West. C.247. DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE (1789), PAR VILLIAUMÉ. Custodi innocentiam, et vide æquitatem : DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. LIVRE PREMIER. (DE 1774 AU 4 MAI 1789.) État de la France au dix-huitième siècle. · - Convocation des États généraux. - Elections. Calme et dignité du peuple. I. On se propose ici d'écrire l'histoire de la révolution française, depuis l'année 1789 jusqu'à l'année 1796; on ne parlera des temps antérieurs qu'autant qu'il est nécessaire pour expliquer les causes de ce grand événement. Les rois de France, d'abord électifs et simplement chargés de l'exécution des lois faites par la nation, devinrent peu à peu héréditaires et absolus: ils abusèrent du pouvoir. On connaît et l'on n'oubliera jamais le pompeux égoïsme de Louis XIV, qui disait : « L'État, c'est moi..... » et qui sacrifia des millions d'hommes à son orgueil et à ses caprices. Louis XV, qui n'avait aucune de ses qualités, le surpassa dans ses vices. Louis XVI monta sur le trône en 1774; alors les lois n'étaient point l'expression de la volonté générale, et n'avaient que trop rarement pour but la satisfaction des intérêts du peuple. Le roi se trouvait, avec ses courtisans, le seul législateur: il n'y avait qu'arbitraire et provisoire. Le royaume était divisé en provinces dans l'ordre politique; en gouvernements dans l'ordre militaire; en diocèses dans l'ordre ecclésiastique; en bailliages et ressorts de parlements dans l'ordre judiciaire; en généralités dans l'ordre administratif dans l'ordre des contributions, on comptait des divisions encore plus nombreuses. Par conséquent, chaque localité était tiraillée par huit ou dix régimes différents ou opposés, variant à chaque instant dans le choc des passions individuelles. Les priviléges particuliers, les barrières des villes, les péages multipliés, les douanes intérieures, entravaient le commerce et l'industrie. Une pièce d'étoffe, fabriquée dans le nord de la France, n'arrivait dans le midi qu'après avoir payé des droits onéreux dans chacune des sept provinces qu'elle traversait. Le roi, les grands, disposaient arbitrairement de la liberté des citoyens. Quand un homme leur déplaisait, il était enlevé sans aucune forme de procès, jeté à la Bastille ou dans un autre cachot. Là, il passait quelquefois sa vie entière dans l'isolement et l'oubli absolus. La population était d'environ vingt-cinq millions |