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les enseignements paternels de M d'Astros; ce sera une erreur. Ms d'Astros a passé pour très-gallican et ne l'a été que très-peu. Le plus beau souvenir de sa vie est une lutte glorieuse pour les prérogatives du Souverain Pontife. Il aimait quelques usages de notre pays, mais il en combattait les principes. Souvent il a répété que si on faisait passer dans les rangs de l'épiscopat une déclaration contraire à celle de Bossuet, il en signerait les trois derniers articles quand on voudrait. Après ses écrits sur la liturgie nationale, quoique le fonds fût une concession aux doctrines romaines, il n'eut pas de repos jusqu'à ce qu'une parole amie, tombant de la bouche de Grégoire XVI, lui eut assuré qu'il n'avait point déplu. Enfin, si l'on professait devant lui des opinions anti-gallicanes, avec cette charitable modération qui n'excommunie pas les adversaires, on comprenait que le saint Prélat sympathisait avec elles par sa foi autant que par sa raison, et que la déférence pour le Saint Siége n'était pas en lui un sentiment ordinaire, mais une tendre dévotion.

Il nous a semblé que ces aperçus étaient justifiés par la persécution que nous venons d'ébaucher, vraie saturnale de gallicanisme, qu'on nous passe le mot.

Après cela, il faut en convenir en finissant, chacune des deux opinions a eu des torts dans les formes, sur lesquels on ne doit pas juger le fond. La nôtre est coupable de quelques exagérations; mais si l'on compulse les dossiers des parlements, des ministères et du concile de l'empire, on verra que sa rivale n'a pas le droit de les lui reprocher. La nôtre a des prétentions trop exclusives à l'orthodoxie, l'autre en a de fort

étranges au monopole de la prudence et des saines traditions. Enfin, si la première anathématise aisément ses adversaires comme des schismatiques, la seconde flétrirait volontiers les siens comme des étourdis dangereux. Ainsi l'homme abuse de tout ce qu'il touche, et mêle inévitablement à ses idées quelque chose de ses passions. Reconnaissons-le néanmoins, le gallicanisme ne peut revendiquer en faveur de ses excès les avantages de cette conclusion; car lui est une opinion dangereuse par nature, tandis que d'autres ne le sont que par accident.

Maintenant, comme la charité est le signe certain de la vérité, semblable à ces champions qui, avant de quitter le terrain, embrassent leurs adversaires, nous demandons aux nôtres la permission de leur donner le baiser de paix avant de clore ce chapitre. Quoique fermes du côté de la volonté, en écrivant ces lignes, leur souvenir nous a causé souvent des défaillances dans le cœur. Fermes du côté de la volonté, nous devions l'être comme on l'est quand on parle en conscience et devant Dieu. Des défaillances dans le cœur, nous en devions avoir, parce qu'ordinairement on combat des ennemis, tandis que nous combattions des frères. Aussi, sans demander pardon pour aucune de nos assertions, nous sentons le besoin d'en demander pour la peine qu'elles pourraient leur faire. Ce qui prouve le mieux l'irrésistible empire de notre conviction, c'est qu'avec tant de respect pour eux, elle nous donne la force de penser autrement.

Il est mis au secret.

CHAPITRE XIII.

SA CAPTIVITÉ.

Ses premières inquiétudes.

Régime qu'on lui impose.

Sa cellule.

Sa force chré-
Expulsion du

tienne. concierge. Son serin. Persécutions à cause de lui. - Madame de Soyecourt. — Ses amis de Provence. — Voyage de son frère et de sa sœur. — Privation de secours religieux. Il sort du secret. — Pieuses dames de Paris. Ses occupations en prison. Il prévoit les catastrophes prochaines. Il n'est pas délivré aux approches de l'invasion. Sa translation de Vincennes à Angers. - Abdication de Napoléon. Délivrance de l'abbé d'Astros. Rapprochement instructif.

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Ego Paulus vinctus Christi.
Ephes. III. 1.

