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suivre des yeux jusqu'à ce qu'il se fût perdu au milieu de la foule qui remplissait la rue de Seine, et je m'éloignai le cœur plein d'une douce joie. Comme elle fut horriblement troublée deux jours après, quand j'appris la mort de ce prêtre infortuné, qui avait été reconnu, au carrefour Bussy, salué de son nom, et reconduit aussitôt en prison par la foule qui voulait l'égorger! Deux jours après, c'est-à-dire le 5, Maillard le portait sur ses registres sanglants : le peuple en avait fait justice. Je venais d'être député à la Convention; je me présentai chez Panis, non plus en suppliant, mais comme juge qui a droit de demander compte du sang de l'innocent. Panis, Sergent et tous les membres de la com= mission me jurèrent qu'ils n'avaient donné aucun ordre, et l'horrible Maillard m'offrit de jurer sur l'évangile qu'il avait, le 3, enfermé de nouveau l'abbé l'Enfant pour le sauver des mains du peuple, et que le 5, comme on lui ouvrait les portes de la prison, il avait été reconnu par plusieurs femmes qui l'avaient massacré. «< Foi » de Maillard, ajoutait-il, je vous dis la vérité, »

CHAPITRE XXVII.

Théophile Mandar. Sa conversation avec Robespierre au sujet des massacres des 2 et 3 septembre. Le Phare des rois. Le chant

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Les massacres du 2 septembre m'amènent à parler d'un homme dont le nom est inconnu à la plupart de mes lecteurs, et auquel il n'a manqué pour jouer un rôle extraordinaire dans nos trou= bles civils, qu'une stature un peu plus élevée et un corps un peu moins grêle, car il possédait tout ce qui peut faire un chef de faction: un or= gane magnifique, une voix tonnante, une impétueuse éloquence......, l'audace du regard unie

à l'audace des expressions; je veux parler de Théophile Mandar.

Il était vice-président de la section du Temple à l'époque du massacre des prisons. Enthousiaste de la liberté, il avait un des premiers marché à la conquête de la Bastille, et aucune des grandes solennités de notre révolution ne s'était passée, sans que Mandar n'eût payé de sa personne ou de sa voix. Il était franchement républicain et ne cachait pas son opinion; mais ce n'était pas d'une république à la Marat, fondée sur le sang, qu'il voulait. Aux journées des 2 et 3 septembre, on le vit se porter aux prisons, haranguer la multitude, parvenir à l'émouvoir et à sauver quelques-unes des victimes qu'elle avait déjà marquées dans sa vengeance; c'était peu pour Mandar il apprend qu'un grand conseil doit se tenir chez Danton, ministre de la justice, il forme le projet de s'y rendre.

:

Le conseil a lieu. Tous les ministres s'y trou vent à l'exception de Roland; Lacroix, président de l'Assemblée législative, les deux secrétaires, Pétion, Robespierre, Camille Desmoulins, Fa= bre, Manuel, Sergent, Panis, les présidents et les commissaires des quarante-huit sections et quelques hommes éprouvés s'y sont réunis.

A sept heures on passe dans un salon de la grande chancellerie; d'une voix unanime Danton est choisi pour président.

Danton réclame toute l'attention de l'Assemblée. Il s'agit de sauver la patrie, l'ennemi s'avance, Verdun est pris, Servan, le ministre de la guerre, vient de confirmer cette effrayante nouvelle.

Le président demande à chacun son opinion sur les mesures à adopter dans cette circonstance; des secrétaires recueillent ces opinions, que Danton discute avec calme, qu'il réfute ou qu'il approuve sans colère et sans passion. On eût dit un sénateur de l'ancienne Rome.

Quand le tour de Mandar fut venu, il se leva et s'adressant à Danton.

<< Danton, toutes les mesures de salut public » sont-elles prises?

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-)) Oui.

-

» Hé bien il est tems de s'occuper de nos >> affaires intérieures. J'ai vu le sang couler aux prisons de l'Abbaye; je l'ai vu couler à St.>> Firmin, aux Carmes; partout j'ai vu le sang » de nos concitoyens..., du sang sur les places >> publiques, du sang sur nos quais, du sang sur le seuil de nos monuments et jusqu'à

>> la porte du sanctuaire de notre Assemblée.... >> Pendant que nous délibérons, le sang coule >> encore dans Paris; il est temps d'en arrêter » l'effusion. Je propose que tous les citoyens » qui sont ici, ministres, députés ou autres, » se forment en autant de groupes qu'il y a » de prison, et se chargent, par l'autorité >> de leur éloquence ou par la force, d'ar» rêter ce torrent de sang, tache éternelle pour >> le nom français... >>

Danton l'écoutait impatiemment, mais Mandar bravant ses regards, continuait.

« Assieds-toi, cria tout à coup Danton ? >> cela était nécessaire..., me comprends-tu ? >> et laisse nous y va du salut de l'em

>> pire. >>

il ...9

Mandar reste debout, et apercevant Robespierre et Pétion, il les pousse de force dans la salle voisine, et leur parle ainsi.

MANDAR.

Robespierre, tu te rappelles que le 19 août tu demandas à la barre de l'Assemblée législative, au nom de la Commune et sous peine d'insurrection, qu'on organisât un tribunal pour juger les accusés dans l'affaire du 10 août?

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