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s'étaient distingués par leur sagesse et leur modération; beaucoup étaient revêtus de ce sacerdoce qui abhorre le sang, et qui voit dans les rois une image de la divinité...; les. saturnales du 2 septembre avaient épouvanté quelques ames qui, avant peut-être, auraient reculé devant le meurtre d'un seul homme. De ce nombre étaient Fauchet, républicain ardent jusqu'au moment où la tête ensanglantée de la princesse de Lamballe apparut à ses regards; Manuel, qui n'était pas étranger à ces vengeances populaires, mais dont la foi jurée était invio= lable, et qui ne put pardonner à d'Orléans la mort de cette malheureuse princesse.

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Icı vient se placer le souvenir de l'une des plus horribles figures de la révolution, de cet homme hideux que j'eus pour collègue à la Con= vention, dont le fer d'une jeune fille trancha l'existence, et que j'avais entrevu au mariage de Camille Desmoulins, mais trop légèrement pour que ses traits ne fussent point effacés de ma

mémoire.

L'une des feuilles où Marat prêchait le meur= tre et l'incendie, me tomba dans les mains,

:

le jour même où j'apprenais ma nomination à la Convention Marat dénonçait à la France entière les choix de mon département comme un crime, et me prodiguait à moi, les expressions les plus dégoûtantes.

Je résolus de le voir.

On m'indiqua le no 1er de la rue St.-Honoré, espèce de lieu de prostitution, habité par des filles publiques et où Marat logeait ordinairement. J'arrivai par un escalier sombre et tor= tueux au quatrième étage : je frappai................., une voix faible, incertaine et semblable à celle d'une femme, me demanda mon nom : « Député à >> la Convention nationale,» répondis-je. Alors j'entendis le bruit de plusieurs clefs qu'on détachait de la muraille et qu'on passa à travers diverses serrures, et la porte s'ouvrit....

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M. Marat demandai-je? car le nom de citoyen n'était pas encore à la mode.

» C'est moi... »

Et je vis un homme de cinq pieds au plus, coiffé d'un sale bonnet de nuit, vêtu d'un man= teau déchiré et tombant en lambeaux, les che= veux relevés sur sa tête par une ficelle, le cou entouré d'un mouchoir de poche, les jambes enveloppées de bas de laine qu'aucune jarre

tière ne relevait, et exhalant de tout son corps une odeur de cloaque, la figure hérissée d'une barbe immonde, les paupières et les cils d'une couleur fauve, et la tête d'une grosseur énorme.

Je refusai de croire au témoignage de mes sens. Ce n'était pas là l'homme de St.-Sulpice. Je crus que j'avais mal compris et je répétai : « M. Marat?...

>> C'est moi, reprit Marat avec humeur, et me lançant un regard affreux, que

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voulez-vous?

L'appartement qu'occupait ce nain hideux, était digne d'un pareil hôte : un lit en désordre, des draps dégoûtants, un bureau à la Tronchin, inondé de papiers et d'encre, quelques mauvaises chaises, une pendule en bois, surmontée d'une petite guillotine: voilà quel était l'ameublement d'un homme qui faisait trembler la capitale.

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Quand je frappai, Marat causait avec un personnage dont la haute taille, la figure expres= sive, le ton honnête et les vêtements élégants contrastaient singulièrement avec celui qu'il était venu visiter. Dès qu'il m'aperçut, il s'écarta pour me laisser le champ libre.

Marat me présenta une chaise avec le mouvement d'un homme impatient de vous écon= duire; je m'assis tranquillement, et j'engageai le premier la conversation.

MOI.

Vous m'avez outragé dans votre dernier numéro de l'Ami du peuple, vous m'avez, dans votre homicide langage, dévoué aux poignards des hommes du 2 septembre, lâcheté d'autant plus grande que je suis prêtre.

MARAT.

Que m'importe?.. Votre état!.. vos opinions!..

MOI.

Vous n'êtes point appelé à me juger; je ne dois pas vous répondre.

MARAT.

Modéré, aristocrate, ami de ce Vaublanc qui voulait...

MOI.

Je n'ai point à vous rendre compte de mes opinions ni de mes affections.

MARÁT.

Je suis plus franc moi : guerre aux châteaux, paix aux chaumière!... une saignée aristocrati=

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