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J'AVAIS suivi avec assez d'assiduité les séances de l'Assemblée législative depuis sa formation; mais à partir de l'époque du départ de Louis XVI et de celle de son arrestation, l'intérêt que de= vaient offrir ces séances m'attirait trop vivement pour que je pusse en passer une seule sans y assister. Il n'avait pas été difficile de prévoir que ces événements ne feraient qu'accroître les divisions qui régnaient déjà dans l'Assemblée, et motiveraient les haines et l'animosité qu'une TOME 1.

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partie de ses membres avaient manifestés contre le roi. En effet ceux qui, avant la fuite de Louis XVI, retenus par un reste de pudeur et de bienséance, n'avaient agi contre lui que sourdement et en excitant des insurrections, ne gardèrent plus dès lors aucune mesure, et firent retentirent la tribune nationale de leurs plaintes et de leurs menaces. Le mot de déchéance n'avait été jusqu'alors prononcé que par la foule et dans les pétitions qu'on pouvait supposer l'œuvre de quelques meneurs ; il devint le texte de discours furibonds, et dont les auteurs ne se bornèrent pas à réclamer cette mesure. En même temps, ils ne négligeaient au-dehors aucun des moyens dont ils s'étaient servis tant de fois pour influencer l'Assemblée et faire triompher leurs demandes. Le 15 juillet, je dus venoncer d'abord à assister à la séance; plusieurs membres avaient fait de vaines tentatives pour pénétrer; un rassemblement nombreux occupait toutes les avenues accueillait par de bruyantes acclamations les députés connus par leur exaltation-accablait d'injures et de mépris les constitutionnels et les amis de l'ordre. Je vis la foule s'ouvrir devant Robespierre, et le porter en triomphe jusque dans l'intérieur de la salle.

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Je vis la même foule se presser en masse devant l'entrée, pour l'interdire à quelques députés, parmi lesquels je distinguai Charles Lameth. Cependant l'arrivée de M. de Lafayette, à la tête d'un détachement considérable, finit par balayer cette populace, et désobstruer les avenues.

Je m'étais d'abord retiré ; je revins une heure après, et cette fois je pénétrai sans peine. Les tribunes étaient presque exclusivement occupées par des individus semblables à ceux de la horde que je venais de voir au-dehors quelques in= stants avant. Je ne décrirai pas cette séance: on devait y discuter le rapport de la commission d'enquête sur le départ de Louis XVI, portant. en substance qu'il n'y avait lieu à mettre le roi en accusation. Robespierre, Buzot, Vadier, Prieur de la Marne, et quelques autres le com= battirent avec véhémence. Il fut défendu par les constitutionnels et par Barnave surtout, qui, depuis le retour de Varennes, trahissait par ses discours, par ses démarches, les sentiments que lui avaient inspirés la présence et les malheurs de la famille royale. Cette lutte m'émut et m'in= téressa puissamment; je votai avec la minorité.

Malgré les succès des ennemis du roi à l'Assemblée, ils ne crurent pas leur triomphe assuré,

et voulurent se le procurer par les moyens qui leur étaient familiers. Le peuple de Paris, c'està-dire la réunion de tout ce que la capitale offrait de plus vil et de plus dépravé, dut représenter l'opinion de la France, appuyer celles des députés jacobins, et demander, par des pétitions et par des cris, le jugement de Louis XVI. A cet effet, de nombreux rassem= blements furent formés le 17. Je savais à quoi m'en tenir sur ces menées; j'avais eu la simplicité de croire dans le principe que ces mouvements étaient spontanés; mais depuis les premiers événements de ce genre dont j'avais été témoin, il m'avait été démontré que ces éléments impurs qu'on se plaisait à appeler le peuple, ne s'aggloméraient que par la volonté et l'impulsion de quelques individus qui en étaient l'ame, et qui tantôt se tenaient invisibles et cachés, tantôt agissaient ostensiblement. Je croyais connaître ceux qui devaient jouer les principaux rôles dans les événements qui se préparaient, et j'étais bien aise de les suivre. Je m'aperçus dès le matin, qu'il se formait dans une très grande quantité de rues, des pelotons de dix ou douze personnes qui paraissaient avoir un chef, se mettaient en marche, et bientôt se

réunissaient à d'autres pelotons. Le tout formait bientôt des masses assez fortes qui prenaient la même direction, et paraissaient se rendre au Champ-de-Mars. Le désir d'observer, et de me rendre compte de ce qui allait se passer, me porta à me diriger aussi du même côté. J'eus bientôt lieu de me repentir de ma curiosité. Comme j'approchais du Champ-de-Mars, la foule

en sortait et s'écoulait vers le centre de Paris en poussant des cris affreux. J'aperçus aux premiers rangs une femme, vêtue en Amazone, à laquelle on paraissait obéir. Un chapeau ombragé d'un panache tricolor couvrait sa tête, deux pistolets se croisaient sur sa poitrine et un long cimeterre pendait à son côté ; sa taille élégante était contenue par un spencer qui la dessinait, et sa robe, qui ne descendait qu'aux genoux, laissait voir une chaussure presque antique par sa forme, et consistant en bottines de maroquin rouge : c'était la fameuse Théroigne de Méricourt. On conduisait à côté d'elle deux hommes, dont un invalide à jambe de bois, qui paraissaient implorer une commisération sur laquelle on pouvait croire qu'ils ne devaient pas compter. Je demandai long-temps et vainement de quoi ils étaient coupables; on passait à côté de moi sans

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