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ditaires et une influence bien méritée. Plusieurs de ses ancêtres avaient rempli les fonctions de Viguier : pour le Languedoc et la Provence, elles répondaient à celles de Prévôt royal dans le Nord. D'autres avaient porté le titre de Consul, qui, selon l'ancienne organisation française, désignait des attributions honorables, soit à la tête des offices municipaux, soit à la tête de la juridiction commerciale d'un pays.

Conformément à l'usage presque général de cette époque, MT d'Astros reçut le sacrement de confirmation à l'âge de trois ans. Il lui fut administré par Mr de Belloy, alors évêque de Marseille, nommé archevêque de Paris après le concordat. Coïncidence bien remarquable! Qui aurait dit qu'un jour, ce même prélat et ce même enfant se retrouveraient à la tête de la première église de France, l'un comme pontife, l'autre comme son premier conseiller? Sans doute, si Mr de Belloy avait pénétré l'avenir, il eût béni le dessein providentiel qui se servait de lui, pour verser dans cette jeune âme une force destinée à soutenir son épiscopat chargé d'années, et à défendre l'honneur de son siége menacé.

Le peu que Ms d'Astros ait révélé de ses premiers ans nous a prouvé, à son insu, que le bon sens fut en lui prématuré. Ses plus lointains souvenirs s'arrêtaient à une petite scène de famille pleine d'un charme patriarcal. A cette époque sa mère était une jeune femme qui unissait à beaucoup d'intelligence une pieuse naïveté. Quoique déjà chargée d'enfants, encore enfant elle-même, elle aimait les histoires dramatiques et en demandait à

son époux pour abréger la longueur des soirées : alors le père contait, la mère et les enfants écoutaient; auprès, une bonne, attentive sans le paraître, pour avoir le droit d'entendre, faisait semblant de s'occuper. Quand le récit était terminé, quoiqu'il bégayât à peine, car il n'était que le sixième, c'était toujours Paul qui prenait la parole pour le commenter. Ses réflexions étaient si justes et parfois si piquantes qu'elles provoquaient tour à tour le rire et l'étonnement. Ce qui faisait dire à la bonne fière de son élève, dans un idiome dont nous ne rendrons pas la gracieuse accentuation : « Décidément il » n'y a plus d'enfants aujourd'hui. »

Secondée par les influences d'une sainte famille, et par les tendances d'un cœur naturellement porté vers Dieu, la piété du jeune Paul se développa rapidement comme son esprit. De bonne heure il aima la prière et les cérémonies religieuses. Il avait à peine l'âge de raison que déjà, réglé dans ses désirs, vrai dans ses paroles, sérieux dans ses goûts, angélique dans tous ses instincts, il était l'orgueil de sa mère et le modèle de ses aînés. A voir ses affections, il était aisé de pressentir sa vocation. Il penchait trop du côté du sanctuaire pour ne s'y pas fixer un jour. En conséquence, ses parents ne crurent pas témérairement présumer de la volonté de Dieu en le faisant entrer dans l'état ecclésiastique.

Suivant l'usage de ces temps, il reçut la tonsure presqu'aussitôt que les règles canoniques permettent de la conférer, à l'âge de huit ans. Outre ses dispositions bien marquées, les intérêts de famille ne furent pas étrangers à ce précoce enrôlement. Par là, le jeune tonsuré deve

nait titulaire d'un petit bénéfice qui dotait son enfance cléricale. Ce bénéfice à patronage laïque comme disait le Droit, avait été fondé par une cousine de sa mère, pour être donné, avec l'assentiment de l'ordinaire, à un de ses descendants ou collatéraux qui embrasserait le service des autels. Le plus proche parent qui remplissait la condition était Paul d'Astros: le collateur qui avait hérité des charges et des priviléges de la fondatrice, en épousant sa fille, était le magistrat Duranti de la Calade, président de la cour des aides à Aix. A peine l'intéressant enfant porta-t-il sa couronne de lévite, que le consciencieux patron s'acquitta de ses obligations. Ainsi, presque avant de savoir ce que c'était qu'un benéfice il était bénéficier, et, dès le bas âge, l'Eglise se fait sa mère nourricière comme pour mieux se l'approprier.

Il fut tonsuré à Aix, par Mar de Boisgelin, alors archevêque de cette ville, plus tard rédacteur d'une célèbre Exposition de principes1 contre la Constitution civile du clergé, et Archevêque de Tours. On le conduisit à l'Archevêché en chaise à porteurs. Il était encore si ingénu, si délicat et de si petite taille, qu'à son aspect le savant prélat s'écria, avec une ironie qu'il ne croyait pas devoir être prophétique : « Je vous salue, Monseigneur.»>

Si jeune qu'il fût, il comprit bien néanmoins, que, sans lui conférer un ordre, cette cérémonie religieuse mettait une barrière de convenance entre lui et le monde. Il en était si pénétré, qu'au retour de l'Archevêché, sa sœur

4 Elle fut signée par les Evêques de l'Assemblée constituante et rédigée par Mer de Boisgelin.

voulant lui toucher la main, il lui dit avec un sérieux auquel ses huit ans donnaient de l'amabilité : « Retirez>> vous, je suis maintenant consacré à Dieu. »

Sans doute cette consécration dut frapper son esprit et lui laisser l'idée d'un engagement contracté, car depuis, le nouveau clerc vécut, non-seulement dans l'innocence, mais dans une véritable ferveur. Il prit les obligations attachées à son bénéfice avec une maturité bien au-dessus de son âge, et s'en acquitta, malgré la mobilité des jeunes années, avec cette exactitude sans inconstance qu'il apporta toujours à l'accomplissement du devoir. Le jour de ses promesses cléricales, on lui expliqua que les bénéfices n'étaient pas un bien-être créé aux enfants du sanctuaire pour les dispenser du travail, mais pour leur donner le temps de la prière. Comme s'il eût compris la beauté de cet ordre de choses qui envoyait une partie de la société aux pieds de Dieu pour s'intéresser en faveur de l'autre, afin que l'oraison d'un peuple fût ininterrompue comme ses crimes, il s'en fit à huit ans l'esclave respectueux. Une fois député aux nobles fonctions de la prière publique, jamais il n'omit le petit Office de la sainte Vierge que la tonsure lui imposait. Sa fidélité sur ce point était si connue, que les compagnons de son âge ne le conviaient point à un amusement sans ajouter : « si vous avez récité votre office. » Souvent ils lui proposaient de le psalmodier avec lui pour avoir le droit de l'attirer à leurs innocentes récréations.

La réception de la tonsure ne lui donna pas sculement plus d'application aux choses de Dieu, mais aussi une grande ardeur pour le travail. Il fit ses études élé

mentaires dans sa famille. Aux premières leçons il révéla un désir peu ordinaire d'apprendre et une aptitude proportionnée à ce désir. Pour faire de rapides progrès il avait mieux qu'un esprit bien ouvert, il avait un de ces caractères forts que les difficultés ne peuvent rebuter, que l'habitude ne fatigue pas, et qui, façonnés par les mains de la religion, deviennent éminemment propres aux grands travaux comme aux grandes vertus.

Ainsi commença par l'innocence de Louis de Gonzague cette sainteté qui devait finir par la perfection austère de Charles Borromée. Ainsi s'ouvrit cette laborieuse carrière dont l'application devait tant multiplier les forces, et former dans les exemples de Ms d'Astros un trait aussi désespérant pour l'imitation que sa vertu.

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