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non moins indomptable? Tout est impuissant contre elle :menaces, exhortations, conseils; elle échappe à toutes les chaînes. Vous avez beau supplier l'avare de renoncer à l'amour de l'argent, il est insensible; son plus cruel supplice serait d'être délivré de ce qui fait son supplice. Car, qu'y a-t-il au monde de plus misérable que l'avare? Le possédé de l'Évangile résiste à la parole des hommes, mais il cède à la voix de Jésus-Christ; l'avare n'écoute pas JésusChrist lui-même. Vainement Jésus-Christ vient lui dire à tous moments : Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent (1). Vainement on lui parle de l'enfer qui deviendra inévitablement son partage, s'il ne se convertit pas : il se moque de tout, et les plus terribles menaces ne produisent pas sur lui la plus légère impression. L'avare est la peste de tout le monde, et l'objet de la haine publique; chacun fuit avec horreur celui qui, de sang-froid, désole des familles entières par ses exactions et ses usures. Le possédé, du moins, ne fait rien de semblable, et il n'est malade que pour lui seul. Aussi n'excite-t-il que de la pitié, et on ne le voit point sans quelque sentiment de commisération. S'il fait du mal, c'est saus réflexion et sans le savoir; l'avare, au contraire, commet l'injustice avec étude; c'est un insensé qui l'est sciemment et par choix... Tous les possédés unis ensemble feront-ils jamais autant de mal qu'en a fait le traître Judas, poussé par son avarice au comble de l'impiété ?.. L'avare est une bête féroce qui dévore tout ce qu'elle rencontre; c'est pis encore : c'est la mort même qui n'épargne personne, c'est l'enfer qui engloutit tout. C'est l'ennemi commun de tous les hommes; il voudrait qu'il n'y en eût plus qu'un seul, afin que tout ce qu'ils ont ne fût qu'à lui

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(1) Non potestis servire Deo et mammonæ. (MATTH. II. 14.)

seul. No lui parlez point d'ami, de parent, de frère, de père. Eh! qui ne sait, qu'au gré d'un fils possédé de l'amour de l'argent, son père vit toujours trop longtemps; que lui-même il craint d'être père, et que les plus doux liens de la nature sont par lui comptés pour rien (4). — On ne voit point les avares se promener nus dans nos cités, comme marchait le possédé de l'Évangile dans les lieux qui lui servaient d'habitation. Dépouillés de toutes vertus, ils vivent dans une nudité bien plus déplorable. Ils rougiraient de celle du corps; ils sont insensibles à celle de leur âme. Pourquoi? parce qu'il y a une infinité de gens qui leur ressemblent; ils rougissent aussi peu les uns des autres que ceux qui se lavent ensemble dans le même fleuve. Ah! s'il y avait, parmi les hommes, plus de détachement des richesses, l'avarice se montrerait à tous les yeux avec ce qu'elle a de hideux. La multitude des criminels affaiblit la honte du crime. Enfin, comme le possédé dont parle l'Évangile, l'avare habite aussi son sépulcre, ou plutôt il est son propre sépulcre; car qu'est-ce qu'un sépulcre, sinon une pierre qui cache un corps privé de vie? Or, l'avare, c'est un corps plus dur que la pierre, qui enferme une âme infectée de la corruption du tombeau (2). - On peut dire encore que l'avare, bien qu'habitant au sein des villes, y demeure comme dans la solitude des sépulcres. A quel isolement n'est-il pas réduit, et où est l'homme de bon sens qui consentît de plein gré à vivre avec lui? Ou plutôt, cet isolement entre parfaitement dans ses vues, et, comme le dit la sainte Écriture, c'est par calcul qu'il mange chaque jour dans les ténèbres le pain qu'il se voit forcé

(1) S. JEAN CHRYSOSTOME, hom. XXVIII in Matth.

(2) Idem, hom. LXXXI in Matth.

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d'accorder à la faim qui le dévore (1). Nous avons donc eu raison de dire que, dans un sens, il y a aujourd'hui un grand nombre de possédés dont l'état est mille plus dangereux et plus déplorable que celui de l'infortuné qui fut délivré par Jésus-Christ.

PÉRORAISON.

Possédez mon cœur, ô Jésus! possédez-le tout entier. Ne permettez pas que le démon s'en empare, ni qu'aucune passion honteuse y exerce jamais son empire. Amen.

TRAIT HISTORIQUE.

La cananéenne.

