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CHAPITRE XXXIII.

M. de Malesherbes. -Tronchet.-Target.-La marquise de Couge.

- Défense du roi.

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Le jeune Desèze. Les juges et les accu

sateurs. Manuel. — Lanjuinais. André Dumont.

Chabot,

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Le roi désigna pour ses défenseurs Tronchet et Target, l'un et l'autre avocats distingués du parlement de Paris et membres de l'Assemblée constituante, où ils avaient laissé de beaux souvenirs, amis d'une liberté sage et que devait immortaliser le vœu du prince. Target, effrayé, n'eut par le courage d'accepter, et renonça volontairement à une gloire immortelle : une des belles ames du dernier siècle s'offrit sur-lechamp pour le remplacer, c'était Malesherbes,

qui écrivit à ce sujet une lettre à la Con

vention.

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Appelé deux fois au conseil de celui qui >> fut mon maître, dans le temps que cette >> fonction était ambitionnée par tout le monde, » je lui dois le même service, aujourd'hui que >> c'est une fonction que bien des gens trouvent >> dangereuse. >>

Le roi versa des larmes, quand il apprit la détermination spontanée du noble vieillard. D'autres que Malesherbes avaient ambitionné l'honneur de défendre Louis XVI: c'étaient LalyTollendal et Malouet, qui, dès le mois d'octobre, avaient sollicité cette mission périlleuse, joyeux de répandre leur sang pour leur prince détrôné; Tronçon Ducoudray, qui unissait à un esprit sage et modéré, une science profonde de la lé gislation; Guillaume, l'héroïque auteur de la pétition des vingt mille; Huet de Gerville, Regnault de Paris; une femme même, Olympie de Gouge, voulut associer son nom à ceux de tant d'hommes illustres.

C'était le II que Louis XVI avait été interrogé. Tronchet et Malesherbes ne purent être introduits au Temple que le 14. Lorsque le monarque eut entendu prononcer leurs noms, il se leva et

se jeta dans leurs bras. Ils commencèrent surle-champ leur travail, tâche immense, au-dessus de leurs forces, et qu'ils ne pouvaient achever dans le peu de jours qui leur avaient été donnés; car, sur la motion d'un député, la Convention nationale avait décidé que l'accusé serait entendu, pour la dernière fois, le 26 décembre suivant. Ils obtinrent de s'adjoindre un nouveau défenseur leur choix, d'accord avec celui du monarque, tomba sur Desèze, jeune gloire du barreau, accoutumé à parler en public, et qui se sentait assez de courage pour défendre le roi à la Convention.

Le 26 décembre Louis fut de nouveau conduit à la barre, dans le même appareil de terreur. Il avait à sa gauche Tronchet, à sa droite Malesherbes et Desèze. Defermont, autrefois procureur à Rennes, présidait l'Assemblée.

Le président adressa la parole au roi.

« Louis, dit-il, la Convention a décrété que >> vous seriez entendu définitivement aujour>> .d'hui.

- » Mon conseil, répond le roi, va vous » lire ma défense. »

Alors le jeune Desèze se lève, et après avoir salué l'Assemblée, il commence ainsi :

<< Citoyens représentants de la nation, il est » donc enfin arrivé ce moment où Louis, >> accusé au nom du peuple français, peut se » faire entendre au milieu de ce peuple lui» même ; il est arrivé ce moment où, entouré >> des conseils que l'humanité et la loi lui ont

donnés, il peut présenter à la nation une » défense que son cœur avoue, et développer >> devant elle les intentions qui l'ont toujours » animé. Déjà le silence qui m'environne m'a» vertit que le jour de la justice a succédé aux jours de colère et de prévention; que cet acte >> solennel n'est point une vaine forme ; que le

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temple de la liberté est aussi celui de l'im>> partialité; que la loi commande, et que » l'homme, quel qu'il soit, qui se trouve réduit » à la condition humiliante d'accusé, est tou= » jours sûr d'appeler sur lui et l'attention et » l'intérêt de ceux mêmes qui le poursui=

>> vent. >>

Cet exorde simple et sans passion fut écouté dans le plus profond silence. Aucune voix des tribunes n'interrompit l'orateur.

Ce silence devint plus profond encore, lors= que Desèze annonça qu'il allait discuter le principe de l'inviolabilité.

« Prenez garde, dit-il, que si vous ôtiez à >> Louis l'inviolabilité de roi, vous lui devriez » au moins les droits de citoyen; car vous ne » pouvez pas faire que Louis cesse d'être roi >>> quand vous déclarez vouloir le juger, et qu'il >> le redevienne au moment de ce jugement que >> vous voulez rendre.

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Or, si vous voulez juger Louis comme ci= » toyen, je vous demanderai où sont ces formes >> conservatrices que tout citoyen a le droit imprescriptible de réclamer ; je vous deman= » derai où est cette séparation des pouvoirs, » sans laquelle il ne peut exister ni constitu» tion ni liberté ; je vous demanderai où sont >> ces juris d'accusation et de jugement, espèce » d'ôtages donnés par la loi aux citoyens pour >> la garantie de leur sûreté et de leur inno>> cence; vous demanderai où est cette faculté >> si nécessaire de récusation, qu'elle a placée » elle-même au-devant des haines et des pas= »sions pour les écarter; je vous demanderai où >> est cette proportion de suffrages, qu'elle a si >> sagement établie pour éloigner la condamna= >>tion ou pour l'adoucir ; je vous demanderai » où est ce scrutin silencieux qui provoque le >> juge au recueillement avant qu'il prononce,

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