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restauration évangélique nous apparaisse tout ce qu'elle est.

Trois égoïsmes ont concouru, dans le cœur de l'homme, à l'avilissement de la femme. Le premier est l'égoïsme de la jalousie. Nous aimons, c'est vrai; mais nous sommes si peu de chose pour être aimés, les années s'écoulent si vite, elles emportent si rapidement les charmes de notre jeunesse, qu'un moment vient où nous doutons de nous-mêmes et de notre aptitude à mériter l'affection. Nous ne nous trompons pas. Cependant nous voulons retenir ce qui ne viendrait plus à nous de soi-même; nous aspirons à une passion dont le jour est déjà loin; plutôt que d'obéir à la nature, nous voulons lui faire violence, et ressusciter par la servitude ce qui nous est ravi par la liberté. C'est la raison secrète qui a partout condamné la femme à un ilotisme plus ou moins prononcé.

Un autre égoïsme, celui de la lassitude, a travaillé contre elle dans un autre sens. Nous nous lassons. Un jour on s'éveille comme d'un songe, on s'étonne de ne plus aimer ce que la veille on adorait encore; on se demande pourquoi. Rien n'est changé que le cœur; mais il est changé, et c'est un coup dont il ne revient jamais. Que faire? Comment vivre dans le supplice de voir avec indifférence l'objet qu'on voyait avec transport? La dissolubilité du mariage est la réponse de notre inconstance à cette question. La jalousie rendait la femme captive, la lassitude la chasse.

Il reste un troisième parti pour un troisième égoïsme, qui est celui de la simultanéité. La recherche de nous-même est si subtile, qu'il nous faut quelque

fois, pour avoir toutes nos aises, joindre l'habitude à la nouveauté. On y arrive en multipliant le mariage, et la passion se compose ainsi une cour où le souvenir est aussi vivant que le caprice, où tous les temps sont mêlés, et où chaque jour apporte à une inépuisable inconstance une noce et une répudiation.

Tel est l'homme, et ce triple égoïsme se réduit à un seul, qui est de manquer d'amour. C'est le reproche de saint Paul aux païens, lorsque, après avoir énuméré tous leurs crimes, il finit par les accuser d'avoir été sans affection'. L'amour purement humain est une effervescence passagère, produite par des causes qui n'ont elles-mêmes que peu de durée; il naît le matin, il se flétrit le soir. Ce n'est point l'acte d'un homme maître de lui, sûr de sa volonté, et portant l'énergie du devoir jusque dans les jouissances intimes du cœur. L'amour véritable est une vertu; il suppose une âme constante et forte, qui, sans être insensible aux dons fugitifs, pénètre jusqu'à la région immuable du beau, et découvre dans les ruines mêmes une floraison qui la touche et la retient. Mais l'âme chrétienne seule a ce goût créateur; les autres s'arrêtent à la surface et voient la mort partout. Deux jeunes gens s'avancent vers l'autel, à cette belle cérémonie des noces; ils portent avec eux toute la joie et toute la sincérité de leur jeunesse; ils se jurent un amour éternel. Mais bientôt la joie diminue, la fidélité chancelle, l'éternité de leurs serments s'en va par morceaux. Que s'est-il passé? Rien; l'heure a suivi l'heure; ils sont ce qu'ils étaient, sauf une heure de plus. Mais une heure, c'est beaucoup hors de Dieu.

1. Epitre aux Romains, chap. 1, vers. 31.

Dieu n'est point entré dans leurs serments, il n'a pas été le complice de leur amour, et leur amour finit parce que Dieu seul ne finit pas.

Tournons de ce côté, et, après tant de tristes spectacles, voyons ce que Dieu a fait par l'Évangile pour la rhéabilitation de la femme.

