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objets des choses tristes et douloureuses, parce qu'ils ont péché par leurs actes, de même les sens des corps bienbeureux auront pour objets des choses délectables, car ils auront mérité par la mortification une telle félicité. Ainsi parle sint Thomas.

Mais, quelqu'un dira peut-être : Je comprends que la vue obtienne dans le ciel son exercice délectable, car les bienheureux verront la beauté des cieux, des étoiles, des planètes; ils verront le royaume de Dieu, cette cité dont saint Jean décrit les merveilles dans le livre de l'Apocalypse; ils contempleront la beauté des corps glorieux des saints, de la sainte Vierge et du Christ, toutes ces beautés en présence desquelles toutes les merveilles d'ici-bas sont moins que la pierre brute comparée au temple de Salomon. Je comprends encore l'exercice de l'ouïe et de l'odorat; car les bienheureux entendront les concerts des esprits célestes, les bymnes qu'ils chanteront à Dieu; ils sentiront les parfums suaves qui s'exhaleront des corps glorifiés et embaumeront l'empire céleste; mais je ne vois pas comment pourront s'exercer le goût et le toucher.

Mes frères, je ne puis déterminer les objets sur lesquels s'exerceront les actes de ces deux sens; mais comme leur exercice est nécessaire pour que la béatitude du corps soit complète, j'affirme, avec l'Ange de l'école, que le goût sera affecté par je ne sais quelle saveur mystérieuse qui surpassera en douceur celle que nous trouvons dans les aliments les plus exquis, comme les Israélites trouvaient toute saveur dans la manne de Dieu.

Pour ce qui regarde le toucher, je dirai, avec le même saint docteur, que comme l'impassibilité exclut dans les corps glorieux toute modification naturelle, la modification, la sensation provenant des choses tangibles sera purement

spirituelle (1). Saint Thomas donne pour preuve de cela l'exemple d'Adam avant le péché Adam, sans que son corps pût être consumé par le feu ou entamé par le fer, avait cependant le sentiment de ces choses: Sicut etiam in corpore Adæ fuit quod nec ignis urere, nec gladius scindere potuisset, et tamen horum sensum habuisset (2).

PÉRORAISON.

Mes frères bien-aimés, si, dans le royaume des cieux, il n'y avait point d'autre félicité que celle dont je viens de vous entretenir, nous devrions encore l'acquérir à tout prix; car jouir d'un corps impassible, immortel, éclairé de la lumière divine, sentir les parfums les plus doux, goûter les saveurs les plus parfaites, jouir éternellement de la société des saints, de Marie et de Jésus, est une félicité qui surpasse toutes les joies d'ici-bas. Mais il me reste à vous parler d'une félicité plus grande, de la béatitude essentielle, c'est-à-dire de la félicité dont l'âme jouit dans le ciel ; ce sera le sujet de notre prochain entretien.

TRAIT HISTORIQUE.

Voici en quels termes le pape saint Clément parlait de la résurrection: « Considérons, mes chers frères, disait-il, les preuves continuelles que Dieu nous donne de la résurrection future dont Jésus-Christ, qu'il a ressuscité d'entre les morts, a été comme les prémices: considérons, dis-je, cette résurrection perpétuelle qui s'opère sous nos yeux. Le jour et la nuit nous en offrent des images sensibles. La nuit se retire, le jour se lève; le jour fuit, la nuit s'avance. Examinons les fruits de la terre chacun de nous sait de quelle manière la semence est jetée en terre. Celui qui sème s'avance dans les sillons et jette le grain. Ces

(1) Suppl. q. 82. (2) Suppl. q. 82.

germes secs et arides, reçus dans le sein de la terre entrent bientôt en dissolution, et lorsqu'ils nous paraissent pour ainsi dire anéantis, c'est alors que Dieu, par sa providence toute-puissante, leur rend la vie, et multiplie tellement les semences que d'une seule il en sort une infinité d'autres.» (S. CLÉMENT, pape, Ire Épître aux Corinthiens.)

LVIII.

De la béatitude de l'âme.

EXPOSÉ SOMMAIRE.

Ce que c'est que la béatitude. Quelle sera l'occupation des âmes dans le ciel elles verront, elles loueront la souveraine vérité ; elles aimeront le souverain bien et goûteront dans sa possession une paix inaltérable.

TEXTES TIRÉS DE L'ÉCRITURE SAINTE.

