Sayfadaki görseller
PDF
ePub

seulement la certitude rationnelle qu'elle commande, c'est aussi la répulsion qu'elle fait naître ; si elle ne produisait pas ces deux phénomènes contradictoires, l'homme étant ce qu'il est, elle ne serait pas sainte, vraie, divine. Cela est démontré, Messieurs, et je n'ai plus rien à vous dire. Je me trompe, j'ai encore à vous dire quelque chose, à vous qui, dans ce siècle et cette patrie qui sont les nôtres, avez connu et accepté la vérité, à vous qui êtes l'espérance et la couronne présente de l'Église de Dieu. O mes amis ! Dieu seul connaît vos destinées; mais, quoi qu'il arrive, premièrement et avant tout, ne vous étonnez pas; le christianisme catholique, c'est Milon de Crotone sur son disque huilé, nul ne l'y fera glisser, et nul ne l'en arrachera. Quand donc vous verrez les vents se lever, les nuées se noircir, souvenez-vous que, si votre part est de prouver la vérité de la doctrine par la fermeté de votre adhésion et de votre amour, c'est la part de vos adversaires de la prouver aussi, malgré eux, par la violence de leur répulsion; souvenez-vous que c'est la rencontre permanente de ces deux mouvements, le croisement invincible de ces deux épées sur la tête de l'Église, qui forme éternellement son arc de triomphe. Et en second lieu, ô mes amis que vos vertus soient toujours plus grandes et plus visibles que vos infortunes, afin que la postérité, qui est le premier jugement de Dieu, en vous trouvant par terre, vous y trouve comme ces soldats qui tombent la poitrine vers l'ennemi, et prouvent, tout morts qu'ils sont, qu'ils étaient dignes de vaincre, si c'était le sort du courage et du droit de l'emporter toujours!

SEIZIÈME CONFÉRENCE

DE LA PASSION DES HOMMES D'ÉTAT ET DES HOMMES DE GÉNIE CONTRE LA DOCTRINE CATHOLIQUE

MONSEIGNEUR,

MESSIEURS,

Je devrais, ce me semble, passer outre, et ne plus m'occuper de la question que je traitais devant vous dimanche dernier, puisque j'en ai tiré, en faveur de la doctrine catholique, toute la conclusion qui y était renfermée. Je désire pourtant m'y arrêter encore; car ce n'est pas un petit phénomène, que les passions de l'homme excitant à l'égard d'une doctrine cette répulsion que nous voyons dans le monde à l'égard de la doctrine catholique. Que chaque homme isolément pris, blessé dans son orgueil et blessé dans ses sens, se révolte contre le christianisme, je le conçois sans peine. Mais qu'en résultera-t-il ? des révoltes.

partielles, des protestations perdues dans le respect général de l'humanité. Le vice se cachera; il se parera même à l'extérieur des voiles de la vérité, et il laissera la société totale, comme une armée rangée en bataille, poursuivre son chemin, sans qu'elle s'inquiète des trahisons obscures qui se perdent dans la commune fidélité. De même qu'une armée n'est pas ralentie dans sa marche et ses desseins par les cœurs lâches qui battent sous le fusil et sous la poudre; de même, s'il ne s'agissait que des répulsions isolées, la société passerait, emportant toute cette fange dans ses flots, comme un fleuve roule dans les siens des sables impurs, et nous entraînant tous à l'infini dans cet océan de la vie, dont la doctrine catholique n'est ici-bas que le cours et le mouvement.

Mais il y a autre chose, Messieurs; la guerre contre la doctrine catholique n'est pas une guerre d'enfants perdus, c'est une guerre civile, une guerre sociale, et, comme cette guerre est depuis dix-huit siècles toute l'histoire, comme elle renferme votre destinée et celle de votre postérité, il faut vous y arrêter encore, et considérer plus à fond cette passion publique des hommes d'État et des hommes de génie contre la doctrine catholique. La question est grave, Messieurs; elle est délicate. Mais rassurez-vous, je vous traiterai comme Massillon traitait Louis XIV dans la chapelle de Versailles. Quelles que soient vos exigences et ma bonne volonté, je ne puis mieux faire pour vous que de vous traiter comme le grand siècle traitait son grand roi.

