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amena un souffleur de verre de Bonn, un nommé Geissler, à réaliser ces tubes singuliers qui, sous l'influence du passage de l'électricité, s'illuminent de couleurs vives et variées, faisant l'admiration des observateurs. Ces expériences presque enfantines suggérèrent à nos savants modernes l'idée d'analyser de plus près le phénomène. Sir William Crookes, mort à Londres en 1919, à l'âge enviable de 87 ans, présenta en 1879 un remarquable travail sur la matière radiante. Lançant un courant de haute tension dans des tubes de verre, où l'on avait fait un vide aussi parfait que possible, il étudia, partant de la cathode (c'est-à-dire de la tige métallique réunie au pôle négatif de la source), des radiations nouvelles, appelées rayons cathodiques. Ces rayons invisibles se propageaient en ligne droite, révélant leur présence, soit en faisant briller les corps phosphorescents, soit en provoquant des phénomènes mécaniques mis en évidence. par des expériences variées. Ces rayons sont déviés par l'aimant. Ils ne semblent pas sortir de l'ampoule. Cependant, un un Autrichien, Lenard, démontra qu'ils étaient susceptibles de traverser une mince plaque d'aluminium et de se propager dans l'air libre où ils s'amortissaient rapidement.

Les travaux de W. Crookes eurent un retentissement énorme; tous les laboratoires acquirent ses tubes et partout l'on répéta ses expériences. Pendant 16 ans les physiciens firent des rayons X sans le savoir ! La plupart des tubes de Crookes, en effet, émettaient ces mystérieuses radiations. Comment ne les a-t-on pas découvertes en cherchant à vérifier si les rayons cathodiques sortaient de l'ampoule? L'heure n'était pas venue. Certains expérimentateurs cependant furent bien près de devancer Roentgen.

Lodge rapporte que Jervis Smith, d'Oxford, observa que ses plaques photographiques étaient voilées au voisinage des tubes de Crookes en activité. Simplement contrarié par cette constatation qui retardait la réalisa

tion de ses expériences, il incrimina des effluves chimiques. et, sans s'attarder davantage à rechercher les causes du phénomène, il se contenta de mettre ses plaques à l'abri, en dehors de son laboratoire. Voilà comment on passe à côté d'une grande découverte !

Servi en 1895, par un hasard semblable, Roentgen, de Wurtzbourg, se montra plus perspicace. Il avait fait l'obscurité complète dans son laboratoire son tube de Crookes était entouré de papier noir; des cristaux de platinocyanure de baryum se trouvaient, par hasard, sur sa table de laboratoire. Ils s'illuminèrent d'un vif éclat quand l'ampoule entra en activité. Un rayonnement invisible, différent des rayons cathodiques, sortait donc de l'ampoule. Sous son influence, les corps fluorescents s'illuminaient, et ceci malgré l'interposition entre la source et les cristaux de corps opaques à la lumière. Les recherches ultérieures montrèrent que les différents corps étaient, suivant leur composition chimique, plus ou moins perméables aux radiations nouvelles. Celles-ci impressionnaient plaques photographiques et corps fluorescents; la radiographie et la radioscopie furent simultanément découvertes.

Les expériences récréatives de l'abbé Nollet, celles de Geissler, inspirèrent à Crookes ses travaux et Crookes fut en fait le précurseur de Roentgen. On lui rend hommage en donnant son nom aux tubes servant à faire les rayons X.

Ces tubes en activité présentent une belle fluorescence. verte dans les régions frappées par les rayons cathodiques. Cette particularité, en fait très accessoire (1), fut le point de départ de la découverte de la radioactivité de la matière.

(1) Les tubes Coolidge ne présentent pas cette fluorescence et, si l'accord n'était pas unanime au sujet du peu d'importance de la fluorescence du verre, cette constatation en serait une preuve convaincante.

La radio-activité de la matière. - Le 13 janvier 1896, Henri Poincaré écrivait dans la REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, un article où l'on trouve ce passage : « C'est le verre qui émet les rayons de Roentgen, et il les émet en devenant fluorescent. Ne peut-on alors se demander si les corps dont la fluorescence est suffisamment intense. n'émettent pas, outre les rayons lumineux, des rayons X de Roentgen quelle que soit la cause de leur fluorescence ? » Excités par la lumière ou d'autres radiations, divers produits brillent d'un vif éclat. Si la luminescence disparaît avec la cause qui la fait naître, le corps est appelé fluorescent c'est le cas du platinocyanure de baryum et du verre. Si la luminescence persiste, la substance est dite phosphorescente. Tout le monde connaît ces images, ces statues lumineuses, qui, exposées à la lumière durant le jour, brillent d'un vif éclat durant la nuit. L'hypothèse de Poincaré était facile à vérifier. Il suffisait de prendre un corps phosphorescent, de l'exposer à la lumière pendant qu'il était placé sur une plaque photographique bien protégée contre l'action de la lumière visible. Les corps phosphorescents sont nombreux : les sulfures de baryum, de calcium, de zinc, sont les plus connus. Avec ces produits l'expérience devait mener à un résultat négatif (1).

