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l'excitant volontaire n'utilise pas encore d'autres régions qui ne seraient pas excitables par l'électricité. La méthode de l'ablation confirme la méthode de l'excitation et, chez les animaux présentant dans la région motrice un mélange d'éléments moteurs et sensibles, l'expérience de l'anémie renforce nos connaissances en prouvant l'existence séparée des éléments moteurs et sensibles.

Enfin, l'extirpation de la zone motrice, en mettant en évidence les phénomènes de suppléance attire l'attention sur le rôle important des centres sous-corticaux, dont l'étude est à peine ébauchée actuellement.

Les méthodes de recherches que possède la science ne nous ont pas permis d'aller plus avant dans l'étude expérimentale des fonctions motrices du cerveau.

G. BATTEZ,

Agrégé de Physiologie

Prof. à la Faculté libre de Méd. de Lille.

(1)

Sciences et métaphysique

Dans le domaine des idées notre vingtième siècle se dégage du pesant matérialisme que lui a légué le dixneuvième. Ce matérialisme s'était autrefois développé avec les progrès remarquables de la science expérimentale. Aussi n'est-il pas étonnant que le monde des savants soit aujourd'hui le dernier touché par le nouveau courant. Trop nombreux sont encore ceux qui se méfient de la philosophie pure ou métaphysique. Beaucoup même sont convaincus que la Vérité sort exclusivement des laboratoires. « La métaphysique serait un pur verbiage, amusement des esprits neufs ».

Eh bien ! non... Il est possible à l'homme d'atteindre d'autres vérités que les trouvailles du savant. Bien plus, c'est parce qu'il est capable de métaphysique, que l'homme peut élaborer la science. Nous allons tâcher de montrer comment, outre la science, la métaphysique s'impose. Nous préciserons leurs domaines respectifs. Puis nous verrons comment ces deux aspects du savoir se compénètrent et se complètent; comment la métaphysique permet d'expliquer et de juger la science.

La science répond à la question : « Qu'est-ce que le monde ? » en répondant à cette autre : « Comment faut-il imaginer le monde ? »... Entendons-nous. Cela ne veut pas dire que la science soit uniquement affaire d'imagina

(1) En parlant de sciences, nous avons surtout ea vue les sciences physico-chimiques. Pourtant, moyennant quelques précisions de détail, les idées fondamentales de notre essai valent pour toute science positive.

tion; elle est avant tout travail d'intelligence. Elle exprime ses résultats en termes de pensée abstraite, en des concepts généraux. Mais ces concepts, d'une part, elle les détermine uniquement par l'étude des phénomènes sensibles qu'ils embrassent, et d'autre part, elle ne leur demande que de fournir la clef permettant de retrouver et de prévoir les phénomènes. Nous expliquerons cela plus à fond dans la suite. Bornons-nous pour le moment à constater que tel est bien l'objet de la science.

Esquissons la suite de ses démarches. Le savant commence par ouvrir grandes, les portes de ses sens, puis pour suppléer à l'insuffisance de ceux-ci, il se construit d'ingénieux appareils qui centuplent leur acuité ou qui lui en créent en quelque sorte de nouveaux. Il observe le monde dans ses moindres détails. Les observations sont généralement guidées par un but entrevu, un pressentiment à vérifier. Mais schématisons et laissons cette première démarche à ce qu'elle a de spécifique. Voici l'imagination enrichie d'un opulent butin de phénomènes. Le savant peut rebâtir le monde avec ces matériaux, il peut l'imaginer; il ne sait pas encore comment il doit le faire.

Car son intelligence a conscience, même avant que les sens lui aient indiqué des consécutions et des groupements constants, que des unités, des nécessités dominent les phénomènes fluents et dispersés; unités et nécessités que l'intelligence n'a pas à y mettre suivant son bon plaisir, mais qu'elle doit accepter de la réalité. Le grand labeur du savant sera précisément de les reconnaître afin de pouvoir réédifier le contenu imaginatif comme il doit l'être, et non plus au hasard des associations. Dans un tableau du monde, les mêmes matériaux pourraient être mis en œuvre par l'artiste et par le savant; mais comme ils seraient différemment groupés, inégalement charpentés! L'unité et la nécessité organisatrices, le savant les exprime ordinairement par des lois. Les phénomènes y sont fonction de l'espace, du temps, d'autres phénomènes.

