Sayfadaki görseller
PDF
ePub

| qui parle*. L'esprit ou l'âme, son activité, sa pénétration, sa vivacité, son caractère, se peint dans l'homme physique, particulièrement dans la physionomie, dans le regard, dans l'attitude de tout le corps, dans les mouvements, dans la parole, dans les goûts, les habitudes, et surtout dans les ouvrages qui demandent quelque réflexion. Ce sont là autant de signes destinés à traduire l'âme au dehors, à la rendre visible. Mais ici encore il faut se donner de garde de prendre la lettre pour l'esprit; les apparences sont quelquefois trompeuses.

douille; c'était sans doute pour les porter plus facilement en route. C. A. H. ESPRIT (spiritus, souffle). Ce mot semble d'abord avoir désigné la condition et le signe même de la vie, l'air, la respiration*; plus tard, il signifia la vie même, le principe vivant qui anime le corps; on conçut ensuite ce principe isolé du corps; on lui donna conscience, connaissance, volonté, en un mot on en fit un esprit. Réuni au corps, l'esprit s'appelle proprement âme (voy.). Cependant on distingue quelquefois entre l'âme et l'esprit, l'àme s'entendant plutôt de l'activité appétitive, sensible ou inférieure, et l'esprit de l'activité intellectuelle, rationnelle et supérieure. Nous ne nous arrêterons point à cette distinction, attendu que le principe qui sent est le principe qui connaît.

On peut distinguer les esprits en quatre grandes classes: ceux qui sont au- -dessous de l'homme, celui de l'homme, les esprits intermédiaires entre l'homme et Dieu, et enfin Dieu lui-même. Pour ce qui est des esprits inférieurs, de l'âme des bêtes (car nous ne savons s'il y a des esprits purs inférieurs à l'âme humaine), voy. AME. Quant aux esprits purs ou éthérés qui pourraient tenir le milieu entre l'homme et Dieu, nous renvoyons au mot DÉMONO- | LOGIE, et pour l'esprit divin, au mot DIEU. Le mot esprit a une foule de significations dérivées des précédentes. C'est ainsi qu'il signifie, dans l'art de la prononciation de certaines lettres en grec (esprit doux, esprit rude), une modification particulière de l'organe vocal; les aspirations qu'on retrouve dans toutes les autres langues ont une dénomination analogue. C'est ainsi que l'on distingue dans le sens des paroles l'esprit de la lettre, l'esprit étant ce qu'il y a de véritablement pensé et d'intentionnellement exprimé, la chose cachée sous la lettre, tandis que celle-ci en est comme le corps, le signe; mais un signe trompeur, si l'on ne veut pas entrer dans la pensée de celui

(*) Il en est de même dans toutes les langues en hébreu et avεuòs en grec, comme spiritus en latin, dérivé de spirare, souffler, signifient à la fois vent et esprit. Le mot allemand Geist, vient du vieux mot geisten, souffler. Le mot russe

:

doukh a également les deux sens de souffle, haleine, et d'esprit, génie; doucha, âme, est un mot de la même famille.

.S.

[ocr errors]

Le mot esprit a aussi en français un sens particulier assez difficile à caractériser (voy. BEL- ESPRIT): c'est dans ce sens que l'on dit d'une personne qu'elle a de l'esprit.Cette tournure intellectuelle, qui paraît portée à un plus haut degré chez le Français que chez aucun autre peuple, a quelque chose d'essentiellement léger, de scintillant et surtout de piquant. Cet esprit, sans être opposé à l'étendue et à la profondeur, paraît au premier abord peu compatible avec ces deux caractères de la force intellectuelle, précisément parce qu'il les dédaigne et semble s'efforcer de les faire oublier. L'esprit n'a pas non plus la marche compassée de la méthode et de la science: il n'en veut point, il en a une espèce d'horreur; il ne veut pas marcher, ni surtout marcher longtemps et en ligne directe : il veut seulement sauter, se reposer quand il lui plaît, prendre le côté de la pensée qu'il préfère sans s'obliger à le suivre. Le but de la science n'est point celui de l'esprit : l'une veut connaître, l'autre veut s'amuser et surtout amuser, car on ne fait pas de l'esprit tout seul et pour soi. L'esprit est donc un tour de caractère éminemment social; car tandis que l'homme d'esprit recherche le monde pour y faire briller sa pensée, on le recherche avec non moins d'empressement pour jouir de ce feu d'artifice intellectuel essentiellement propre à distraire, et d'autant plus propre à nous amuser que notre vanité y trouve son compte sans qu'elle coure le risque du ridicule. En effet, l'esprit des autres est comme une étincelle

(*) Car la lettre tue, mais l'esprit donne la vie (2 Cor. III, 6).

