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gis « Il se sentit guéri ou beaucoup mieux » après avoir touché ou baisé ces saintes reli» ques; mais, la maladie étant revenue par sa » faute, il fit ses dernières dispositions, et >> mourut le 3 janvier 1321. »

On assure que les premières religieuses de Longchamps vécurent dans la plus grande humilité; mais, vers le milieu du xvi. siècle, elles s'étaient singulièrement relâchées de l'austérité de la règle de saint François. On voit dans l'Histoire de Paris, qu'Henri IV, séjournant dans ce couvent, devint amoureux d'une jeune religieuse, nommée Catherine de Verdun; qu'il la récompensa de ses faveurs, en lui donnant l'abbaye de Saint-Louis de Vernon, et nommant son frère président au parlement de Paris; et que cette religieuse lui laissa un souvenez-vous de moi.

Voici ce que dit saint Vincent-de-Paule dans une lettre latine adressée au cardinal Mazarin, et publiée pour la première fois par M. Delort «Il est certain, écrit-il, que déjà de

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puis deux cents ans ce monastère a marché

>> vers la ruine totale de la discipline et la dé>> pravation des mœurs.

Tome vi, page 238.

; on

» Les parloirs sont ouverts au premier qui » se présente, même aux jeunes gens non pa» rens : là, les religieuses accourent quand il » leur plaît, seules et sans témoins, le plus » souvent malgré les ordres de l'abbesse » a même remarqué qu'il y avait dans ce lieu » de petites fenêtres, au péril certain des » jeunes vierges. Les frères mineurs recteurs » du monastère n'arrêtent point le mal : bien plus, ils l'aggravent eux-mêmes, car ils >> avouent hautement qu'ils s'y introduisent » pendant la nuit à des heures indues, pour » s'y entretenir avec les soeurs. L'un d'entre >> ces frères a été trouvé la nuit dans une cel» lule, où il avait été introduit par l'une des

>>

plus jeunes religieuses. Plusieurs autres in>>troduisirent aussi de la même manière des » jeunes gens dans le couvent.

» L'abbesse avait interdit à une des jeunes » soeurs une familiarité coupable, et des en» tretiens fréquens et scandaleux avec un jeune >> homme d'une haute naissance, mais de moeurs » corrompues; le père provincial autorisa cette >> familiarité et ce sentretiens, comme elle le dé>> clara elle-même devant toute la communauté >> et en présence du père provincial lui-même ;

» et le bruit est que le provincial reçut du jeune homme une somme considérable pour >> prix de sa complaisance.

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>> Souvent les frères ouvrirent à des laïques >> des entretiens secrets dans les confessionaux, >> destinés à l'expiation des péchés, contre la » volonté et les défenses formelles de l'abbesse. >> Il est constant encore que, lorsque la » guerre força le couvent tout entier à se réfugier dans la ville, la plupart des religieuses » se livrèrent à toute espèce de scandale, en se >> rendant seules et en secret dans les maisons » et dans les chambres de ceux qu'elles dési»raient voir. Un ecclésiastique avertit l'ab>> besse de ce désordre; elle répondit qu'elle >> ne pouvait réprimer le mal, et le pressa fortement d'en faire la tentative lui-même; mais » les soeurs lui répondirent avec irrévérence » et d'une manière scandaleuse, etc.'. >>

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Nous pourrions rapporter ici beaucoup d'autres passages de cette lettre; car le bon Vincent-de-Paule nous en a encore laissé le tableau le plus naïf de leur coquetterie et de leurs brillans atours : « La plupart, dit-il, por

I

1 Mes Voyages aux environs de Paris, par M. Delort. La lettre est du 25 octobre 1652.

>> tent des vêtemens immodestes et indécens; >> elles se montrent aux parloirs, brillantes de >> couleurs empruntées; elles portent des mon» tres d'or.» Mais en voilà assez pour faire connaître quel était alors l'esprit des religieuses de Longchamps.

Plus tard, l'abbaye de Longchamps acquit un autre genre de célébrité : on s'y rendait en foule le mercredi, le jeudi et le vendredi saints, pour assister à une espèce de concert spirituel, où se faisaient entendre, dans les leçons chantées aux ténèbres, les voix les plus mélodieuses. L'archevêque crut voir dans ce pèlerinage un acte de curiosité autant que de dévotion; on dit même qu'ayant eu connaissance de désordres arrivés dans l'église il interdit la musique. L'église devint déserte; mais la promenade n'y perdit rien; et, jusqu'à l'époque de la révolution, on vit ces mêmes jours, dans les allées du bois de Boulogne, et jusqu'aux portes du couvent, tout ce que Paris et la cour pouvaient offrir de plus riche et de plus brillant dans tous les genres. Plus d'une fois des Anglais, quittant leur gravité britannique, passèrent le détroit pour venir rivaliser de luxe et de folie avec les plus riches seigneurs

du temps. On en a vu traînés par des chevaux ayant aux pieds des fers d'argent, élevés sur des chars dont les roues étaient aussi garnies en même métal.

Mais c'est surtout chez les femmes que se faisait remarquer cet esprit de rivalité qui leur est si naturel; c'est là que, pour conquérir des suffrages, elles venaient étaler les plus riches parures, et le mérite de leurs habits et de leurs équipages.

L'abbaye de Longchamps fut vendue et démolie pendant la révolution; on sent aussi que les brillantes promenades durent cesser. Mais, sous le consulat de Bonaparte, Longchamps fut plus que jamais l'objet d'un faste que chacun put dès-lors mettre en évidence. On n'y vit plus de seigneurs ou de princes: on y vit des banquiers. Les dames de la cour et les maîtresses des princes ne s'y disputèrent plus les suffrages; mais de riches et jolies parvenues vinrent en voiture passer en revue devant le public à pied; en sorte que, sous l'empire des consuls, Longchamps rappela les temps les plus brillans et les plus vaniteux de l'ancienne monarchie. Là finirent les beaux jours de cette réunion fameuse.

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