L'Évangile a rendu à la femme la liberté, l'instruction, tous les droits civils. Mais il a de plus créé pour elle trois ministères qui lui donnent une glorieuse action sur les destinées du genre humain. Le premier est le ministère du respect. Le respect est une crainte douce et pieuse. Quand nous rencontrons un homme chargé d'ans et de services, le front couvert des traces vives de la vertu, nous nous sentons, quoique son égal, atteint d'un sentiment qui ne nous cause aucune peine, mais qui cependant nous ôte la confiance de la familiarité c'est le respect. Le respect est l'aveu volontaire d'une dignité qui nous commande sans avoir besoin de nous donner aucun ordre; il entre, comme un condiment nécessaire, dans tous les rapports des hommes entre eux, et l'affection la plus tendre n'en exclut pas l'expression, quelque tempérée qu'elle devienne en ses mains. Sans le respect, l'homme touche à la grossièreté de la barbarie, il méconnaît la royauté qui est en lui. Le respect, Messieurs, est descendu sur nous de Dieu même, qui nous a faits à son image. En Dieu il est une majesté qui repousserait, si elle était toute seule; mais cette majesté suprême étant unie à une suprême bonté, il résulte de ce mélange ineffable une physionomie qui attire sans rien perdre de sa grandeur. C'est un reflet de cette nuance qui habite en nous, et qui produit le respect.

Or, Messieurs, nous sommes sujets à oublier ou à

méconnaître cette partie de notre céleste dotation. Les abus de l'égalité, l'abaissement du vice, l'indélicatesse de l'esprit nous poussent sans cesse à la grossièreté, comme l'orgueil nous porte à une roideur sotte et ridicule. La civilisation chrétienne avait besoin de trouver et de conserver le secret de la dignité tempérée par la grâce, d'en avoir un interprète subsistant, un modèle exquis et inviolable, dont la seule présence fût une leçon, et nous rappelât sans cesse la physionomie de l'homme vrai, pur, sincère, simple, digne de lui-même : c'est à la femme chrétienne que ce ministère auguste a été confié. L'Évangile a fait de l'esclave une reine, il l'a tirée d'une servitude honteuse ou d'une liberté effrénée, qui n'était qu'un autre esclavage, pour lui donner sur les mœurs publiques une modeste et souveraine action. Sceptre porté avec autant de fruit que de gloire, qui a imprimé aux temps modernes une ineffaçable couleur de bienséance et d'élévation!

Ce jeune homme usé dans le vice, qui ne croit plus à rien, pas même au plaisir, qui ne respecte plus rien, pas même soi, il vient, il rencontre le regard de la femme chrétienne, il voit vivante la dignité qu'il a profanée; il retrouve Dieu dans une âme qui en a gardé le sacerdoce et qui le révèle dans ses traits: il sent sa misère et son abjection devant ce miroir de pureté. Un mouvement de paupière ou de lèvres suffit pour le châtier et l'anéantir, lui qui s'estimait sûr de ne pas trembler devant Dieu! I reconnaît une puissance à laquelle il doit compte de sa vie, devant laquelle il doit déguiser au moins sa honte, et s'il devient incapable d'être touché de ce reproche tacite, s'il méprise la femme, après avoir méprisé tout le reste, c'est le

dernier trait de sa condamnation: il n'appartient plus au monde civilisé, il est barbare.

Le second ministère que l'Évangile a créé pour la femme chrétienne, c'est le ministère d'éducation.

A qui l'homme naissant sera-t-il confié? A qui le remettra-t-on pour lui inspirer une âme bonne? Quelle est la main assez délicate, assez ingénieuse, assez tendre pour assouplir cette bête fauve qui vient de naître entre le bien et le mal, qui pourra être un scélérat ou un saint? Ne cherchons pas si loin. Déjà son éducation a commencé dans le sein même qui le portait. Chaque pensée, chaque prière, chaque soupir de sa mère a été un lait divin qui coulait jusqu'à son âme et le baptisait dans l'honneur et la sainteté. Le père n'y peut rien directement. A la mère seule il a été donné que son âme touchât pendant neuf mois l'âme de l'enfant, et lui imposât des prédispositions à la vérité, à la bonté, à la douceur, germes précieux dont elle achèvera la culture au grand jour, après les avoir semés dans les profondeurs inconnues de sa maternité. L'enfant paraît; il échappe à cette première éducation de l'Évangile par les entrailles de sa mère ; mais il est reçu dans des mains que l'Évangile a bénies, il n'a plus à craindre le meurtre ou l'exposition; il dort tranquille sous la protection de sa mère armée de Jésus-Christ. Et dès que ses yeux s'ouvrent, quel est le premier regard qu'il rencontrera? Le regard pur et pieux d'une chrétienne. Et dès qu'une parole, se glissant par les tortueux canaux de l'ouïe, pourra s'introduire jusqu'à son âme, qui la lui dira? Qui lui jettera la première parole, la première révélation, le premier cri d'une intelligence à une intelligence? Qui? Ce fut Dieu autrefois; c'est encore lui maintenant par notre

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