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l'envahissement des barbares, qui la sauva du naufrage? Qui prépara des nations nouvelles, dignes de posséder la vérité? Étaient-ce vos pères? Ah! vos pères ils tiraient l'épée, l'épée hier, l'épée demain, l'épée toujours! Voilà quel était en eux votre partage, hommes aujourd'hui si fiers de votre science, et nous ne vous en blåmons pas. Vous étiez là, dans la personne de vos ancêtres, formant une barrière armée contre laquelle venaient se briser les invasions nouvelles, un immense carré européen pour protéger au dehors ce qui se développait au dedans: tandis que nous, dans nos ancêtres aussi, pacifiques et laborieux, nous reconstruisions la science avec ses débris, afin qu'un jour vous pussiez recevoir de nous cet héritage, et que la vérité, retrouvant un âge digne d'elle, ne commandât pas à des esclaves, mais qu'elle brillat dans un empire fondé sur la légitime conviction des esprits. Il vint, cet âge que nous avions préparé, il vint; et la science, fille ingrate et dénaturée, à peine tombée de nos mains dans les vôtres, s'insurgea contre nous, et nous accusa, nous qui avions travaillé quinze siècles pour elle, nous qui l'avions accueillie de nouveau lorsque, échappée sanglante du glaive de Mahomet II', elle s'était jetée, tout éperdue, dans la robe de nos papes! Qu'avons-nous fait alors? Avons-nous trahi la science, ou subi son joug? Ni l'un ni l'autre : nous lui avons résisté, nous nous sommes opposés comme un mur d'airain, non pas à elle, mais à ses égarements; et aujourd'hui, enfants de la science, sauveurs de la science, protecteurs de la science, nous arrivons à une époque non moins glorieuse pour

1. Après la chute de Constantinople, en 1453.

l'Église, celle où la science, reconnaissant la vanité de ses efforts contre nous, viendra dans nos temples nous chercher et nous offrir le baiser de réconciliation et de justice qu'elle nous doit et quelle nous donnera.

Ainsi l'Église est un corps savant. J'ajoute que ce caractère n'appartient à aucune autre autorité religieuse au même degré. Hors de l'Église, nous trouvons d'abord l'enseignement des religions non chrétiennes : ont-elles le cachet de la science? La science, dans les castes sacerdotales de l'Inde, de l'Égypte et de la Grèce, ne se manifestait point au dehors; c'était un secret qui n'avait pas le caractère scientifique. La religion mahométane est un autre exemple. Le Coran n'est qu'un plagiat de la Bible; Mahomet n'a attaqué qu'un petit nombre de points du christianisme, le mystère de la sainte Trinité et de la divinité de JésusChrist; il a reconnu l'unité de Dieu, la création du monde, et même toute la série historique des hommes inspirés, Adam, Noé, Abraham, Moïse mais il a blessé le christianisme, et, à l'instant même, quelle a été la vengeance de cet attentat? Sa religion a été condamnée à n'être plus qu'une religion non chrétienne. Il avait voulu rejeter la pierre angulaire, la pierre angulaire est retombée sur lui; l'ignorance pèse sur sa nation, cette nation dont les émissaires viennent aujourd'hui mendier quelques parcelles de notre science, magnifique hommage que Dieu leur fait rendre à la supériorité des peuples chrétiens. Mais ils ont beau prendre des habillements européens; leur sultan a beau donner des festins à l'européenne... Non, la malédiction de l'ignorance est sur cette terre ils ont nié Jésus-Christ, la science n'y paraîtra qu'avec Jésus-Christ.

Voulez-vous considérer les hérésies chrétiennes ? Pour la plupart, elles ont encore la science: ces sectes vivent dans des contrées honorées du culte des lettres et des arts, car elles n'ont pas nié Jésus-Christ. Mais admirez un autre prodige. Cette science, qui nous conserve l'unité et vit en sœur avec elle, que fait-elle chez ces sectes? Elle y dévore leur religion; elle y fait ce qu'elle a toujours fait, des hérésies. Les hérésies, en se détachant de l'Église, ont emporté la science sous leur manteau; mais la science a fait comme l'épée, qui use le fourreau; le fourreau n'était pas assez fort, et jamais ces hérésies n'ont vécu plus de trois ou quatre siècles. La science est pour elles comme un océan orageux qui frappe, se retire, revient, jusqu'à ce qu'il emporte les continents dans un vaste et universel naufrage. Aujourd'hui le protestantisme est arrivé à cette ère fatale: il commence son quatrième siècle, et avec son quatrième siècle commence sa ruine, que déjà les esprits attentifs découvrent, et qui se cache à peine aux esprits légers et prévenus.