Jésus vint un jour aux environs de Tyr et de Sidon. Et voilà qu'une femme cananéenne qui était sortie de ce pays-là, s'écria, en lui disant : Seigneur, fils de David, ayez pitié de moi; ma fille est cruellement tourmentée par le démon. Mais il ne lui répondit rien, voulant qu'elle témoignât sa foi plus vivement encore. Et ses disciples s'approchant de lui, priaient en lui disant: Accordez-lui ce qu'elle demande, afin qu'elle s'en aille, car voyez comme elle crie après nous. Il leur répondit: Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël. Mais elle s'approcha, et l'adora, en lui disant : Seigneur, assistez-moi. Il lui répondit: Il n'est pas juste de prendre le pain des enfants, pour le donner aux petits chiens. Elle lui répliqua : Il est vrai, Seigneur; mais les petits chiens mangent au moins les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. Alors Jésus lui dit : Femme, votre foi est grande; qu'il vous soit fait comme vous le désirez. Et sa fille fut guérie à l'heure même (2). Nous voyons dans ce miracle une nouvelle preuve de la toute-puissance de Jésus et par conséquent de sa divinité, et en même temps une preuve évidente de l'efficacité de la prière quand elle est faite avec foi et persévérance.

(1) Cunctis diebus vitæ suæ manducat in tenebris. (Eccle. v. 16.) (2) MATTH. xv. 21-28.

XXXVIII.

Jésus rend la vue aux aveugles.

EXORDE.

Cœci vident. (MATTH. II. 5.)

« Les aveugles voient. >>

Nous sommes loin, mes frères, de vous avoir raconté tous les miracles que Jésus opéra, pendant les jours de sa vie mortelle, en témoignage de sa divinité. L'Écriture en raconte un grand nombre d'autres dont il nous est impossible de parler en détail. Cependant il en est encore plusieurs que nous ne croyons pas devoir passer sous silence, et dont vous entendrez le récit avec un vif intérêt; du moins nous avons tout lieu de le croire, d'après l'attention soutenue que vous avez donnée à nos précédentes instructions. Le sujet de celle-ci sera : Jésus rendant la vue aux aveugles.

PREMIER POINT.

L'aveugle de Jéricho.« Il arriva que lorsque Jésus allait à Jérusalem et qu'il était près de Jéricho, un aveugle, qui était assis près du chemin et qui demandait l'aumône, entendant le bruit du peuple qui passait, s'enquit de ce que c'était. On lui répondit que c'était Jésus de Nazareth qui passait par là. En même temps il se mit à crier : Jésus, fils de David, ayez pitié de moi. Et ceux qui allaient devant, importunés par ses cris, lui disaient rudement de se taire; mais il criait encore plus fort: Jésus, fils de David, ayez pitié de moi. Alors Jésus s'arrêta et commanda qu'on le lui amenât. Et quand l'aveugle se fut approché, il lui demanda : Que

voulez-vous que je vous fasse ? L'aveugle lui répondit : Seigneur, faites que je voie. Jésus lui dit : Voyez; votre foi vous a sauvé. Il vit au même instant ; et il le suivait, rendant gloire à Dieu. Ce que tout le peuple ayant vu, il en loua Dieu (1). » Et vous aussi, louez le Seigneur, exaltez son saint nom; reconnaissez hautement la divinité de celui qui opère un pareil miracle, car il n'appartient qu'à Dieu de rendre, par un acte de sa volonté, la vue à un aveugle. En même temps profitez de la leçon que vous donne ce pauvre aveugle, identifiez-vous avec lui; et, faisant un retour sur vous-mêmes, sur ce funeste aveuglement, ces épaisses ténèbres répandues dans votre âme, qui vous empêchent de voir et de comprendre les choses de Dieu, empruntez son langage, en vous écriant: Jésus fils de David, ayez pitié de nous. La cécité (2) spirituelle, aussi bien que la cécité corporelle, ne peut être guérie que par une assistance divine; appelez donc à votre secours le céleste médecin (3). Ceux qui allaient devant lui disaient rudement de se taire. Mais la foi qui l'anime ne cède point aux murmures de ceux qui le reprennent, et il crie encore beaucoup plus fort: Fils de David, ayez pitié de moi. Le fidèle, à l'exemple dé l'aveugle de Jéricho, ne se relâche point de son ardeur; il se montre insensible aux railleries et aux sarcasmes de l'impie et du libertin ; il s'attache constamment au Seigneur en qui seul il espère; il lui demande chaque jour, avec nouvelle instance, les grâces dont il a besoin, assuré qu'il est qu'en fait de piété, une sainte liberté, une sainte importunité ne saurait lui déplaire. Alors Jésus fit venir près de lui

(1) Luc. XVIII. 35. 43.

(2) Cecité, état d'une personne qui est aveugle.

(3) S, JEAN CHRYSOSTOME, apud Guillon, tome XIV, page 104-105.

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