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la corruption, et il ressuscitera incorruptible. Il est semé dans l'ignominie, et il ressuscitera dans la gloire; il est semi dans la faiblesse, et il ressuscitera dans la force (4). C'est saint Paul qui parle ainsi, et saint Augustin dit : Celui qui a pu faire ce qu'il a voulu du néant, aura soin que dans aucun rien ne périsse et rien ne manque, et c'est ainsi que la substance sera modifiée : Ita modificabitur illa in unoquoque materies, ut nec aliquod ex ea pereat, et quod alicui defuerit, ille suppleat, qui etiam de nihilo potuit quod voluit operari (2). L'intégrité du corps se trouvera également dans les réprouvés; car chacun des membres, ayant participé au mal, doit participer à l'expiation. Saint Thomas dit: L'absence d'un membre empêcherait la douleur d'être universelle dans un corps; donc les damnés ressusciteront avec tous leurs membres: Defectus membri impediret ne esset universalis dolor in corpore; ergo sine istis defectibus damnati resurgent (3).

DEUXIÈME PARTIE.

A présent, considérez, mes frères, avec quels sentiments différents les âmes des justes et les âmes des réprouvés s'uniront de nouveau à leurs corps. Les âmes des justes éprouveront une joie ineffable, et au contraire les âmes des damnés se réuniront à leurs corps avec une haine, une aversion et une tristesse indicibles; car elles le reconnaîtront alors comme l'instrument, le ministre de leur éternelle damnation. Elles se souviendront que c'est pour lui, pour satisfaire ses penchants, ses inclinations, qu'elles

(1) I Cor. xv.

(2) In Enchirid. LXXXVIII.
(3) Suppl. q. 86.

se sont précipitées dans l'enfer, et qu'elles n'ont pas eu le temps ou la volonté de faire pénitence; et cette haine, cette aversion et cette tristesse dureront éternellement.

Pour vous faire une idée de cet horrible supplice d'une âme unie à un corps éternellement haï, détesté, rappelez-vous le supplice inventé par le tyran Maxence. Ce cruel persécuteur des chrétiens ordonna que le corps vivant d'un martyr fût uni à celui d'un homme mort, et que chaque partie du corps vivant répondit à la même partie du cadavre, front contre front, bouche contre bouche, poitrine contre poitrine, de telle sorte que le vivant respirât l'insupportable odeur qui s'exhalait de cette pourriture, et qu'il mourût ainsi dans une longue et cruelle agonie. Or, ce supplice, quelque horrible qu'il vous paraisse, n'est rien en comparaison de celui qu'éprouvera l'âme du réprouvé dans l'union avec son corps maudit. Car ce corps lui paraîtra plus fétide qu'un cadavre tombant en pourriture, et son union avec lui sera éternelle !

Hélas! si le chrétien sensuel méditait sérieusement cette vérité, il s'efforcerait de vaincre, avec le secours de la grâce, les tentations, les désirs d'une chair insolente et rebelle. Comme saint Paul, il soumettrait son corps au joug salutaire de la mortification. Faites ainsi, mes frères bienaimés!

Mais combien seront différents les sentiments éprouvés par les âmes des élus ! Celles ci s'uniront à leurs corps avec une joie indicible; elles verront en lui le coopérateur de leur salut éternel. Les martyrs regarderont leurs corps comme les glorieux trophées de leur amour pour Dieu et leurs cicatrices brilleront, selon l'expression de saint Augustin, comme l'or, les perles et les diamants sur un royal diademe. L'âme qui aura vécu ici-bas dans l'innocence et

dans la pureté des sens verra son corps comme le compaguon fidèle qui a exercé sur elle une garde attentive, qui a supporté avec une admirable patience les veilles, les travaux, les jeûnes, les macérations, toutes ces austères pénitences sans lesquelles il est impossible de vivre saintement. Les âmes des élus seront donc remplies d'une joie ineffable, en retrouvant leurs corps dont la mort ne pourra plus les séparer.

Je vous expliquerai en son lieu quelle sera la gloire des corps des élus; qu'il vous suffise d'entendre aujourd'hui ces consolantes paroles de saint Paul : Jésus-Christ changera notre corps misérable et le rendra conforme à son corps glorieux: Reformabit corpus humilitatis nostræ configuratum corpori claritatis suæ (1).