Ex entrant dans le donjon de Vincennes, l'abbé d'Astros fut mis au secret. Il passa un an moins quelques jours dans ce silence absolu qui fait de la prison un véritable tombeau. Ceux qui ont subi la même épreuve racontent des choses étranges sur les impressions d'un prévenu arraché tout à coup aux douceurs de la famille, pour être enterré vivant dans un cachot, où il ne voit derrière lui que des affections brisées, et devant lui que d'effrayantes perspectives. Au fond de cette solitude l'esprit s'exalte devant les incertitudes de l'avenir; à force de discuter des chances, il se fixe sur les plus mauvaises, et le tourment des hypothèses y devient une peine supérieure, quelquefois, à toutes les sanctions de la loi.

Quelles hypothèses douloureuses n'avait pas raison de se faire l'abbé d'Astros! De prime abord, il a cru que la colère de Napoléon était un artifice; Vincennes en prouvait trop la sincérité. Où va-t-elle s'arrêter? Sa cor

respondance et son interrogatoire ont éventé certaines de ses relations que l'on s'obstine à regarder comme un complot; n'y a-t-il pas d'autres victimes à cause de lui? La vérité pour laquelle il porte des fers est controversée par les faibles et par les ennemis; sans doute il est présenté à l'opinion comme un entêté, non comme le martyr d'une cause sainte. Dans la Provence il a une famille déjà bien effrayée de son emprisonnement; qui sait si, pendant cette année, où il n'en aura pas de nouvelles, lui qui n'avait jamais été qu'une consolation pour elle, ne va pas lui porter malheur ! Les lieux et les personnes parlent en même temps à son imagination. Quand du haut de sa tour il regarde vers le bois du chàteau, il aperçoit une place que l'histoire a marquée d'une indélébile tache de sang. Là, il y a quelques années à peine, un autre captif de la même prison descendait, pendant la nuit, pour tomber criblé de coups. Ce captif était le neveu d'une princesse dont l'abbé d'Astros devait être bientôt l'ami et le père; il se nommait le Duc d'Enghien. Pour celui-ci, c'était Napoléon qui jugeait et Savary qui exécutait : pour l'abbé d'Astros, c'était le même juge et le même exécuteur. Sans doute, l'ambition de Napoléon était plus intéressée dans le premier crime; sa vengeance l'était beaucoup dans le second. La première victime était défendue par son illustration; la seconde ne l'était que par son droit. En un mot, de quelque côté que se tournât le saint Confesseur, il ne voyait que des probabilités effrayantes; et ces perspectives, fixement envisagées, ne pouvaient que changer son imagination en un impitoyable bourreau.

Heureusement l'imagination n'eut point de prise sur la vigoureuse raison du jeune captif. Pour la dominer, il avait mieux que l'énergie de sa nature; il avait cette foi vive que rien ne déconcerte, parce qu'elle voit Dieu à ses côtés. Maître de lui-même dans des circonstances où la prostration s'empare de tous les esprits, il ne perdit donc pas une seule journée à supputer des craintes ni des espérances il disposa aussitôt sa vie, suivant cet ordre recommandé par l'Apôtre, qui fait de toutes les actions un acte d'obéissance au Seigneur au lieu d'un mouvement capricieux. Dans ce règlement, toutes ses occupations étaient prévues, et chaque minute avait un emploi fixé en présence de Dien, Fidèle par conscience au régime que sa conscience avait imaginé, la cellule lui devint tout un monde où il se donnait des heures pour la réflexion, des heures pour la récréation, des heures pour penser à soi, des heures pour penser au dehors, des heures même pour se promener. La plus grande partie de son temps était absorbée par l'oraison. Dieu le voyant persécuté à cause de lui, descendit dans sa prison et anima sa solitude. Ces visites mystérieuses y durent jeter un reflet bienheureux, car il a souvent déclaré, avec son héroïsme sans emphase, que ce temps était le plus beau de sa vie.

Cependant, si la Providence était douce à son égard, Napoléon était sans pitié. Le jeune prêtre fut isolé à la fois du commerce des morts et de celui des vivants. Les auteurs les plus saints furent arrêtés, comme des suspects, à la porte de son cachot. Les livres, qui étaient pour lui des amis si nécessaires, comptèrent parmi les objets prohibés de sa demeure. Lui, qui ne savait travailler, ni même

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