Une des plus puissantes passions de l'homme, c'est la passion de la souveraineté. Non seulement l'homme

veut être libre, mais il veut être maître; non seulement il veut être maître de lui et chez lui, mais il veut être maître des autres et chez les autres. La rage de la domination, a dit l'illustre comte de Maistre, est innée dans le cœur de l'homme. Et je le blâme de cette expression; car le besoin de la souveraineté dans l'homme, ce n'est pas une rage, c'est une généreuse passion. Un homme est comblé de tous les dons de la naissance et de la fortune; il peut vivre dans les jouissances de la famille, de l'amitié, du luxe, des honneurs, de la paix: il ne le veut pas. Il s'enferme dans un cabinet, il y amasse à plaisir des travaux et des difficultés. Il blanchit sous le poids d'affaires qui ne sont pas les siennes, n'ayant pour récompense que l'ingratitude de ceux qu'il sert, la rivalité des ambitions parallèles à la sienne, et le blame des indifférents. Le premier enfant sorti des langes de l'école prend en main la plume, et lui, qui n'a qu'une ombre de talent à son aurore, qui n'a pas d'aïeux, pas de services, à qui la société ne doit rien que le pardon de sa témérité, il attaque l'homme d'État, qui, au lieu de jouir de sa fortune et de son nom, s'est réservé à peine le temps de boire, entre l'inquiétude du matin et celle du soir, un verre d'eau tout sanglant. L'homme d'État n'y prend pas garde.; il passe de son cabinet sur les champs de bataille; il veille à côté de l'épée d'Alexandre pour la conseiller; il signe des traités dont les passions lui demanderont compte avant la postérité. Et enfin il meurt, abrégé dans sa course par les travaux, les soucis, la calomnie; il meurt, et, en attendant que l'avenir se lève pour lui, les contemporains gravent sur sa tombe une épigramme.

Messieurs, que l'ambition soit une passion, je le veux; mais du moins c'est une passion qui exige de la force, et, après le service désintéressé de Dieu, je ne connais rien de plus héroïque que le service public de l'homme d'État. Le comte de Maistre aurait dû dire que le besoin de la souveraineté est inné dans le cœur de l'homme et pourquoi pas? Savez-vous bien la première parole qui vous a été dite quand vous tombiez des mains de Dieu? Savez-vous quelle a été la première bénédiction de l'humanité? Écoutez-la, fils d'Adam, et connaissez votre grandeur Croissez et multipliez-vous, a-t-il été dit à la race humaine, quand Dieu lui parla pour la première fois croissez et multipliez-vous, et remplissez la terre et soumettez-la, et commandez aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel et à tout ce qui se meut sur la terre'. Si telle est votre vocation, Messieurs, si vous avez été appelés à gouverner la terre, comme les esprits célestes ont été appelés à gouverner les sphères supérieures, pourquoi n'auriez-vous pas l'ambition de votre nature? Cette ambition s'est déréglée sans doute; mais enfin, dans sa source, elle était le vœu de Dieu, et si elle n'existait pas, le genre humain périrait. Aussi le christianisme n'a-t-il jamais attaqué la souveraineté humaine.

:

Dès les premiers temps, les fils d'Adam, divisés en familles, s'étaient dispersés sur la terre, et, en quelque manière que ce fût, ils avaient confié la souveraineté soit à une assemblée, soit à un homme ou à une race, et, par la constitution de la souveraineté, les familles s'étaient élevées à la qualité de nation ou d'État. L'État, c'est l'homme à sa plus haute puissance ; c'est 1. Genèse, chap. 1, vers. 28.

« ÖncekiDevam »