S.

qui allume le nôtre, ou qui nous donne du moins l'avantage d'apprécier celui que nous voyons briller, ce qui n'est possible qu'à la condition d'en avoir un peu soimême. C'est par la vivacité de l'imagination, la fraîcheur du souvenir, les rapprochements inattendus, les contrastes heureux et piquants que l'esprit se fait remarquer. Il faut pour cela une certaine étendue, et surtout une certaine pénétration, connue plus particulièrement sous le nom de sagacité. Ainsi l'esprit peut être étendu et pénétrant; mais s'il n'est que cela, il ne mérite plus ce nom. L'étendue et la pénétration ne sont donc pas la chose principale: il faut surtout qu'il soit frivole et aisé. Les saillies qui sentent le travail perdent leur sel, et par conséquent leur prix, leur agrément : ce ne sont pas des saillies; il leur manque la spontanéité, la rapidité et l'éblouissant de l'éclair. Il faudrait infiniment d'art pour faire de l'esprit à force de réflexion; il en faudrait presque, autant que pour faire de l'esprit sans en avoir. Aussi l'esprit qu'on fait (voy. bon MoT, CALEMBOURG) déplaît-il souverainement: c'est le pédantisme de la société.

L'esprit qu'on veut avoir gâte celui qu'on a. On fuit le faiseur d'esprit avec autant de soin pour le moins qu'on met d'empressement à rechercher l'homme d'esprit. On distingue du reste plusieurs sortes d'esprits suivant le trait dominant: ainsi il y a l'esprit éclatant, l'esprit piquant, l'esprit fleuri, jovial, etc. (voy. BEL-ESPRIT, ESPRIT FORT, etc.) Jb T.

tient qu'il en embrasse les opinions, qu'il en défend les principes, qu'il en épouse même les préjugés.

Mais esprit ne s'emploie pas seulement par rapport aux individus, il sert aussi à désigner collectivement les dispositions intellectuelles ou morales d'une nation ou d'une époque. Nous en donnerons deux exemples: le premier, ce sont les termes esprit national et esprit public dont il sera traité aux mots PATRIOTISME, NATION et OPINION PUBLIQUE; le second est celui qui fait l'objet de ce qui suit. S.

ESPRIT DU TEMPS. Chaque siècle a sa physionomie spéciale qui se révèle à la fois dans les actes et dans les écrits de l'époque c'est ce qu'on peut appeler l'esprit du temps. Pour n'en chercher d'exemples que dans notre histoire, les croyances superstitieuses, les légendes dévotes furent l'esprit des premiers temps de la monarchie; plus tard, ce fut la manie des croisades; puis, dans le moyen-âge, la chevalerie et les productions qu'elle inspira. Dans le xviR siècle, avec les guerres de religion arrivèrent les discussions théologiques; au XVII, les esprits se tournèrent principalement vers la littérature, et la piété même dut avoir l'éloquence pour compagne. Une autre spécialité du grand siècle, ce fut l'adulation générale pour le grand roi; adulation qu'on trouvera pourtant excusable en songeant qu'elle tenait à une admiration sincère, que la monarchie était encore un objet de culte, et que Louis XIV ne se trouvait pas le seul, à beaucoup près, qui pensât de bonne foi que l'État c'était

lui.

e

On sait assez que, dans les dernières années de ce siècle, l'hypocrisie et le bi

gieux. Par une réaction naturelle, la licence des mœurs et l'épicuréisme devinrent l'esprit du temps au commencement du siècle suivant.

Le mot esprit, outre l'acception spéciale et primitive qu'on vient d'expliquer, est employé encore de différentes ma-gotisme vinrent remplacer l'esprit relinières. Il est quelquefois synonyme d'humeur ou de caractère, comme dans ces locutions : il a l'esprit souple, c'est un esprit remuant. D'autres fois, il se prend pour la disposition, l'aptitude, qu'on a à Vers 1750, l'esprit philosophique, l'esquelque chose, et dans ce sens on attri- prit d'examen, surgit à son tour; mais bue à une personne l'esprit des affaires, ses graves productions n'empêchèrent l'esprit de chicane, l'esprit de parti (voy. pas que la littérature ne restât en PARTIS POLITIQUES). L'esprit de corps, grande partie frivole. Elle eut ses moainsi qu'on l'a vu au mot CORPS, est la des, comme la toilette : tantôt ce furent disposition d'un membre d'une corpora- les portraits, puis les synonymes, ention qui s'identifie tellement à la compa- suite les bouts-rimés, les histoires de gnie ou corporation à laquelle il appar-folles, etc. Par une bizarre inconséEncyclop. d. G. d. Monde. Tome X.

quence, ce siècle si peu croyant fut aussi, sous quelques rapports, d'une excessive crédulité. Les Saint-Germain, les Mesmer, les Cagliostro et d'autres charlatans habiles y trouvèrent de nombreux adeptes.

