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tables, et ses projets étaient alors pour moi, ce qu'ils devaient être sans doute pour une foule de contemporains, un un véritable pro

blème.

CHAPITRE XIV.

Barbaroux. Son ode sur les volcans. Ses projets.

république du midi. - Les Marseillais.

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PARMI les personnes que je voyais habituellement chez madame Roland, j'avais dû distin= guer Barbaroux, qui faisait l'un des ornements de cette société. Enthousiaste de la liberté, possédé du délire de toutes les idées nouvelles, et s'applaudissant d'être né dans un siècle de régénération morale et politique, Barbaroux réunis= sait à toute l'impétuosité des têtes du midi, les connaissances qui résultent d'une excellente éducation, et d'un esprit sémillant et vif, Sa belle physionomie, sa taille imposante attiraient l'attention que bientôt ses discours captivaient

èntièrement. Sa diction cadencée et qui n'était pas exempte de prétention, avait assez souvent les formes oratoires, et l'on eût dit que dans un salon où l'on se plaisait à l'écouter, il s'exerçaitR à ces brillantes improvisations dont retentit la tribune nationale. Doué de toutes les qualités, de tous les talents qui font l'homme aimable, cinquante ans plutôt Barbaroux eût porté sa brûlante énergie sur les lettres, qu'il cultivait avec succès, sur les sciences naturelles, qui avaient fait le bonheur de ses premières années, et sans doute sa réputation comme écrivain, comme savant, eût égalé, eût surpassé peutêtre celle qu'il obtint comme politique. Une carrière de bonheur et de gloire lui était réservée; mais lorsqu'une révolution qui s'annonçait par de si grands événements éveillait toutes les prétentions, excitait tous les enthousiasmes et donnait des espérances à la médiocrité même, pouvait-on croire qu'une ame pareille à celle de Barbaroux resterait insensible au milieu d'un mouvement aussi rapide et aussi général? il s'élança avec la rapidité de l'aigle au milieu du tourbillon qui allait l'engloutir. La hache de la révolution devait bientôt briser cet organe éloquent et sonore qui m'avait charmé tant de

fois, et faire tomber une tête dont la beauté sé= vère, selon l'expression de madame Roland, était comparable à celle d'Antinoüs.

Barbaroux, outre des talents acquis, possédait cette perspicacité qui fait pour ainsi dire deviner les hommes et aller au devant de leurs actions. Aussi, malgré sa jeunesse (il n'avait à l'époque dont je m'occupe que vingt-six ans), sa pénétration lui avait presque révélé dans Robespierre et quelques jacobins, les hommes qui devaient un jour étouffer en France la liberté naissante, et souiller par leurs forfaits la révolution. Il se lia bientôt avec tous ceux qui formèrent depuis, à la Convention, le parti connu sous le nom de Girondins, et qui succomba dans sa lutte contre la Montagne. Les talents et le caractère de ces républicains les ont rendus un objet de regrets pour la France, et on s'est plu à rechercher qu'elle eût été la direction des événements, s'ils eussent dominé la Convention, et triomphé de la Montagne. Il n'est pas dif ficile, selon moi, de s'en faire une idée. Peutêtre Louis XVI ne fût pas mort; le vote de la plupart des girondins et l'appel au peuple qu'ils invoquèrent, semblent être le garant de cette assertion. Il paraît également probable

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que la déchéance eût été prononcée. On ne peut juger aussi facilement des événements qui eussent suivi cette mesure. Le républicanisme bien prononcé de quelques girondins, les idées de monarchie constitution= nelle émises postérieurement à cette époque, par ceux qui ont survécu semblent laisser la question indécise. Ce qui est hors de doute, c'est que des flots de sang n'eussent pas inondé la France, et qu'une guerre de vingt ans n'eût point été pour elle le principe de ses triomphes et de ses désastres.

A l'aspect du conflit des prétentions de l'Assemblée et des résistances de quelques hommes, Barbaroux et ses amis désespéraient quelquefois de la cause de la liberté en France. Ils parlaient alors de lui élever un autel dans le midi. Mais ces projets, fruits d'une féconde imagination ne se déroulaient que dans l'intimité, et en présence d'un petit nombre d'élus. Je les entendis souvent, et je contrastai les belles illusions qu'ils faisaient naître, par ma raison trop froide pour s'y livrer. La Provence, le Languedoc, le Vivarais, la plus belle partie de la France, en un mot, devait former une petite république dont on se complaisait à jeter les bases, à former

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