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ments dans toute la salle. C'est alors seulement que Pétion paraît; il invite cette populace à la modération, et se tournant vers le roi, il l'engage à se rassurer, et lui dit qu'il n'a rien à craindre. A cette insultante ironie, le roi se lève, et fixant sur Pétion un regard de mépris «L'homme de bien, monsieur, lui dit-il, qui a la conscience pure, ne tremble jamais. » Puis, saisissant la main d'un grenadier placé près de lui, et la posant sur son cœur : « Mon >> ami, ajoute-t-il, dis à cet homme s'il bat » plus vite qu'à l'ordinaire. »

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Il était cinq heures et demie, lorsqu'une deputation de l'Assemblée nationale, chargée de veiller à la sûreté du roi, arriva au château. L'affreuse saturnale durait encore, et Louis XVI refusait opiniâtrément sa sanction aux deux décrets, et le rappel des ministres. Les députés eurent les plus grandes peines à percer la foule et à se faire jour jusqu'auprès du roi, auquel ils assurèrent que l'Assemblée ne négligeait rien pour prévenir tout attentat contre sa liberté. « Vous le voyez, messieurs », leur répondit le roi avec douceur en leur montrant les hommes, les piques, les fusils, et les canons dont il était environné.

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Vergniaud voulut pérorer cette multitude, pour l'engager à se retirer..; mais sa harangue fut vaine et les factieux restèrent. Toutefois la présence des députés fut utile au roi, et leurs efforts parvinrent à les contenir.

Enfin, vers huit heures, lorsque cette popu= lace, plus fatiguée qu'enivrée des excès qu'elle commettait depuis plusieurs heures, commençait à montrer de l'incertitude et de l'irrésolution, le maire de Paris, Pétion, se présente à elle, et après avoir reçu de cette populace des témoignages de respect et de soumission.

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Peuple, s'écrie-t-il, tu viens de te montrer » digne de toi-même ; tu as conservé toute ta » dignité au milieu des plus vives alarmes : nul » excès n'a souillé tes mouvements sublimes; >> espère, et crois enfin que ta voix aura été en>> tendue. Mais la nuit approche; ses ombres » pourraient favoriser les projets des malveil» lants qui voudraient se glisser dans ton sein; peuple, retire toi. »

A ccs mots, la multitude obéissante s'écoule; le château est entièrement évacué; et à neuf heures, le silence de la stupeur avait déjà succédé au désordre et à la confusion.

Ainsi se passa la journée du 20 juin, journée

sans résultat, journée tristement célèbre par les outrages qui furent portés à la majesté royale, et qui préparèrent le terrible drame du 10 août.

CHAPITRE XXIV.

Le poète bourguignon.-Chénier.-Une lecture de Caïus Gracchus. - Les flatteurs.

Un jour, au moment où je m'y attendais le moins, je reçus la visite d'un de mes compa= triotes, qui se croyait le génie dés vers, rimait du soir au matin, souvent malgré Minerve, et venait m'assommer ensuite de la lecture de ses poétiques élucubrations; véritable monomane, qui ne rêvait que poésie, qui croyait qu'avec des rimes entremêlées on pourrait régénérer la France, éteindre les haines, assoupir la fureur des partis, et sauver le vaisseau de l'état; du reste bon homme, prenant le temps comme il

était, et joyeux pourvu qu'il pût mettre en vers toutes les constitutions qu'on nous donnait, ou qu'on avait le projet de nous donner, tous les décrets qu'enfantait l'Assemblée législative, et jusqu'aux réponses et aux discours du roi.

Cette fois il ne venait pas pour me lire ses productions, mais pour me prier de l'accompagner à une lecture que devait faire Chénier de son Caïus Gracchus. Je me laissai conduire, et nous voilà cheminant l'un à côté de l'autre, moi, cherchant toujours à le devancer, 'lui, faisant tous ses efforts pour m'atteindre, et me lançant par intervalles des bouffées de poésie, que je tâchais d'éviter en détournant la tête. Comme Chénier demeurait assez loin, force était d'en avaler quelques-unes : Esprit antipoétique,

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>> répétait-il ! c'est pour vous qu'Horace avait » écrit l'ode Profanum vulgus.... Vous

vous trompez, lui disais-je, j'aime les vers; >> mais quand je pense que tous ces poètes qui aujourd'hui chantent la circonstance, » demain, si la circonstance changait, change>> raient avec elle, et célébreraient le despo» tisme, peu s'en faut que je ne me brouille >> avec les Muses.

»Vous voilà bien avec vos préventions

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