Mais l'article de Poincaré retint l'attention d'Henri Becquerel. Celui-ci se souvint des travaux de son père, Edmond Becquerel, sur la fluorescence des sels d'uranium. Il possédait une superbe collection de ces cristaux, il y choisit du sulfate double d'uranyle et de potasse. Le sel fut exposé à la lumière dans les conditions ci-dessus décrites. Après plusieurs heures d'exposition, la plaque photographique montra au développement l'image des différents cristaux.

L'émulsion avait été impressionnée par des rayons

(1) H. et G. Niewenglowski soutinrent une opinion contraire, mais leurs conclusions ne furent pas vérifiées.

invisibles et pénétrants, émis par le sel d'urane durant son insolation. L'hypothèse de Poincaré semblait donc juste.

Henri Becquerel, heureusement, répéta cette expérience. Ayant un jour préparé plaque et cristaux, le soleil qu'il croyait nécessaire à la réussite de l'expérience ne se montra point. Il resta caché un, deux, trois, quatre jours. Quand il parut enfin, Becquerel jugea bon de développer la plaque qui, durant les jours de brume, avait été laissée dans un tiroir, en contact avec les cristaux. La plaque était impressionnée (1). L'uranium émettait donc spontanément des radiations invisibles, comparables aux rayons X. Cette émission spontanée caractérise ce que l'on a appelé la radio-activité de la matière. Cette découverte mémorable date du 1er mars 1896 (2).

Provoquée par une simple interrogation, apparaissant

(1) Tout amateur de photographie possède dans son laboratoire ou ses collections, le moyen de répéter l'expérience. Il peut même la rendre tout à fait curieuse en utilisant un cliché positif viré dans un bain d'urane. Les ombres du cliché sont alors constituées par un dépôt radioactif de valeur proportionnelle à la densité des noirs. Si ce positif est mis en contact avec une plaque vierge, il impressionne les sels d'argent. Les ombres très radioactives donnent une impression vigoureuse. Les pénombres, peu radioactives parce que moins riches en sel, ont peu d'action sur le bromure d'argent. On obtient au développement une épreuve positive reproduisant par simple contact et sans intervention de la lumière le cliché original dans tous ses détails. Un léger flou adoucit inévitablement les contours. L'interposition d'une feuille de papier noir entre les deux clichés n'empêche pas la réaction mais augmente le flou. Le temps de pose varie de 1 à 2 mois !

(2) Thompson rapporte dans son ouvrage Radiations visibles et invisibles (traduction Dunoyer; Paris, Hermann, 1914, pp. 269-272), que le 16 février 1896, il essaya d'impressionner une plaque photographique bien enveloppée de papier noir avec certaines substances fluorescentes et phosphorescentes. Il constata que seul le nitrate d'urane émettait un rayonnement capable de traverser le papier ou l'aluminium qui recouvrait ses plaques. Il transmit ses résultats à Stokes qui lui signala la toute récente communication de Becquerel. Les c. R. DE L'AC. DES SC. relatent en février 1896, p. 420, la première note de Becquerel sur les radiations uraniques.

peu de temps après la découverte des rayons X, elle venait à son heure. Cependant le phénomène découvert par Henri Becquerel l'avait été cinquante ans auparavant par Niepce de Saint-Victor! Ce dernier était le parent de Nicéphore Niepce, dont le nom est lié à l'invention de la photographie. Mais la découverte de Niepce de Saint-Victor n'eut pas alors le moindre écho. Dédain et scepticisme: tel fut son sort. Comme Jervis Smith, Niepce de Saint-Victor constata un phénomène imprévu, mais, ne sachant en tirer parti, il ne découvrit pas la radioactivité ! Le moment n'était pas encore venu. Becquerel entreprit une étude détaillée des radiations uraniques, démontra leurs propriétés fondamentales et reconnut leur pouvoir de décharger les électroscopes.

Réduit à sa plus simple expression, l'électroscope est une tige métallique sur laquelle on fixe une petite feuille d'or. Cette tige peut être introduite dans un bocal de verre et maintenue en place par un bloc de soufre qu'elle traverse et qui assure son isolement. Si on approche de son extrémité libre une baguette de verre chargée d'électricité, par friction préalable, on voit la feuille d'or s'écarter de son support. L'appareil est chargé d'électricité. Comme l'air sec est un isolant parfait, la tige conserve sa charge, la feuille d'or reste toujours écartée; mais si, par un moyen quelconque, telle la projection d'un faisceau de rayons X, on rend l'air conducteur au voisinage de la tige métallique, la feuille d'or tombe avec une vitesse proportionnelle à l'intensité du faisceau. Quand un gaz est frappé par des radiations invisibles, une molécule quelconque se trouve séparée en deux fragments ou ions chargés d'électricité. Un électron à charge négative se détache de la molécule et le reste forme un ion positif. Ces ions sont attirés (1) par toute surface chargée d'électricité de nom contraire, ils neutralisent sa charge en la

(1) Ce mouvement des ions constitue le courant électrique.

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