Dans la dernière partie du xvinR giècle, les idées de réforme sociale, d'améliorations politiques, de liberté civile et religieuse, firent à leur tour fermenter tous les esprits.

Fièvre d'indépendance, ardeur bellivif intérêt queuse et passion de la gloire, pour les débats politiques, enfin besoin de légalité et de calme, telles ont été, depuis 1789, les successives transformations de l'esprit du temps. Aujourd'hui, rassasié d'illusions de tout genre, blasé sur toutes les gloires de toute nature, il n'apprécie guère que le positif: l'industrie et le progrès sont ses nouvelles et moins poétiques divinités. Sera-t-il plus constant pour elles? L'avenir nous l'apprendra.

M. O.

|

prits furent justement réprouvés : ceux, d'abord, où l'on prétendait nous donner l'esprit de livres tout-à-fait dépourvus de ce mérite; ceux aussi, tels que l'Es prit de Montaigne, l'Esprit de l'Esprit des lois, où l'abréviation s'attaquait à un génie trop nerveux, à un ouvrage trop plein de choses pour se prêter à une sem→ blable opération.

Quelques-unes de ces compilations ont encore obtenu assez de succès au commencement du siècle actuel. Nous citerons entre autres l'Esprit de l'Encyclopédie, extrait de la volumineuse collection due à Diderot et à d'Alembert, qui, fait avec goût et judicieusement, pouvait suffire à une nombreuse classe de lecteurs. Les encyclopédies (voy.) elles-mêmes peuvent être envisagées comme destinées à offrir aux hommes qui, sans prétendre au titre de savants, recherchent l'instruction, l'esprit de la science ou l'esprit des bibliothèques.

[ocr errors]

La publication de ces abrégés est devenue beaucoup plus rare de nos jours. A quelle époque, cependant, seraient-ils plus utiles que dans celle où la prodi

Enfin le mot esprit est encore employé, en littérature, dans un sens analogue à celui qu'on lui donne en chimie (voy.plus loin), en sorte qu'il devient sy-gieuse multiplication des livres effraie nonyme d'essence. Nous devons nous arrêter un instant sur cette acception.

ESPRIT D'UN OUVRAGE. Ce genre de littérature facile fut en assez grande faveur dans le dernier siècle. Il est juste de reconnaître que ces sortes de compilations, quand le goût y a présidé, ne sont pas sans utilité ni sans agrément. Il est des auteurs qui, tout en traçant d'excellentes pages, se sont nui à eux-mêmes par leur prolixité; d'autres qui, dans des productions écrites spécialement pour telle époque ou telle circonstance, ont su consigner des observations ou jeter des traits qui méritaient d'y survivre. Recueillir, rapprocher ces fragments, c'est rendre service à la fois aux lettres et à ces écrivains.

les plus intrépides lecteurs? Mais, d'un autre côté, il faut, comme nous l'avons dit, pour extraire une œuvre littéraire, qu'elle puisse fournir au moins une certaine quantité d'esprit, et que l'hommage qui leur est rendu par leur titre ne risque pas d'être regardé comme une sottise ou comme une ironie. M. O.

ESPRIT (SAINT-). C'est, suivant la dogmatique chrétienne, la troisième personne de la très sainte Trinité, consubstantielle au Père et au Fils, qui procède de l'un et de l'autre, et qui, adoré avec le Père et le Fils, est, comme dit Bossuet, l'amour de l'un et de l'autre, et leur éternelle union. C'est cet Esprit qui fait les prophètes et qui est en eux pour

leur

découvrir les conseils de Dieu et les seC'est à ce titre que, malgré les cri- crets de l'avenir; Esprit dont il est écrit: tiques partiales ou peu fondées de Vol- le Seigneur m'a envoyé et son Esprit taire, furent bien accueillis du public (Isaie, XLVIII, 16), qui est distingué les divers ouvrages de cette nature ayant du Seigneur et qui est aussi le Seigneur pour titres: Esprit de l'abbé Desfontai-même, puisqu'il envoie les prophètes et nes, de Marivaux,de La Mothe-le-Vayer, qu'il leur découvre les choses futures. et quelques autres. Cet Esprit, qui parle aux prophètes et qui parle par les prophètes, est uni au

En revanche, deux sortes de ces es

Père et au Fils, et intervient avec eux dans la consécration du nouvel homme (Discours sur l'histoire universelle, 2€ partie, chap. VI).

est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les prophètes; nous croyons en une seule Église, sainte, catholique et apostolique; nous confessons un baptême pour la rémission des péchés. Cet article de la foi catholique, qui avait précédé le concile de Constantinople, n'a cessé d'être professé par ceux qui en conservaient fidèlement le dépôt.