Les classifications du botaniste, du zoologiste en sont un exemple; elles affirment, somme toute, que telle configuration, tel éploiement spatial de couleurs, ne sont pas œuvre de hasard, mais caractérisent un type.

Autre exemple ! L'observateur voit mille fois tomber des corps, dans des conditions diverses, avec des vitesses différentes. Cependant ces vitesses ne sont pas quelconques, comme le laisserait supposer l'expérience immédiate. Elles réalisent chacune, sous telle ou telle modalité, uue idée unique qu'exprime la formule simple, mais théorique : v = gt.

De même enfin les lois de Mariotte et de Gay Lussac révèlent, sous l'arbitraire des apparences, une nécessaire solidarité entre la pression, le volume et la température d'un gaz.

Dans un effort ultérieur de systématisation, dans un désir d'unité plus étroite, le savant élabore la théorie. Il y établit que les lois très diverses concernant un ensemble de phénomènes sont vérifiées si l'on imagine tel phénomène simple, soumis à quelques lois plus générales que les premières. La théorie est le plus souvent de l'ordre de l'hypothèse, c'est-à-dire qu'elle affirme sans constater; elle gagne en certitude à mesure qu'elle devient plus largement explicative et que des expérimentations multipliées en des domaines différents la vérifient; elle triomphe plus encore lorsque l'observation découvre des phénomènes nouveaux qu'elle avait fait prévoir.

Comme exemple simple de théorie, citons celle de l'attraction universelle. Les corps tombent suivant une loi; les astres se meuvent suivant des lois. Très bien ; mais pourquoi cette multiplicité de lois, et pourquoi précisément ces lois-là ? Tout s'explique si (propriété indécelable par nos sens) les corps sont tels qu'ils s'attirent en raison directe de leurs masses, et en raison inverse du carré de leur distance. Mais d'où proviendrait cette attraction mutuelle ? De nouveau l'hypothèse inter

vient et tente de rattacher le phénomène précédemment supposé à un plus vaste ensemble. Et l'on parle de bombardement des corps par l'éther, ou de tension du milieu ou d'autre chose encore.

Nous avons schématisé le développement scientifique. Mais ce que nous avons dit suffit à faire constater que si le savant se base sur l'examen attentif du phénomène, et si le terme de son étude est un tableau phénoménal, il n'y a pourtant science que lorsque son intelligence en des concepts généraux, des points de vue d'unité, des lois, solidifie, articule, organise les représentations. «Comment faut-il imaginer le monde ?» telle est bien la question que se pose la science.

Esquissons maintenant le but et le procédé de la métaphysique.

La métaphysique prétend nous apprendre ce qu'est l'être en tant qu'être.

« Je ne vous comprends pas, dira l'empiriste; l'être vous le voyez, vous le palpez; mes instruments vous le dépècent, en fouillent tous les recoins. Pour autant qu'elle se distinguerait de la science, votre étude de l'être n'aurait pas d'objet.

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-Soit, il n'y a qu'à regarder pour voir l'être, à écouter pour l'entendre, à toucher pour le sentir. Mais il ne s'agit plus de le décrire par ce que l'on en voit, par ce que l'on en entend, par ce que l'on en sent; il s'agit d'éclaircir ce qu'il est en lui-même.

Cela a-t-il un sens? Mais oui. C'est une des données manifestes de notre conscience qu'outre la couleur, le son, la résistance, nous atteignons la valeur d'être, de réalité. Le sensible suppose cette valeur; il ne fait que l'habiller, nous la spécifier.

C'est même parce que nous percevons cette valeur spéciale d'être que nous ne nous sentons plus libres de reconstituer le monde au hasard ou à notre gré; il y

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