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délectera toujours, et dans cette éternelle déleotation avec laquelle nous verrons clairement la vérité, nous louerons Dieu, et c'est ce qu'exprime cet Alleluia éternel; et tous les citoyens de la sainte cité diront ALLELUIA parce qu'ils diront AMEN: Omnes cives illius civitatis dicent ALLELUIA, quia dicent AMEN.

Saint Jean, dans sa première épître, explique l'origine de cet Amen et de cet Alleluia perpétuels: Nous savons, dit l'Apôtre, que lorsqu'il (Dieu) apparaitra dans sa gloire, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est (1). Donc, conclut saint Augustin, nous le verrons selon que nous serons semblables à lui, et de cette similitude procéderont dans les âmes bienheureuses la vision et la connaissance de Dieu.

Pour que vous compreniez bien la force de cette conclusion, il faut que je vous explique la doctrine de saint Thomas, le plus illustre des disciples de saint Augustin. Les âmes, pour être bienheureuses et pour connaître l'océan des vérités divines, doivent avoir l'idée de ces vérités; comme ici-bas pour avoir la connaissance d'une science ou d'un art, il faut avoir les idées qui constituent cette connaissance. Or, quelle est l'idée par laquelle l'esprit des bienheureux est fécondé et par le secours de laquelle il peut s'élever aux connaissances les plus sublimes et souverainement délectables ? C'est l'essence divine elle-même unie par la lumière de gloire à l'esprit des bienheureux. Pourquoi? parce qu'aucune idée créée ne pourrait nous donner la connaissance de Dieu tel qu'il est; or, nous le verrons tel qu'il est, nous dit l'Apôtre, videbimus eum sicuti est; donc l'essence divine sera nécessairement l'idée par laquelle nous le

(1) JOANN. 1. 3.

verrons; donc l'essence divine sera intimement unie à notre esprit, comme l'idée est unie à l'intelligence; ét c'est cette union qui nous rendra semblables à Dieu, comme le miroir qu'inonde et pénètre la lumière du soleil devient semblable à la lumière, et d'autant plus semblable à elle qu'il est plus pur. Mais gardez-vous de confondre la similitude avec l'égalité; les âmes par cette union intime avec l'essence divine deviennent semblables, mais non égales à Dieu, comme le miroir que pénètre la lumière du soleil n'est pas pour cela égal au soleil.

A présent nous comprenons mieux ce que nous avons dit du mot Amen; car comment l'âme pourrait-elle être rassasiée en disant mentalement : Amen! c'est vrai! puisqu'elle porte dans son esprit l'essence même de Dieu comme l'idée qui contient en soi toutes les vérités? La raison de cet Amen sera éternellement la même, et dans la pénétration plus ou moins grande de cette idée qui est l'essence de Dieu, consiste le degré de la gloire essentielle qu'obtiennent les âmes bienheureuses, selon le degré des mérites avec lequel elles sont entrées dans la céleste patrie.

2o L'amour du bien connu est d'autant plus ardent que le bien est plus grand, et, parce que le bien connu dans la vision et la possession de Dieu est le bien infini, et qu'il est connu en soi, évidemment, immédiatement, et non par de faibles similitudes et comme en énigme, il suit que les âmes bienheureuses l'aimeront d'un amour aussi grand que possible, avec une satiété insatiable, comme dit saint Augustin; et de là naîtra dans la volonté une joie telle que nous ne pouvons pas la concevoir dans cette vallée de larmes, parce que rien ne peut nous en donner une idée adéquate, c'est-à-dire une idée égale à l'objet. Le saint docteur ajoute : Dans la jouissance d'un bien, celui-là est heureux qui jouit