En 447,les églises d'Espagne ajoutèrent au symbole de Constantinople ces deux mots : et du Fils (filioque), après ceux-ci :

ferment l'enseignement du chap. XV, v. 26, de saint Jean: Lorsque le Consolateur, l'Esprit de vérité, qui procède du Père, et que je vous enverrai de la part de mon Père, sera venu, il rendra témoignage de moi, confirmé par beaucoup d'autres passages des livres saints. Les églises des Gaules adoptèrent cette addition et furent suivies de plusieurs autres, excepté toutefois de l'église de Rome.

Telle a toujours été la doctrine catholique, dès l'origine du christianisme, sur le Saint-Esprit. Il est dit dans le Nouveau-Testament (saint Luc, I, 35): « Le Saint-Esprit surviendra en elle (Marie), et ce qui naîtra d'elle sera le Très-Saint, le fils de Dieu. » Dans un autre passage (saint Jean, XIV, 26) Jésus-Christ promet à ses apôtres de leur envoyer le Saint-Qui procède du Père, parce qu'ils renEsprit, l'Esprit consolateur qui procède du Père et qui leur enseignera toute vérité. Enfin Jésus dit à ses apôtres (saint Matthieu, XXVIII, 19): « Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.» Tous les premiers disciples de l'Évangile reconnaissent et enseignent la divinité du Saint-Esprit. L'église de Smyrne, saint Justin martyr, saint Irénée de Lyon, Théophile d'Antioche, Clément Romain, Clément d'Alexandrie, Denis pape, Tertullien, Origène, Eusèbe de Césarée, Africain, Athénogène, saint Grégoire thaumaturge, Firmilien de Césarée, Mélèce d'Antioche (nommés dans le chapitre 29 du Livre du Saint-Esprit), ont rendu les honneurs divins à la troisième personne de la très sainte Trinité. Saint Basile parle de la doxologie, comme attestant la divinité du Saint-Esprit, et déclare qu'il n'en connaît pas la naissance dans l'Église*. Il aurait pu parler aussi de cette foule de cérémonies qui confirment cette croyance de l'Église, et qui nous viennent également des apôtres ou de leurs suc

cesseurs.

Aussi, lorsqu'on porta les premières atteintes au dogme de la très sainte Trinité, le concile de Nicée déclara-t-il | dans son symbole: Nous croyons au Saint-Esprit. Dans la suite, quand les Macédoniens se furent prononcés contre la divinité du Saint-Esprit, le concile de Constantinople déclara solennellement : Nous croyons au Saint-Esprit, Seigneur et vivifiant, qui procède du Père, qui

(*) Quam qui ab initio præscripserunt, tradideruntque posteris, usu semper simul cum tempore progrediente, ipsam longâ consuetudine in ecclesi is irradicaverunt.

Cette question fut agitée la première fois au concile de Gentilly, tenu en 767, et ensuite au concile d'Aix-la-Chapelle, en 809. Photius et Michel Cérularius, patriarches de Constantinople, reprochèrent vivement cette addition à l'Église latine, le premier en 866, et le second en 1043. Toutes les fois qu'il a été question de réunir l'Église grecque à l'Église latine, les Orientaux ont soutenu que les Occidentaux n'avaient pu légitimement faire une addition au symbole d'un concile général sans y être autorisés par la décision d'un concile général.

A cela l'Église catholique a une réponse bien simple: c'est que, si la foi est celle de l'Écriture et de la tradition, il faut la professer, et l'Église ne peut s'y refuser. Reste à savoir si la foi de l'Église romaine est fondée sur l'Écriture et la tradition; c'est le point de fait. Les Grecs, quand il s'est agi de leurs intérêts, ont consenti à chanter, avec les Occidentaux, l'addition du symbole, sans peut-être en adopter la croyance, comme au concile de Latran, 1215, et au concile de Lyon, 1274. Au concile de Florence, 1439, la plupart des prélats grecs et l'empereur signèrent la profession de foi des Latins. Mais l'histoire nous apprend que les signataires furent mal re

çus en Grèce, et obligés presque tous de révoquer leur signature.—Voir Sylvestre Sgyropulo, Vera historia unionis non veræ inter Græcos et Latinos, sive concilii Florentini, La Haye, grec et lat., 1660, 1 vol. in-fol., et quelques ouvrages de Léon Allacci, comme De occidentalis atque orientalis Ecclesiæ perpetua consensione libri tres, Cologne, 1648, in-4°; Jo. Henr. Hottingerus fraudis et imposturæ manifesté convictus, Rome, 1661, in-8°.

