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nous avons succombé! dans combien de dangers nous avons péri, pour nous y être volontairement exposés! Combien de passions dont il nous était facile de triompher, avec le secours de la grâce, et dont nous sommes encore les malheureux esclaves! Combien de vertus qui nous manquent, et qu'avec cette même grâce nous pouvions si aisément acquérir! Combien de remords salutaires nous avons étouffés au fond de notre cœur! Nous n'avons donc point connu le prix du temps. Mais, quelque graves que soient nos torts, nous pouvons les réparer, en usant bien de cette nouvelle année. C'est peut-être la dernière qu'il nous accorde; que cette pensée salutaire ne nous quitte pas pendant tout son cours, et nous marcherons dans les sentiers de la justice, nous y marcherons à grands pas, et nous éviterons avec le plus grand soin tout ce qui pourrait nous faire tomber dans la haine et l'inimitié de Dieu. En un mot, mettons en pratique ce que nous dit l'apôtre : « Rachetons le temps, parce que les jours sont mauvais (1); >> c'est-à-dire malins et malicieux. C'est ce qui fait dire à un grand homme : «< Prenez garde à la malice du temps; voyez comme ce subtil imposteur tâche de sauver ici les apparences, comme il affecte toujours l'imitation de l'éternité. C'est le propre de l'éternité de conserver les choses dans le même état; le temps, pour en approcher en quelque sorte, ne nous dépouille que peu à peu : il nous dérobe si subtilement, que nous ne sentons point son larcin; il nous mène si finement aux extrémités opposées, que nous y arrivons sans y penser (2). — Profitons du temps; car si nous nous montrions encore sourds à la voix de la grâce, Dieu nous

(1) Redimentes tempus, quoniam dies mali sunt. (Ephes. Iv. 16.) (2) BOSSUET, Sermon pour le 1er dimanche de carême, 3o partie.

fermerait peut-être l'entrée de sa miséricorde pour ne plus écouter que la voix de sa justice. Et que ferait-il? quel arrêt prononcerait-il contre nous? Il déclarerait qu'il n'y a plus de temps pour nous (1), et ce serait nous frapper sans remède, sans retour, sans aucun mélange de pitié et de douceur; puisque, avec le temps, tout périt pour l'homme: pratiques de religion, exercices de piété, moyens de revenir à Dieu, possibilité de réconciliation avec lui. Tout cela est dans le temps, et tout cela finit avec le temps.

PÉRORAISON.

O bonté infinie! vous daignez nous donner le temps d'expier nos péchés, en nous accordant cette nouvelle année. Ne permettez pas que nous soyons assez insensés pour la perdre et nous perdre nous-mêmes, en n'en faisaint pas l'usage pour lequel vous nous la donnez. Faites, par votre grâce, que nous commencions, dès ce moment, à vous servir d'une manière digne de vous; que nous observions fidèlement vos préceptes, de peur que la mort ne nous surprenne dans l'état du péché. Faites que nous réparions le temps perdu et que nous n'en perdions plus à l'avenir. Faites enfin que nous mettions toute notre application à bien vivre, afin de bien mourir, et de mériter la récompense que vous avez promise à vos fidèles serviteurs.

TRAIT HISTORIQUE.

Ezéchias.

Le roi Ezéchias ne sent point écouler ses jours, et dans la quarantième année de sa vie, il croit qu'il ne vient que de naître ; « Il a coupé ma

(1) Tempus non erit amplius. (Apoc. x. 6.)

« trame, s'écria-t-il douloureusement, il a coupé ma trame dès le com« mencement (1). »- Ainsi la malignité trompeuse du temps fait insensiblement écouler la vie, et on ne songe point à sa conversion. Nous tombons tout à coup, et sans y penser, entre les bras de la mort; nous ne sentons notre fin que quand nous y sommes. Et voici encore ce qui nous abuse: c'est que, si loin que nous puissions porter notre vue, nous voyons toujours du temps devant nous. Il est vrai, il est devant nous, mais peut-être nous ne pourrons pas y atteindre.

XXVII.

Souhaits de bonne année.

EXPOSÉ SOMMAIRE.

