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vous à ce qui passe, et lutterez-vous contre ce qui demeure? Jusques à quand préférerez-vous la force à la persuasion, la matière à l'esprit ? Vous dites sans cesse: Il ne faut pas laisser faire l'Église, parce qu'elle deviendrait trop puissante, c'est-à-dire, il faut étouffer la persuasion qui nous subjuguerait malgré nous. Que pouvez-vous dire qui atteste davantage la divinité de l'Église ? Comprenez enfin ce qu'elle est, par les sentiments injustes de ses ennemis; comprenez, par les merveilles de sa constitution et de son histoire, que son établissement et sa perpétuité ne sont pas des œuvres possibles à l'homme; comprenez que tout le bien qui se fait dans le monde sort d'elle directement ou indirectement, et aspirez à devenir ses fils, à être ses apôtres, à vous ranger parmi les bienfaiteurs du genre humain. Il en est temps; tout est par terre, il faut reconstruire et l'Église catholique seule peut poser les fondements d'un édifice immuable, parce que seule elle a toute raison et tout amour, et que l'homme est trop grand pour être fondé et sauvé que par la plus haute raison et le plus fort amour.

TROISIÈME CONFÉRENCE

DE L'AUTORITÉ MORALE ET INFAILLIBLE DE L'ÉGLISE

MONSEIGNEUR,

MESSIEURS,

Nous avons commencé ces Conférences par établir la nécessité d'une Église enseignante; après quoi, nous avons examiné la constitution de cette Église, établie par Dieu pour enseigner les hommes. Revenant aujourd'hui à notre point de départ, c'est-à-dire à la fin pour laquelle l'Église a été établie, nous remarquerons que nul n'a le droit d'enseigner, s'il n'est certain de ce qu'il enseigne, et que nul n'a le droit de demander la foi à ce qu'il enseigne, s'il n'est infaillible. Il y a cette différence entre la certitude et l'infaillibité, que la certitude consiste à ne pas se tromper dans un

cas donné, tandis que l'infaillibilité consiste à ne pas pouvoir se tromper. La certitude est le rapport actuel d'une intelligence avec une vérité; l'infaillibilité est le rapport perpétuel de l'intelligence avec la vérité. La certitude fait partie des moyens et des droits de l'homme raisonnable; car, sans la certitude, l'intelligence ne serait qu'un vaste doute. Mais l'infaillibilité n'appartient pas à l'homme ni à l'ensemble des hommes, parce que l'ignorance et les passions viennent sans cesse s'interposer entre leur intelligence et la vérité; d'où il suit qu'ils ne peuvent la découvrir, ou rester en rapport avec elle universellement et perpétuellement. Tout ce que peuvent faire les hommes, quand ils enseignent, c'est d'être certains, et aussi ne peuvent-ils pas exiger la foi à leur enseignement, c'est-à-dire une adhésion pure et simple, de cœur et d'esprit, à leur parole; car, leur parole n'étant pas infaillible, il reste toujours à voir s'ils ne se trompent pas, ou s'ils ne veulent pas nous tromper. Au contraire, lorsqu'une autorité est infaillible, il suffit de reconnaître ce qu'elle dit pour être dans le droit et le devoir d'y ajouter foi. Or l'Église catholique, instituée de Dieu. pour enseigner le genre humain, est tout à la fois certaine et infaillible: certaine de la vérité de son institution par Dieu, infaillible dans le dépôt de la foi dont la propagation et l'interprétation lui furent confiées. Elle est tout à la fois certaine et infaillible, parce que, si elle n'était qu'infaillible, son autorité reposerait sur un cercle vicieux, c'est-à-dire qu'elle invoquerait, en faveur de son infaillibilité, son infaillibilité même; au lieu qu'appuyée sur la certitude rationnelle et morale de son institution divine, elle va de la lumière à la lumière, de la lumière naturelle

à la lumière surnaturelle, de la certitude à l'infaillibilité, pour retourner ensuite, par réflexion sur ellemême, de l'infaillibilité à la certitude.

Nous avons déjà vu, Messieurs, ou plutôt entrevu, que l'Église possède la plus haute certitude rationnelle, puisqu'elle s'appuie sur les idées, l'histoire, les mœurs et la société, avec une force dont ne dispose aucun autre corps enseignant, et qui lui assure ici-bas l'empire de la persuasion. Il nous reste donc seulement à traiter de sa certitude morale et de son infaillibilité.

La certitude ou l'autorité morale d'un corps enseignant résulte de trois conditions qui sont pour luimême et pour ceux qu'il enseigne la preuve qu'il est en rapport avec la vérité, et qu'il la dispense avec exactitude et respect. Ces trois conditions sont la science, la vertu et le nombre.

La science est la première condition de la certitude ou de l'autorité morale; car, comment être certain si l'on ne connaît pas, et comment connaître si l'on ne sait pas? Lorsqu'on sait, au contraire, et plus l'on sait, plus on a pour soi-même et pour les autres une garantie de n'être pas trompé. La science est l'œil qui regarde, qui scrute, qui compare, qui réfléchit, qui attend et saisit la lumière, qui ajoute aux siècles passés le poids des siècles nouveaux, et, sentinelle patiente du temps, arrache pièce à pièce à l'univers ses éternels secrets. Si la science laborieuse et persévérante ne méritait aucun crédit, il faudrait désespérer de la vérité, et jamais, Messieurs, en vous parlant, nous n'estimerons le désespoir comme quelque chose dont il faille tenir compte. La science est incontestablement un titre, encore qu'elle ne suffise pas toute seule, à fonder l'autorité morale d'un enseignement.

Or l'Église a la science, elle est née dans la science, elle a sauvé la science, elle a lutté contre la fausse science; elle est, sous tout point de vue, un corps

savant.

L'Église a la science de ce qu'elle enseigne; ce n'est pas par une foi aveugle qu'elle agit, mais par une foi fondée, ainsi que nous l'avons vu dans notre deuxième Conférence, sur les idées générales les plus élevées, sur des monuments historiques de la plus haute antiquité et de la plus sûre authenticité, sur l'expérience de l'influence heureuse et civilisatrice. qu'elle exerce dans le monde, enfin sur une tradition et un ensemble de faits de toute nature qu'elle explore et qu'elle agrandit sans cesse par ses travaux. S'il y a quelque part science, étude, expérience, c'est assurément dans une société où joue un si grand rôle le déploiement de toutes les forces de l'esprit, et qui a possédé, depuis l'origine des âges, el surtout depuis Jésus-Christ, une innombrable multitude d'hommes. éclairés, qui ont rempli la terre de leur parole et de leurs écrits.

Et comment l'Église n'eût-elle pas été savante ? Elle était née dans la science, à l'un des beaux siècles qui soient dans l'histoire, au siècle d'Auguste, précédé par d'autres qui avaient porté jusqu'à la perfection les lettres, les arts et la philosophie, afin qu'il ne fût pas dit que le christianisme était éclos dans l'ombre. La science nous reçut au berceau, nous épia, nous étudia, nous combattit, nous donna des défenseurs parmi ces philosophes que nous venions détrôner, et dont beaucoup apportèrent au Crucifié le triple témoignage de leur génie, de leur savoir et de leurs erreurs. Quand ensuite la science menaça de s'éteindre en Europe par

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