lui permettait de donner au restaurateur du culte quelques éloges mérités. sans abaisser son ministère. L'Empereur, d'ailleurs, par de prochains décrets en faveur des séminaires et des congrégations religieuses, allait étendre les bienfaits et atténuer les défauts du Concordat. Cette perspective donnait à la religion un instant de bonheur, qui se réfléchit dans la parole de l'abbé d'Astros, et qui le fit s'y relâcher un peu de sa rigidité ordinaire. Par un hasard inspiré, Napoléon qui ne devait pas entendre le discours, demanda à le voir, « parce que jusqu'alors, » disait-il, on n'avait rien préché qui vaille. Le discours lui fut présenté par M. Portalis; l'Empereur déclara qu'il en était content. L'abbé d'Astros ajoutait dans une lettre « Ce qui m'a fait plaisir, c'est que » ma mémoire a été très-fidèle, précisément parce que » je n'avais pas fatigué mon esprit pour apprendre; et je me suis trouvé en chaire aussi à mon aise que

1 Lett. à sa fam. 14 juillet 4807.

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