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il émit sur la grandeur prochaine de Bonaparte des pressentiments qui semblaient chimériques à ses auditeurs: quelques jours après, l'événement en fit des prophéties. Sans coup férir, le populaire vainqueur avait abattu la Constitution de l'an III, et dissipé comme une tourbe d'écoliers peureux, ce Directoire deux fois maudit, parce qu'il était né de la Convention et parce qu'il la continuait. Enfin, à la place de plusieurs centaines de tyrans, la France avait un maître. A cette nouvelle, nos ennemis tremblèrent, l'Eglise respira, et l'abbé d'Astros vit commencer pour lui une ère de repos. Cette perspective ne lui fut pas tant une séduction qu'une épreuve. Heureusement bientôt des conjonctures providentielles vinrent l'arracher à cette Provence qu'il trouvait monotone depuis qu'il n'y avait pas à souffrir, et le portèrent sur une terre où la persécution allait recommencer pour lui.

CHAPITRE VII.

SES SERVICES DANS LA NÉGOCIATION DU CONCORDAT.

Il est troublé par son affection pour la famille. Il se détermine Il part pour Paris. Ses derniers conseils à son Projet de Concordat.

à la quitter. frère.

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Napoléon y persiste, malgré toutes les oppositions.-Il ouvre les négociations. Il choisit M. Portalis pour Conseiller d'État chargé des affaires concernant les cultes. M. Portalis choisit l'abbé d'Astros pour chef de son cabinet. - Son influence. Ses rapports avec l'abbé Bernier. principaux délégués de la cour romaine. Retards. l'abbé d'Astros sur le préambule du Concordat.

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- Avec les Opinion de

Sur le traite

ment du clergé. Sur les articles organiques. - Choix des nouveaux Evêques. Ses difficultés. — L'abbé d'Astros en est spécialement chargé. Il constitue pour l'assister dans cette tâche un conseil de vertueux amis. - Les tableaux qu'il dresse sont retouchés. — On y introduit douze constitutionnels. — Il fait exiger leur rétractation. Jugement sur le Concordat. · Te Deum pour la restauration du culte. Bonheur particulier que donne cette fête à l'abbé d'Astros.

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Pepigit Joiada fœdus, inter se et regem, ut esset populus Domini.

II. Par. xx. 16.

QUAND le 18 brumaire eut rendu la paix à l'Eglise, l'abbé d'Astros en ressentit, pour le bien des fidèles, plus de satisfaction qu'il n'en éprouva pour lui. La persécution avait développé dans son âme le noble besoin du sacrifice or, la vie normale et protégée que lui faisait le nouvel ordre de choses se trouvait au-dessous de sa vocation. La lutte était devenue son élément; il souffrait au repos tout le malaise d'un être déplacé. Les joies de la famille, en particulier, qui ne troublaient

point son renoncement quand il en était éloigné, lui devinrent un sujet de remords quand il leur fut rendu. Il est certain que si, à cette époque, il eût existé en France des ordres religieux, il aurait mis sous le joug cette liberté qui inquiétait sa conscience, et porté à un corps apostolique les aspirations généreuses qui le tourmentaient.

Cependant le repos qu'il craignait n'avait rien qui ressemblât aux délices de Capoue. Sans doute le général Bonaparte, devenu Consul, avait dans sa constitution morale quelque chose d'essentiellement religieux. Sans doute il laissait transpirer des intentions qui donnaient des espérances, et lui, qui aimait à combattre des ennemis capables de se défendre, n'allait pas renouveler contre des prêtres les lâches exploits de 93; mais qu'il y avait loin de là à un bien-être énervant et dangereux ! Les ministres catholiques, dispersés sur toutes les plages du monde, laissaient à leurs frères de France d'immenses vides à combler. Ceux-ci, après avoir été spoliés par l'Etat, n'en recevaient pas encore le pain de chaque jour. Au sortir des prisons et de l'exil, ils trouvaient le schisme installé dans leurs sanctuaires, qui insultait à leur foi, défigurait leur dévouement, pervertissait leurs troupeaux, et leur disputait une considération si bien méritée par l'acceptation du martyre. Enfin, à ces ouvriers si rares ou si impuissants, le débordement révolutionnaire laissait à laver des souillures qu'un demi-siècle ne devait pas effacer; et pendant que les constitutionnels jouissaient de la bienveillance de l'Etat, l'Eglise traînait, dans des temples de circonstance, une existence illégale, timide