Gaudens gaudebo in Domino, quia induit me vestimento salutis, et indumento lætitiæ circumdedit me. (ISA. LXI. 40.)

«Je me réjouirai dans le Seigneur, et mon âme sera remplie d'allégresse, car mon Dieu m'a parée des vêtements du salut; il m'a parée de la joie et ornée d'une cou

ronne. >>

Gloriosa dicta sunt de te, civitas Dei. (Psal. LXXXVI. ) - « Cité de Dieu, des merveilles ont été dites de toi. » Videbimus facie ad faciem. (1 Cor. xIII.)—«Nous verrons Dieu face à face. »>

TEXTES TIRÉS DES PÈRES.

Deus tuus totum tibi erit. (S. AUG. Enarr. in Psal. LXVII.) « Ton Dieu sera tout pour toi. »

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Attende quam gloriosa, quam gaudiosa est ista domus Dei, civitas cœlestis, mansio secura, patria continens totum quod delectat. (S. BONAV. Solil.) « Admire combien est glorieuse et joyeuse celle maison de Dieu, la cité céleste, demeure paisible, la patrie qui contient tout ce qui délecte. »

MES FRÈRES,

EXORDE.

Saint Paul dit: L'œil n'a point vu, l'oreille n'a point entendu, le cœur de l'homme n'a jamais compris ce que Dieu réserve à ceux qui l'aiment: Oculus non vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascendit quæ præparavit Deus iis qui diligunt illum (4). Or, si saint Paul parle ainsi, lui qui par une grâce spéciale fut élevé, quoique peu de temps, jusqu'à la vision divine, jusqu'à la céleste béatitude, que puis-je vous dire, moi pauvre pécheur, qui n'ai pas eu comme lui le bonheur de m'abreuver à cette source divine? Aussi ai-je résolu, pour vous parler de la félicité des âmes dans le ciel, d'emprunter les pensées et les paroles des saints.

DIVISION.

4. Les âmes bienheureuses verront, loueront et aimeront éternellement la vérité;

2. Elles goûteront éternellement la paix.

4o La béatitude est définie par saint Augustin la somme et le comble de tous les biens, beatitudo bonorum omnium summa et cumulus (2), c'est-à-dire l'état parfait, où l'âme n'aura plus rien à désirer. En effet, comment, s'écrie le

(1) I Cor. n.

(2) Enarr. in Psal. 11.

docteur de la grâce, l'âme bienheureuse pourrait-elle désirer quelque chose encore, puisque la béatitude est la possession de Dieu même, et que Dieu est la source, la cause, le principe de tout bien, le bien absolu, essentiel, par qui sont bonnes toutes les choses qui nous délectent?

Saint Augustin, voulant entrer dans les détails de cette béatitude, confesse qu'il lui est plus facile de dire ce qu'elle ne contient pas que de dire ce qu'elle contient. Je vous dirai donc avec lui que là il n'y aura ni péché, ni misère, ni douleur, ni tristesse, ni travail, ni anxiété, en un mot, qu'il n'y aura aucun mal, par la raison qu'il y aura comble de tous les biens: Bonorum omnium summa et cumulus.

Mais quelle sera l'occupation des âmes dans le ciel ? Je réponds avec le même saint docteur : Toute notre occupation consistera à dire ces deux mots que nous trouvons dans le livre de l'Apocalypse: Amen! Alleluia! Mes frères, ne soyez pas contristés par une pensée charnelle ! Si quelqu'un de vous pense que cet Amen et cet Alleluia éternels doivent causer de la fatigue et de l'ennui aux âmes bienheureuses, écoutez l'explication que nous donne saint Augustin: Nous ne dirons pas Amen, Alleluia, dans des sons fugitifs, mais par l'affection de l'esprit : Non sonis transeuntibus dicemus Amen, Alleluia, sed affectu animi (1). Écoutez! que signifient ces mots Amen et Alleluia? Amen signifie c'est vrai! Alleluia signifie louez Dieu! Donc, parce que Dieu est la vérité immuable et éternelle, nous dirons éternellement par l'admiration, par l'affection ineffable de notre esprit : c'est vrai! et nous le dirons avec une satiété insatiable, dit le même saint docteur : avec satiété, car rien ne manquera dans cette félicité, et insatiable, parce que la vérité nous

(1) Serm. CCCXLII.

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