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les statuts. Je crois que cette riante utopie a fait passer à Barbaroux les heures les plus heureuses de sa vie. Il faut que j'en excepte cependant les instants où, mettant de côté les spéculations politiques, il revenait à la minéralogie, sa science de prédilection, ou à la poésie, pour laquelle il semblait être né. Je me rappelle lui avoir vu achever les dernières strophes d'une ode sur les volcans, pièce pleine de beautés du premier or= dre. J'ignore si elle a jamais été imprimée; à l'instant où Barbaroux nous la lut, il n'y avait pas mis encore la dernière main, et bientôt les événements politiques l'entraînèrent avec trop de rapidité pour qu'il pût se livrer à un travail qui demande un esprit calme et exempt de toute impression étrangère.

J'ai parlé des projets dont se berçaient Barbaroux et ses amis, relativement à une république du midi de la France. Des tentatives moins illusoires étaient en même temps prépa= rées par leurs soins, et devaient avoir, j'aime à le croire, un résultat moins terrible que journée du 10 août, qui en fut le premier fruit. Le désir de faire exécuter les décrets de l'Assemblée, dont le veto de Louis XVI suspendait l'exécution, engagea Barbaroux à faire venir à

la

Paris un bataillon de Marseillais, destiné à être le premier élément d'une insurrection dont le terme ne pouvait être et n'était pas exactement calculé. Il écrivit à cet effet, et à son appel accourut cette terrible phalange qui devait avoir tant d'influence sur les événements de l'époque, sur les destinées de Louis XVI et celles de la France.

que

Barbaroux n'avait demandé que six cents Marseillais; il en arriva trois fois autant, et il devait s'y attendre. Sans parler de l'exaltation qui enflammait alors toutes les têtes, sans mettre en ligne de compte la turbulence méridionale, on pouvait croire la nullité du commerce à cette époque, et l'oisiveté qui en résultait pour la population, renforceraient les rangs de la cohorte destinée à combattre la royauté. Barbaroux avait été prévenu de son départ, le jour même où il avait eu lieu, et parlait journellement avec enthousiasme de son arrivée, dont il se promettait les plus puissants résultats. D'après un plan concerté depuis quelque temps, le jour même de cette arrivée l'attaque des Tuileries devait se faire, mais avec calme, sans verser une goutte de sang et dans le seul but avoué de camper dans le jardin, de bloquer le château, et

TOME I.

II

d'obtenir de Louis XVI la sanction des décrets de l'Assemblée. Pouvait-on se promettre que les choses se passeraient paisiblement, et les chefs de l'insurrection l'espéraient-ils euxmêmes? On peut en douter, et tout en rendant justice alors à leurs intentions, je ne partageai ni leurs illusions, ni leurs projets.

L'événement a prouvé combien cruellement ils s'étaient trompés. On connaît les rixes sanglantes qui signalèrent aux Champs-Élysées le jour de l'arrivée de la cohorte marseillaise. Personne n'ignore les résultats de la funèbre journée du 10 août. J'aurai bientôt occasion de revenir sur ce triste épisode de la révolution. Les détails qui en marquèrent le cours ont reçu trop de publicité pour que je les raconte. Je les énumé= rerai sommairement, me bornant aux réflexions qu'ils m'inspirèrent.

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« Je vous attends ce soir, à sept heures: je » veux vous lire une de mes productions, vous » me direz votre sentiment, sans détour, sans » ménagement, sans craindre de blesser mon » amour-propre d'auteur, dont j'ai fait d'avance » le sacrifice. Nous serons en petit comité; >> mais ne croyez pas que j'aie choisi mes juges, je les prends au contraire sévères, rigides et même moroses. Adieu, je compte

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» sur vous.' »>

Je reçus ce billet le 11 juin au matin. Če

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n'était pas la première fois que madame Roland m'appelait à ses soirées, où se réunissait tout ce qu'il y avait d'hommes illustres dans les arts, dans les lettres, dans des sciences, et que fréquentaient de prédilection les girondins. On connaît les talents, les malheurs, le courage insigne et la mort glorieuse de cette femme. C'était Aspasie, mais Aspasie joignant aux grâces du langage, aux dons brillants de l'ima= gination, les vertus modestes d'une jeune fille de village, simple, pleine de bienveillance pour tous ceux qui l'approchaient, racontant avec bonheur infini, mais séduisante aussi lorsqu'elle écoutait.

un

Je fus exact au rendez-vous déjà quelquesuns des juges dont elle m'avait parlé étaient rassemblés : c'était le poète Chénier, Bosc, ami intime de Roland, et qui s'occupait, je crois, d'histoire naturelle, Brissot, le député, à qui madame Roland avait voué une sorte de culte, et quelques autres qui m'étaient inconnus, auxquels vint se joindre plus tard M. Lemontey, qui cultivait les lettres avec passion, même au milieu des travaux de l'Assemblée constituante, dont il fut membre, et qu'il négligea un peu, non par indifférence pour la chose publique,

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