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Chrysostôme....Depuis quand M. de Mirabeau est-il père de l'Église?

CAMILLE.

Ah! Mirabeau père de l'Église! la réflexion est bonne; je lui dirai : comme il rira.

LE CURÉ.

Riez vous-même tant que vous voudrez; mais la consultation, que vous n'avez pas lue sans doute, vous condamne : M. de Mirabeau parle de profession de foi extérieure ; c'est sur cette pro= fession de foi qui est imprimée que je vous juge en ce moment : voulez-vous vous rétracter, tout s'arrangera.

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Vous me le promettez ? En ce cas vous pour=

rez vous présenter quand vous voudrez; mais il faudra vous confesser.

CAMILLE.

Hé bien! je me confesserai, et à vous-même, M. le curé. Et il se confessa.

Retournons à la cérémonie. Tout se passa avec la plus grande décence. La jeune fille avait un beau livre d'heures qu'elle lut pendant toute la messe; Camille ne fut pas trop distrait. Au moment de les unir à jamais, le curé prononça un discours fort touchant sur les devoirs des époux; il ne le lut pas tout-à-fait dans le rituel, comme cela a lieu presque toujours : il improvisa et fut attendrissant. La jeune fille fondait en larmes et je vis les yeux de Camille se mouiller..... En ce moment un des témoins se pencha vers lui, murmura quelques mots et lui secouant le bras: Tu pleures, hypocrite, » dit-il. C'était Robespierre. Camille ne répondit rien : jouait-il la comédie? ses larmes étaient-elles vraies? c'est ce que je n'oserais décider.

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Mademoiselle Duplessis reçut environ dix mille livres en se mariant. Camille n'avait rien que son talent, qui lui rapportait alors mille à douze cents livres par mois : c'en était plus qu'il ne fal

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lait pour être heureux, car l'un et l'autre étaient sans ambition et n'avaient que des goûts simples. Madame Desmoulins donnait une soirée une fois la semaine; on ne recevait aucune invitation particulière, il suffisait de connaître Camille. La jeune femme était excellente musi= cienne; elle touchait du piano quand la conversation commençait à s'épuiser, et cela n'arrivait qu'assez tard; elle se mêlait souvent aux entretiens, s'exprimant avec une sorte d'enthousiasme sur tout ce qui la frappait ou l'intéressait vive= ment. Elle adorait son mari, et avait des petites colères fort amusantes toutes les fois qu'on s'ob= stinait trop long-temps à contrarier ses opinions: «Si vous chagrinez Camille, disait-elle en levant sa jolie tête ornée des plus beaux cheveux, vous n'aurez pas de mes petits gâteaux qui sont si bons. » Elle me menaça une fois de ne point me donner de sucre pour sucrer mon thé, parce que je soutenais que la France pourrait marcher avec une monarchie, et je ne sais en vérité si elle n'exécuta pas sa menace. Son mari était pour elle un Dieu; elle aimait à l'écouter, à le regarder, à lui prendre les mains ; souvent quand Camille, en= traîné par son ame de feu, essayait de faire entrer sa conviction dans celle de ses auditeurs, elle se

penchait sur ses épaules, et essuyait son front mouillé de sueur : tableau charmant qui avait quelque chose d'antique.

CHAPITRE IV.

Arrivée à Versailles. Sieyes.
Ouverture des États-Généraux.

L'abbé Maury. Mirabeau.
Je me réunis au Tiers-État.

FIER de mon mandat, mais me défiant un peu de mes forces, précisément parce que je me faisais une idée assez juste de la masse im= posante des talents au milieu desquels j'allais me trouver, j'arrivais à Versailles. Si d'un côté mes goûts me portaient naturellement à désirer la solitude, ma position et même mes devoirs exigeaient que je cherchasse à me rapprocher de ceux qui, comme moi, se rendaient aux ÉtatsGénéraux pour plaider la même cause. J'étais bien fixé sur sa nature et sur ses moyens. Mes

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