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vivait isolé de ses peuples, dont les cris ne parvenaient jamais jusqu'à ses oreilles. La plainte eût paru séditieuse, et les larines elles-mêmes auraient été regardées comme criminelles. Si quelquefois les Parlements, placés entre la nation et le roi, recueillaient ces plaintes et ces larmes, et les portaient au pied du trône, soudain on les accusait d'empiéter sur la prérogative royale, on les blâmait avec amertume, on flétrissait comme un acte d'hostilité cet acte de courage. Qu'arrivait-il alors? Le peuple prenait parti pour les Parlements, et ainsi s'affaiblissait son vieil amour et son antique respect pour ses rois : ajoutons que toutes ces luttes entre le monarque et les grands corps de l'état désenchantaient la royauté, lui ôtaient ce prestige qui en avait été jusqu'alors inséparable, affaiblissaient l'éclat de ces rayons qui brillaient autour du diadême, et laissaient voir la tête du prince, nue, sans orne= ment, et couverte de cheveux blancs comme celles du reste des hommes qui avaient vieilli. Quelquefois aussi on vit ces Parlements, qu'on nous représente comme les protecteurs nés du peuple et les gardiens de nos franchises, contra= rier, par une opposition systématique, les vues bienfaisantes du monarque. C'est ainsi que le

Parlement de Paris s'opposa de toutes ses forces au rachat du droit de corvée sur les grandes routes, qu'on exerçait trop violemment dans une province du royaume.

Les fautes des ministres, leurs mesures iniques, acerbes, ridicules, leur sotte vanité, leurs disputes avec les parlements du royaume, dé= considèrent le pouvoir; on vit naître tout à coup une nuée de pamphlets en vers et en prose, où l'on mettait en scène des hommes dont on avait dit du mal, mais secrètement; le mépris se mêla à l'indignation. On siffla ces acteurs; on leur eùt jeté de la boue, si on eût osé. Le retour des notables, qui avaient été convoqués à Paris, et dont on s'était moqué, vint irriter de nouveau les esprits; on ne gardait plus de ménagements; ces mots : les États-Généraux, étaient dans toutes les bouches. Le peuple, les nobles, le clergé les répétaient incessamment. Le Dauphiné surtout était le foyer d'une grande irritation; on crai= gnait une insurrection générale si le roi n'accé= dait aux vœux de la nation. Les Parlements pressaient le monarque, et ne lui laissaient pas de Les États-Généraux furent convoqués.

repos.

Je fus nommé député du bailliage de.... Je

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- Robespierre jeune. - Mademoiselle Robespierre. - Intrigues électorales. — Maximilien, député du bailliage d'Arras. — L'Antillette.

J'ÉTAIS bien aise d'arriver à Paris et d'y précéder de quelques jours l'ouverture de l'assem= blée dont j'allais faire partie, pour pouvoir, avant de me livrer tout entier à mes fonctions législatives, terminer quelques affaires parti= culières, renouer avec d'anciennes connais= sances que j'avais perdues de vue depuis bien des années, et me mettre au courant de la po= litique du moment. Je partis donc peu de jours

après ma nomination, et voyageai avec deux hommes que les mêmes fonctions appelaient à Paris, et qui, comme moi, étaient impatients d'y arriver des premiers. C'étaient Laloi, médecin, député du tiers-état du bailliage de Chaumont en Bassigny, et Aubert, curé du village de Couvignon, député du clergé du même bailliage. J'eus le bonheur, assez rare, d'avoir pour compagnons de route des personnes qui partageaient et mes opinions et ma pensée. A une grande facilité d'élocution, aux talents exigés par son état, Laloi réunissait des connaissances en histoire et en politique, plus étendues que ne pouvaient le faire supposer ses études particulières. Sa conversation était attachante, variée, et puisait un charme de plus dans les souvenirs et les récits de quelques voyages qu'il avait faits dans sa jeunesse. Le curé de Couvignon était moins instruit, avait par conséquent bien moins à dire; mais il était homme de bien, modeste, un peu confus même de l'honneur dont il était revêtu, du reste se promettant de le mériter par le zèle dont il servirait les intérêts, non-seulement de ses mandataires immédiats, les membres du clergé, mais encore les intérêts du tiers-état, et par conséquent de ses paroissiens, qu'il regardait TOME I.

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comme ses enfants. Je m'étais lié avec lui, pendant ma jeunesse, et je n'ai jamais cessé de l'estimer; plus heureux que moi il ne devait que passer sur notre scène politique, et en disparaître après la dissolution de l'Assemblée constituante, pour rentrer dans la vie privée. Il n'en fut point de même de mon autre compagnon de voyage, Laloi, qui siégea comme moi à la Convention, et comme moi prit part à un procès à jamais mémorable par la sinistre catastrophe qui le termina. Les connaissances administratives dont il fit preuve, le portèrent, après cette déplorable session, aux fonctions publiques, qu'il conservait encore dans les dernières années de l'empire.

Les trois autres personnes qui occupaient avec nous l'intérieur de la diligence, étaient un notaire, un négociant et un cultivateur : tous trois partageaient nos espérances sur les heureux résultats que devait produire la tenue des ÉtatsGénéraux, tous trois nous félicitèrent sur notre nomination, et pensaient nous voir de retour dans nos foyers au bout de quelques mois, après avoir contribué au grand œuvre de la régéné= ration du corps social. Qui pouvait croire en effet, à cette époque, qu'une assemblée appelée

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