PÉRORAISON.

O gloire, ô félicité, ô éternelle béatitude, soyez notre partage! Le vrai chrétien ne doit donc pas s'affliger de la mort de ceux qui lui sont chers, quand ceux-ci meurent dans le Seigneur, puisqu'il a la douce espérance de les revoir un jour dans le ciel et d'être uni à eux éternellement. C'est pourquoi l'Apôtre nous dit: Nous ne voulons pas que vous ignoriez ce qui regarde ceux qui dorment, afin que vous ne vous abandonniez pas à la tristesse, comme les autres hommes qui n'ont point d'espérance. Et en effet, si nous croyons que Jésus est mort et ressuscité, nous devons croire aussi que Dieu àmènera avec Jésus ceux qui seront endormis avec lui. Consolez-vous donc les uns les autres dans ces paroles (2). O âme chrétienne, console-toi. Si le divin

(1) Eph. III.

(2) Thess. IV.

architecte, qui a entrepris de te réparer, laisse tomber pièce à pièce ce vieux bâtiment de ton corps, c'est qu'il veut te le rendre en meilleur état, c'est qu'il veut le rebâtir dans un meilleur ordre ; lui-même nous offre son palais, dit Bossuet, pour nous faire attendre en repos l'entière réparation de notre ancien édifice.

TRAIT HISTORIQUE.

Un grand évêque disait : Lorsque nous vivons dans cette chair, nous ne devons pas nous y attacher comme si nous devions y demeurer toujours; et lorsqu'il en faut sortir, nous ne devons pas nous affliger comme si nous n'y devions jamais retourner. Par là étant délivrés des soins inquiets de la vie et des appréhensions de la mort, lorsque notre dernière heure approche, nous nous endormons en paix et en espé

rance.

LVII.

De la béatitude du corps.

EXPOSÉ SOMMAIRE.

De la béatitude du corps en général ; de la béatitude de chacun des sens en particulier.

TEXTES TIRÉS DE L'ÉCRITURE SAINTE.

Sublevabis de corruptione vitam meam, Domine Deus meus (JON. 11. 7.) — « Seigneur, vous préserverez ma vie de la corruption. >>

Neque enim ultra mori poterunt: æquales enim angelis sunt, et filii sunt Dei, cum sint filii resurrectionis ( Luc. xx. 36.) - - « Et ils ne pourront plus mourir ; car ils seront

semblables aux anges, et les enfants de Dieu, puisqu'ils sont les enfants de la résurrection,

Scientes quoniam qui suscitavit Jesum, et nos cum Jesu suscitabit, et constituet vobiscum. (II. Cor. iv.)— « Sachant que Celui qui a ressuscité Jésus nous ressuscitera aussi avec Jésus, et nous établira avec vous. »

TEXTES TIRÉS DES PÈRES.

Resurgent sanctorum corpora sine ullo vitio, sine ulla deformitate, sicut sine ulla corruptione, onere, difficultate. (S. AUG. lib. XXII de Civit. Dei, c. xxx.) · - « Les corps des saints ressusciteront sans aucun défaut, sans difformité, comme sans aucune corruption, sans poids et sans difficulté. »

Homo resurget absque omni defectu humanæ naturæ, quia sicut Deus humanam naturam absque defectu instituit, ita sine defectu reparabit (S. THOM. Suppl. q. 84. art. 4) – « L'homme ressuscitera exempt de tout défaut naturel; parce que, comme Dieu créa la nature de l'homme exemple de défaut, il la réparera sans défaut. >

EXORDE.

Dans le dernier article du Symbole, nous confessons la vie éternelle. Comme cet article vient immédiatement après celui de la résurrection universelle, il est bien évident que par ces paroles: Je crois la vie éternelle, nous entendons la félicité de l'homme tout entier, ou son éternelle damnation; il nous faut donc parler de la béatitude et de la damnation sous le double rapport et du corps et de l'âme. Mais comme nous venons de parler de la résurrection des corps, je dois vous dire dans ce discours quels sont les glorieux

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