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et trois heures quand les bannières des députations des armées de terre et de mer, et de tous les départements furent rassemblées. Une demiheure après, la famille royale arriva, sa présence fut annoncée par une salve d'artillerie et par les cris mille fois répétés de vive le roi! vive la nation!

Depuis le matin des averses de pluie qui se renouvelaient à chaque instant, avaient d'abord fait craindre que la cérémonie n'en souffrît; cependant les spectateurs et le cortége avaient pris gaîment leur parti. Mais à l'instant. où le serment allait être prêté, les nuages se dissipèrent, le soleil, qui ne s'était pas montré de la journée, vint éclairer une des scènes les plus imposantes, les plus majestueuses qui puissent jamais embellir les annales d'aucun peuple. En présence de trois cent mille spectateurs, devant la France présente par ses députés, ses représentants et les délégués de ses guerriers de terre et de mer, M. de Lafayette traversa le Champde-Mars l'épée à la main, à la tête de l'étatmajor de la garde nationale, et sur l'autel de la patrie, prêta le serment de fidélité au pacte fédératif. Quarante coups de canon annoncèrent ce serment solennel, qui fut répété bientôt par

le président de l'assemblée, chaque député, et par le roi.

Je n'ai dit que quelques mots de cette cérémonie, je ne chercherai point à la décrire. Des plumes plus éloquentes que la mienne ont tenté de le faire avant moi ; j'ai la conviction intime qu'elles n'y ont pas réussi, et j'en prends à témoin tous ceux qui, ont assisté à la fédération. Il est des choses qu'aucune expression ne peut rendre, et contre lesquelles viendront toujours échouer la magie du style et le talent de l'écrivain, la fédération du 14 juillet est de ce nombre. Après avoir peint en détail et les parties du cortége, et les costumes des acteurs, et l'aspect du Champ-de-Mars aux différentes heures de la journée, on n'aurait rien fait encore; il faudrait donner une idée des émotions que cet ensemble majestueux, ces serments solennels prêtés à la patrie et consacrés par la religion, inspiraient à ceux qui en furent témoins, et exprimer les espérances qu'ils firent naître et qui devaient être si cruellement dé=

çues.

Quoi qu'il en soit, la fédération eut pour le moment l'effet qu'on s'en était promis; elle créa un esprit public en France, et donna aux

états de l'Europe la mesure de ce que pourrait faire un peuple capable de déployer un si noble enthousiasme, si l'on voulait attenter à ses droits et se mêler de ses affaires.

CHAPITRE XII.

Mirabeau. moulins. cour.

· Une soirée chez Camille Desmoulins.

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Madame DesSes pourparlers avec la

Maladie de Mirabeau. Barnave et Ch. Lameth.

L'abbé Maury. - Cabanis.
Cérémonie funèbre.

- L'opium. - Mort de Mirabeau.

-

MIRABEAU s'était présenté à la tribune natio= nale tout couvert des blessures de l'ancien régime, les mains encore saignantes des chaînes où on l'avait attaché, l'imagination tourmentée du souvenir de ces cachots humides où il était resté si long-temps prisonnier, des cruautés de ses geoliers, de l'insolence des agents du gouvernement. Ces souvenirs de persécution étaient trop récents pour qu'il ne confondît pas dans

sa colère la royauté, et les hommes que cette royauté mettait en action. Aussi le voit-on se jeter avec une sorte de fureur sur le pouvoir royal, l'attaquer corps à corps comme un ennemi, lutter avec lui, chercher à le blesser, et sourire des coups qu'il lui portait, bien moins dans l'intérêt de ses concitoyens que pour satisfaire sa fièvre de vengeance. Mais la colère d'une ame aussi ardente passe bientôt; enivré de sa victoire, tout orgueilleux d'une lutte qu'un homme seul a soutenue contre un ennemi jusqu'alors invulnérable, et des applaudissements que lui ont prodigués les spectateurs, et peut-être ému des plaintes et des gémissements de la royauté vaincue, il songea enfin à lui donner la main. et à la relever du champ de bataille, surtout quand il vit une populace sans vêtement, ignoble, s'appelant du nom de souverain, se jeter sur cette royauté qu'un autre avait terrassée, pour la frapper à terre, et se partager la pour pre qui la couvrait. Ce n'était pas là le compte de Mirabeau, qui voulait une royauté forte, puissante, mais sans moyens de despotisme.

Quelques jours avant le 10 août, il avait fait sa paix avec la cour, et promis d'employer son immense talent à défendre désormais la royauté TOME I.

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