L'année ecclésiastique commence le 1er dimanche de l'Avent; mais l'année civile commence, suivant l'usage actuel, le 1er janvier.

Ce fut Charles IX qui, par une ordonnance rendue en 4563, établit que l'année, au lieu de commencer à Pâques, commencerait au 1o janvier.

Il est d'usage, parmi les peuples civilisés, d'aller ce jour-là se faire mutuellement visite; et d'exprimer les vœux que l'on forme pour le bonheur des personnes avec lesquelles on est uni par les liens du sang, de l'amitié, de la reconnaissance, ou dont on dépend, à quelque titre que ce soit. C'est ce qu'on appelle souhaiter la bonne année.

Quelquefois aussi on se fait représenter par une simple carte, sur laquelle on a écrit ou fait imprimer son nom et

(1) Dum adhuc ordirer succidit me. (Is. xxxvIII. 12.)

ses titres; et on reçoit en échange une autre carte. — Usage ridicule au dernier point (1).

TEXTES TIRÉS DE L'ÉCRITURE SAINTE.

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Optimis civibus... plurimam salutem, et bene valere, et esse felices. (II. Mac. ix. 19.) « Aux bons habitants de... je souhaite le salut, la santé, et toute sorte de prospérité. »

-

Pax Dei, quæ exsuperat omnem sensum, custodiat corda vestra et intelligentias vestras, in Christo Jesu. (Philip. IV. 7.) <«< Que la paix de Dieu, qui surpasse toutes pensées, garde vos cœurs et vos esprits en Jésus-Christ. » Gratia Domini nostri Jesu Christi, et charitas Dei, et communicatio sancti Spiritus sit cum omnibus vobis. Amen. (II. Cor. x. 40. :) - «Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, que l'amour de Dieu, et que la communication des dons du Saint-Esprit soit à jamais avec vous tous. Ainsi soit-il. »

TEXTE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME.

Vellem, si fieri posset, vestris oculis ostendere, quam in vobis habeo charitatem. Nihil enim mihi et vobis jucundius et desiderabilius quam lux; millies tamen optarem esse cœcus, si per hoc liceret vestras animas convertere, adeo ipsa luce mihi est vestra salus jucundior. (S. JOAN. CHRYSOST. Apud Lohner, tome II, page 141.) « Je voudrais vous mettre sous les yeux et vous faire bien comprendre l'amour que j'ai pour vous. Sans doute, rien ne nous est

(1) C'est ce qu'un poëte latin qui vit encore exprime ainsi : Absentes absens invisit amicus amicos.

plus agréable, rien n'est plus désirable que la lumière. Eh bien, je forme mille voeux pour devenir aveugle, si par là je puis convertir vos âmes, tant votre salut m'est plus cher que la lumière même qui brille à mes yeux. >>

EXORDE.

Sit Dominus tecum, et prosperare.

« Que le Seigneur soit avec vous, et qu'il vous rende heureux. » (I. Par. xxII. 44.)

Nous sommes tous frères; nous devons, par conséquent, nous aimer les uns les autres, et nous souhaiter mutuellement tout ce qui peut contribuer à notre bien-être, à notre bonheur, dans le temps et surtout dans l'éternité. Nous devons, en un mot, nous souhaiter réciproquement une bonne et heureuse année, et nous dire comme autrefois David à Salomon son fils : « Que le Seigneur soit avec vous, et qu'il vous rende heureux; Dominus sit tecum, et prosperare. »

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DIVISION.

Les souhaits de bonne année doivent être sincères.

Ce

que nous devons particulièrement souhaiter à nos frères. Ce que nous devons faire pour être heureux non-seulement pendant l'année qui commence, mais pendant tout le cours de notre vie.

4° Le premier jour de l'année est consacré, depuis longtemps, à des devoirs réciproques de civilité et de bienveillance. La religion est loin de s'élever contre un pareil usage. Elle ne blâme que les péchés et les vices, et elle approuve, elle consacre, elle fortifie tout ce qui tend à resserrer entre les hommes les noeuds de la charité et de l'amitié. Faisons donc des vœux les uns pour les autres;

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