Donc la science, première condition de la certitude ou de l'autorité morale, appartient à l'Église catholique les religions non chrétiennes ne l'ont pas ; les sectes séparées sont rongées par elle.

Mais, quoique la science soit un des caractères de la certitude morale, elle ne suffit pas pour arriver à ce degré d'assurance qui est la preuve irrécusable de la vérité. La science est une puissance de l'esprit; or il y a dans l'homme une puissance plus grande encore, qui est celle de la volonté. Là réside le libre arbitre, ressort principal de nos actions, et qui commande à l'esprit lui-même, jusqu'à lui faire voir ce qui n'est pas, et à le nourrir des plus pitoyables illusions. La

science est alors un vain remède contre l'erreur ; subjuguée par la volonté, elle se met au service de ses passions, et abuse de la lumière même contre la vérité. En un mot, l'homme peut corrompre la science, selon l'expression de Bacon, et c'est pourquoi il a besoin d'avoir une garantie qu'elle ne trahit pas ses devoirs et sa fonction; il a besoin d'un incorruptible médiateur, entre l'esprit et la volonté, et ce médialeur, vous l'avez nommé, Messieurs, c'est la vertu. Car la volonté ne pousse la science à l'illusion qu'au profit des sens et de l'orgueil; et toutes les fois que la vertu corrige la science, et que la science éclaire la vertu dans une même âme, il s'y fait un jour semblable à celui du ciel, aussi proche de la perfection qu'il est permis à l'homme de le souhaiter.

Or l'Église, Messieurs, ne possède pas seulement la vertu comme médiatrice entre l'esprit et la volonté, comme un arome étranger qui purifie la science, mais sa doctrine même est une vertu. Les vérités qui en composent le tissu ne sont pas de pures spéculations, mais des vérités qui entraînent une foule de conséquences morales, terribles à la nature. La croix, le détachement de soi-même, la pénitence, tel est le but du christianisme, le résultat de son action persévérante. Ètre crucifié avec Jésus-Christ pour vivre avec Jésus-Christ, voilà ce que l'Église ne cesse de prêcher dans tous ses enseignements, par tous ses symboles et toutes ses cérémonies; c'est-à-dire qu'elle est en contradiction constante avec le monde et la nature déchue. Admettre, sans les pratiquer, les vérités qu'elle annonce, c'est déjà une vertu; que sera-ce de les admettre pour les pratiquer? Nous ne sommes donc pas des académiciens qui élaborent dans le silence du cabi

net des découvertes utiles aux jouissances de l'humanité, et qui ensuite les portent fastueusement au milieu d'assemblées publiques où les battements de mains, les pensions et les honneurs les dédommagent de leurs sueurs et de leurs veilles. Nous, Messieurs, quand nous apportons la vérité aux hommes, elle sort d'un cœur brisé, elle vient du pied de la croix; cette vérité dit que le cœur de l'homme est un abime et qu'il faut le purifier par une austère pénitence; elle vient du sang et elle demande du sang; si vous étiez tentés de mettre en doute sa pureté, elle vous répondrait: Comment ne serais-je pas pure, puisque je suis née crucifiée?

Jetons maintenant les yeux sur les religions non chrétiennes, et sur les sectes chrétiennes; posséderont-elles ce second caractère de la certitude morale? Vous savez ce que sont les religions païennes, religions de plaisirs autant que d'ignorance. Vous connaissez Mahomet; en même temps qu'il rendait la science impossible, il détruisait la moralité, et léguait à ses disciples des mœurs infâmes et des espérances éternelles aussi infâmes que ses mœurs. Si nous passons aux sectes chrétiennes, il y a du bien dans leur sein, par cela seul qu'elles conservent avec Jésus-Christ quelque relation; cependant leur vertu n'est point, comme celle de l'Église, une vertu de sacrifice. La vertu catholique détruit l'orgueil dans sa racine, tandis que le protestantisme, en donnant tant de prix aut sens privé de l'homme, laisse subsister l'orgueil. Et, pour rendre la chose plus claire, prenons un exemple. Il existe un empire en Europe qui compte au moins soixante-dix millions d'hommes; ses peuples sont chrétiens, et ne diffèrent de nous que par la rupture de l'unité ; car, pour le dogme, entre eux et nous le débat

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