et abreuvée de douleurs. Certes, la Constitution de l'an VIII ayant laissé les choses à ce point, n'avait pas fait du ministère en France, une vie paresseuse et bercée. Néanmoins, cette vie était une trève, et à ce titre, ne convenait plus à la vertu essentiellement militante de l'abbé d'Astros. Aussi, livré à des perplexités fatigantes, souvent dans ses notes de retraite mensuelle datées de cette époque, il revient à ces sentiments « Rien de plus consolant que de pouvoir se » dire je suis, dans ce moment, où le bon Dieu veut >> que je sois..... Me voici, Seigneur; que voulez-vous >> que je fasse ?..... Faites-moi connaitre votre adorable » volonté !..... Mon cœur est prêt, ô mon Dieu! mon » cœur est prêt. »

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Bientôt une circonstance inopinée vint mettre fin à ses incertitudes. Un jour, dans sa lecture spirituelle, il trouva cette pensée qui allait droit comme un trait à l'état de son âme : « Un prêtre entouré de sa famille >> n'est jamais que la moitié d'un homme apostolique. A l'instant ses irrésolutions cessent, et il ne souffre plus, parce que son parti est pris. Lui, son frère et ses sœurs s'aimaient comme on s'aime entre orphelins quand on a pleuré ensemble à sa tendresse naturelle, s'ajoutait quelque chose de ce sentiment maternel qu'éprouvent les instituteurs et les nourrices pour les enfants qu'ils ont élevés. Rien de plus légitime et de plus saint devant Dieu comme devant les hommes. Cependant il se défiait de son attachement comme d'une imperfection: il vit un anathème à toutes ses hésitations dans cette sentence contre les entraves de la vie de famille; et crai

gnant d'être partagé par elle au service d'un Dieu à qui il s'était donné tout entier, il résolut de s'en séparer.

Il en cherchait le moyen quand la Providence vint le lui indiquer. M. Portalis était revenu à Paris après le 18 brumaire. Là, il vivait dans une retraite studieuse où il faisait goûter à ses intimes le charme d'une vaste érudition et d'un esprit éminemment philosophique, unis à une conversation éloquente, un cœur aimant, un caractère antique, une moralité sans tache et une foi bien rare dans ces temps-là. L'abbé d'Astros crut que, sous sa tutelle, il trouverait le moyen de faire le bien avec moins de gêne et plus d'étendue que dans son pays. D'un autre côté, s'il quittait une parenté pour une autre, celle-ci, quoique chérie, n’inquiétait pas assez son cœur pour en compromettre la liberté. Il résolut donc d'échanger la terre natale où il ne se croyait prêtre qu'à demi, pour une autre où il le fût tout-à-fait : Dieu, qui voyait sa gloire intéressée dans ce dessein, le bénit, et il réussit.

la

Avant de contracter ailleurs des obligations nouvelles, l'abbé d'Astros voulut se libérer de toutes celles que famille lui imposait. Le temps était venu pour son jeune frère d'aller recueillir un enseignement supérieur dans les grandes villes, et de compléter, par la fréquentation des écoles publiques, les leçons du foyer domestique. En ce moment, le jeune prêtre éprouva le serrement de cœur, non-seulement d'un frère qui se sépare, mais d'un ainé qui tremble sur une innocence dont il est le gardien. Comme il prenait sa tutelle au sérieux, il ne se contenta pas d'un adieu ordinaire à son frère; en

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