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position, par la raison qu'elle était accompagnée d'une menace.

ROBESPIERRE.

Je me le rappelle, tu vins à la barre; Thuriot fut interrompu, tu improvisas une harangue véhémente et obtins l'établissement du tribunal dont j'avais sollicité la création.

MANDAR.

Ainsi tu peux juger de mes moyens oratoires.

ROBESPIERRE.

Oui; mais au fait...

MANDAR.

Hé bien, si Pétion et toi êtes de mon avis, Lacroix et les secrétaires sont de l'autre côté, nous allons les prévenir; si demain vous con= sentez à m'accompagner à la barre de l'Assem= blée, je prends sur moi de proposer d'imiter les Romains dans ces temps de crise qui menacent la patrie; et, pour arrêter sur-le-champ ces effroyables massacres, je demanderai qu'il soit

nommé un dictateur. Je motiverai ma demande; ma voix retentira comme le tonnerre; oui, pour faire cesser ces massacres, j'aurai l'audace de le proposer; il ne sera élu que pour vingt-quatre heures; il ne sera puissant que contre le crime. La dictature arrêtera le sang, les massacres cesseront...; ils cessserontà l'instant même.

ROBESPIERRE vivement.

Garde-t-en bien! Brissot serait dictateur.....

MANDAR.

O Robespierre! ce n'est pas la dictature que tu crains, ce n'est pas la patrie que tu aimes! c'est Brissot que tu hais!...'

Pétion ne proféra pas une seule parole pendant tout ce colloque.

Il faut avouer que voilà un caractère magni= fique, et que Mandar avait deviné tout entier Robespierre. Mais comment cet homme dispa= raît-il tout à coup de la scène; pourquoi son nom ne se mêle-t-il à aucune de nos émeutes popu= laires; lui qui aurait été si précieux pour les appaiser, pourquoi tombe-t-il dans l'obscurité avec cette voix entraînante, cet ame ardente, cet enthousiasme du génie que je lui ai connu ? je n'ai pu jamais m'expliquer ce mystère; j'ai connu toutes les grandes renommées de la Con=

vention, et j'ose affirmer que jamais il ne s'est offert à mes regards un homme plus éloquent que Mandar.

Je l'ai retrouvé long-temps après que nos troubles étaient apaisés; je l'ai vu en Suisse, où le chef du gouvernement français lui avait donné une mission il s'occupait alors d'une épopée qui devait avoir pour titre : le Phare des rois, dont il aimait à lire des fragments.Qu'on se figure vingt-quatre chants en prose coupés par versets, et où l'auteur, traitant de grandes questions politiques, semait son style de figures bizarres, sublimes; historien, poète et prophète, inspiré comme Isaïe dont il avait la force,le génie, les formes orientales. C'était là que se trouvait ce chant du crime qu'il avait refait au moins vingt fois, qu'il voulait imprimer un moment, et que Fouché inhuma dans les cartons de la police.

Napoléon sut que Mandar entretenait avec son ministre une correspondance à ce sujet, il demanda qu'on lui apportât le chant du crime:il le lut et voulut connaître l'auteur.

Maintenant qu'on se représente un petit homme de cinq pieds au plus, avec des ailes de pigeons, les faces poudrées, un chapeau tri corne, des jambes grêles, et un corps qui sem

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blait ne pouvoir résister au moindre coup de vent, la figure ridée et bégayant de la manière la plus comique. Tel il parut devant Napoléon, qui ne put réprimer un léger sourire...

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Quoi! c'est vous M. Mandar, dit Napoléon.

>> Oui Sire >> répondit emphatiquement Mandar en se redressant sur la pointe de ses pieds...

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Napoléon sourit de nouveau, et quelques jours après Mandar reçut une gratification de l'empereur.

« Vous avez eu peur, lui demandai-je, lors>> que vous parûtes devant Napoléon?...

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- » Moi!... j'étais plus grand que lui......, j'avais la taille d'un héros d'Homère, en lui parlant. >>

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J'ÉTAIS resté à Paris pendant toute la durée de l'Assemblée législative, je n'avais pris aucune mesure pour mon élection à la Convention, lors= que j'appris par les journaux que mon dépar= tement m'avait réélu. J'acceptai cet honneur et ce fardeau avec une sorte d'effroi. Les temps étaient difficiles, le rôle de législateur, à cette époque, périlleux; ce n'était plus des institutions décrépites qu'il fallait refaire, de vieux abus qu'on devait déraciner, des finances à

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