Le traducteur français de l'Histoire de l'Église, par L. Mosheim, s'exprime avec une grande amertume sur la conduite des Grecs au synode de Gentilly en 767: « Les Grecs, dit-il, blâmèrent hautement les Latins d'avoir corrompu par une interpolation manifeste un sym-bole qui servait de règle de doctrine à l'Église universelle, et traitèrent leur conduite d'impudente et de sacrilége. Ce fut ainsi que la dispute changea d'objet et passa de la matière aux mots interpolés. Elle fut poussée dans le siècle suivant avec beaucoup de violence; ce qui attisa les dissensions qui annonçaient déjà un schisme entre les églises d'Orient et d'Occident (VIIIe siècle, part. 2, chap. 3). » Voy. TRINITÉ, ARIANISME, SOCINIAJ. L. NISME, etc.

ORDRE DU SAINT-ESPRIT, Voy. SAINTESPRIT.

ESPRIT FORT. Dans nos langues modernes, les mots ne conservent pas toujours leur signification primitive: telle expression a été, en premier lieu, un éloge, qui, avec le temps, devient une critique ou une ironie. On en pourrait citer de nombreux exemples, parmi lesquels celui qui est relatif au terme faisant le sujet de cet article ne serait pas le moins remarquable.

Avant le siècle où vécurent Montaigne et Charron, les théologiens et les sectaires avaient jadis osé discuter sur les matières religieuses, les uns pour chercher à expliquer d'inexplicables mystères ou pour joindre au récit des livres saints leurs extravagants commentaires, les autres pour interpréter ces ouvrages sacrés dans l'intérêt de leurs nouvelles doctrines. Mais nul n'avait été assez hardi

les croyances, pour chercher à ébranler leurs fondements. Cette audacieuse entreprise ne fut point non plus tentée ouvertement par les deux hommes qu'on vient de citer: ils n'attaquèrent point de front la position si forte qu'occupaient à cette époque les dogmes et les idées reçues; ils cherchèrent à la tourner adroi→ tement, le premier, en rajeunissant les systèmes et les principes de la philosophie ancienne, le second, en vantant aux esprits fatigués des querelles théologiques les douceurs de l'oreiller du doute et la sagesse du scepticisme. C'en était bien assez déjà pour que l'on s'étonnât de leur témérité. On les nomma donc esprits forts, et ce fut, sinon un hommage de la multitude croyante, du moins une constatation de l'impression que faisait sur elle cette opposition aux idées générales, cette protestation de deux écrivains contre la société entière.

Plus tard, Bayle et La Mothe-leVayer s'avancèrent, à la suite de Montaigne et de Charron, dans cette route encore peu frayée, et le même nom leur fut donné par le public, sans qu'on y attachât aucun sens dérisoire.

Mais ce nom, appliqué seulement jusque-là à un petit nombre d'hommes de talent, tenta bientôt l'amour – propre vulgaire d'autres hommes, sans mérite, mais non sans prétentions, de même qu'il sembla à des jeunes gens sans principes un moyen d'ennoblir leurs vices et leurs débauches. Ils se proclamèrent donc eux-mêmes esprits forts, et, 'dès lors, ce qui avait été une distinction ne fut plus qu'un ridicule. La verve frondeuse de La Bruyère acheva d'imprimer ce stigmate aux esprits forts dans le chapitre où s'occupa d'eux ce grand moraliste. Convenons d'ailleurs qu'ils n'avaient pas beau jeu dans un siècle où la religion comptait des défenseurs tels que les Bossuet, les Fénélon, les Bourdaloue, etc.

Aussi le titre fut-il tellement décrié que, depuis ce temps, nul ne voulut se le donner, ou accepter ce qui n'eût plus été qu'un sobriquet. Même lorsqu'ils reparurent en nombre sous le règne suivant, les nouveaux esprits forts se gardèrent bien d'adopter ce nom déconsipour élever un drapeau hostile à toutes | déré : philosophes ou penseurs, tel fut

« ÖncekiDevam »