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Tout l'édifice ne formait qu'une seule masse oblongue, placée placée sur une espèce de terrasse entourée d'un large fossé.

Comme le château de Madrid est depuis longtemps détruit, je vais rapporter la description qu'en laissa, en 1576, l'architecte Ducerceau, dont le langage naïf et suranné semble convenir admirablement au monument dont il parle1. « Tout l'édifice, dit-il, n'est qu'une masse, >> et consiste en ce qui s'ensuit :

Premièrement, à chaque étage est une » salle garnie d'une petite sallette, en laquelle » est une cheminée royale: derrière icelle » cheminée il y a un petit escalier, par où l'on » monte l'étage sans être vu; le plancher de la >> sallette est élevé seulement de la moitié de la >> hauteur de la grande salle, y ayant au-dessus » comme une chapelle ; cette sallette sert de >> retraite pour les princes, et ont leur regard >> tant l'une que l'autre sur ladite grande salle; >> aux deux côtés, il y a huit chambres et quatre garde-robes, quatre avec deux garde-robes » de chaque part, servantes de commodité. » Par le dehors, règnent autour, tant au

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» premier qu'au second étage, allées en gale>>ries ouvertes à arcs voûtés à plat, et au>> dessus d'icelles, qui est le troisième étage, » terrasses régnantes également ès-coins des >> susdites quatre chambres et garde-robes, >> qui font de chacun son côté un corps de bâ» timent; y a un petit pavillon quarré en sail» lie, outre les galeries, dans chacune des» quelles à savoir, aux quatre prochains de la >> salle est une montée, et aux quatre autres » des garde-robes; entre les deux qui sont » aux bouts, y a encore une tour de chaque » côté, esquelles est une vis fort bien et in>>dustrieusement faite, principalement l'une » d'icelles qui doit être soigneusement remar» quée entre artisans, et mise en leurs tablet»tes; au-dessus des terrasses sont aussi deux » étages avec les galetas, et est ce bâtiment » couvert de plusieurs pavillons entrelacés les >> uns aux autres, et le tout si bien simétrié, » tant en son plan qu'enrichissemens , que >> rien plus fait au reste la plus grande partie >> des enrichissemens du premier et deuxième » étage, par le dehors de terre esmaillée.

» La masse est fort éclatante à la vue, d'au>> tant qu'il n'est pas jusqu'aux cheminées et lu

» carnes, qui ne soient toutes remplies d'oeu»vres mais, outre ce que dessus, une chose >> me semble digne d'admiration, de voir les >> offices pratiquées dessous, en même sorte et >> manière de commodités que le dessus, et >> icelles toutes voûtées, ayant leur jour des»cendant du haut par quelques quadres aussi » pratiqués au rez de terre, répondans iceux

jours chacun en son endroit de l'office; m'é>> tant advis qu'entre les singularités remar

quables des bâtimens exquis de la France, » les offices de ce lieu doivent être tenus pour » les principales de toutes. Le roi François, >> premier du nom, fait faire cette maison, la» quelle est accompagnée d'un parc contenant >> deux lieues de tour ou environ; et, pour vous >> faire entendre que ce lieu est digne d'être vu » et considéré, je vous en ai désigné particuliè>>rement quelques enrichissemens des choses plus singulières du dedans. >>

Le château de Madrid était en effet très-remarquable par ses ornemens. Les galeries, les façades, étaient en grande partie revêtues de briques recouvertes d'émail, ou plutôt de pièces de faïences ornées de dessins; ces briques, leur vernis et leurs dessins étaient

l'ouvrage du célèbre Bernard de Palissy, un des hommes les plus honorables du xvI. siècle, par son talent, son génie et son courage civil; on appelait vulgairement cet édifice le Château de faïence.

On a admiré le point de vue que présentaient les galeries du château, d'où l'oeil s'étendait d'un côté sur tout le bois de Boulogne, sur le rideau de Saint-Cloud, jusqu'au-dessus de l'observatoire, et de l'autre, sur la Seine, Puteau, Suresne, le Mont-Valérien, etc.

On connaît le goût de François 1. pour le faste et la magnificence; on dit qu'il paya jusqu'à vingt-deux mille écus, somme alors énorme, une tapisserie en soie et en or représentant le triomphe de Scipion, et dix-huit mille écus une autre représentant la vie de saint Paul; mais ici François I. avait son but.

Avant lui, les hommes seuls formaient la cour des rois de France; les femmes vivaient dans leurs terres; il voulut aussi les attirer près de lui parce qu'une cour sans femmes était une année sans printemps et un printemps sans

roses.

Henri II hérita des goûts de son père pour le château de Madrid. Il le fit augmenter de

deux pavillons; c'est là qu'il passa une partie de sa vie avec sa Diane de Poitiers. Cette femme très-galante, mais plus sanguinaire encore était l'instrument que le cardinal de Lorraine employait pour diriger l'esprit du roi, et le porter à persécuter les protestans.

Charles IX aimait aussi à se retirer avec sa maîtresse, dans les sombres appartemens de Madrid.

Henri II le réservait pour d'autres plaisirs : il y faisait élever des lions, des ours et d'autres bêtes sauvages, qu'il se plaisait à voir combattre avec des taureaux; mais une nuit il rêva que ces animaux voulaient le dévorer; à son réveil il les fit tous tuer, et les remplaça par des meutes de petits chiens voilà le prince entre les mains duquel flottaient les rênes de l'Etat après la sanglante catastrophe de la Saint-Barthélemi.

Dès lors, le château de Madrid commença а être abandonné; Henri IV le donna à la reine Marguerite; plus tard, il fut démeublé; on cessa d'y faire des réparations, et Louis xvi en ordonna la vente et la démolition. On ne voit plus aujourd'hui, dans l'emplacement qu'il occupait, qu'une jolie maison de campagne,

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