du bien pour l'amour duquel il aime toutes les autres choses; ainsi, par exemple, celui qui aime les richesses à cause de l'honneur qu'elles procurent, ne se réjouit pas autant des richesses que de l'honneur; de même, puisque l'âme bienheureuse aime Dieu pour Dieu même et non pour les autres choses, il suit que dans la possession de Dieu, elle jouit de la joie la plus grande, la plus parfaite ; et elle jouit sans fin, puisqu'elle n'a pas besoin, que dis-je ? parce qu'il ne lui est pas possible d'aller plus loin dans l'amour et dans la jouissance, vu qu'elle aime Dieu, pour qui elle aime toutes les autres choses; donc en Dieu l'âme trouve le terme et la fin de ses désirs, donc il lui est impossible de désirer autre chose, donc les âmes bienheureuses jouiront de la paix la plus parfaite, car l'inquiétude naît uniquement du désir.

Remarquez, mes frères, que la paix est ici-bas la fin de toutes les actions humaines. Bien que plusieurs la cherchent là où ils ne sauraient la trouver, comme dans le péché ; néanmoins ceux mêmes qui cherchent le péché, le cherchent parce qu'ils espèrent y trouver la fin de leurs désirs, c'est-à-dire la paix. Pourquoi ? parce que le mouvement persévère jusqu'à ce que l'on soit parvenu au terme. Notre vie est sans cesse dans le mouvement, qui ne cesse que lorsque la vie est parvenue à son terme, et, parce que les méchants cherchent un terme qui n'est pas le véritable terme de la vie, ils ne trouvent jamais la paix; et au contraire les justes, qui cherchent le véritable terme, l'auteur et la source de la paix, la trouvent et la goûtent. Ce terme, dans cette vie même, c'est la gloire de Dieu, dans laquelle nous pouvons trouver la paix dans cette vallée de larmes. Mais la paix ici-bas n'est pas parfaite, parce qu'il y a touJours lieu et nécessité de combattre. Les justes ont la grâce

de Dieu, et par conséquent ils ont en eux le principe, la semence de la paix parfaite, mais non la paix parfaite; parce que, comme la grâce de Dieu est la semence de la gloire, semen gloriæ, il suit que la paix n'aura sa perfection, sa plénitude que dans la gloire. C'est pourquoi le royaume céleste est appelé Jérusalem, c'est-à-dire Vision de la paix. Bien plus, il est appelé du nom même de la paix. Il a placé la paix sur les frontières : Posuit fines luos pacem (1), et l'Église elle-même, inspirée par le Saint-Esprit, priant pour les morts, ne demande que la paix: Requiescant in pace.

PÉRORAISON.

O céleste Jérusalem, séjour éternel de la paix! Là nous nous reposerons et nous posséderons, nous verrons et nous aimerons, et nous posséderons! Car là toute la vertu consiste à aimer ce que l'on voit, et la suprême félicité, à posséder éternellement ce que l'on aime. Là est bue pleinement et parfaitement à la source même la vie bienheureuse. Mes frères, voulez-vous entrer dans cette vie, observez les commandements de Dieu. Saint Augustin dit: Nul n'est propre à la vie future, s'il ne s'y exerce ici-bas: Nemo potest idoneus fieri futuræ vitæ, qui non se ad illam modo exerceat. Faisons donc dès à présent ce que font les saints dans le ciel ils aiment, ils louent Dieu; aimons et louons Dieu ! Or, nous aimons Dieu, lorsque nous observons ses commandements: Si vous m'aimez, dit Jésus Christ, gardez mes commandements: Si diligitis me, mandata mea servate (2). C'est là une véritable preuve d'amour; louez et priez, afin que Dieu vous donne les grâces dont vous avez

:

(1) Psal. CXLVII. (2) JOANN. XIV.

besoin dans le chemin qui conduit à la vie bienheureuse. Oportet semper orare et nunquam deficere (1): Il faut prier toujours et ne jamais se lasser.

TRAIT HISTORIQUE.

Je vous donne la joie de quoi notre Sauveur est monté au ciel où il vit et règne et veut qu'un jour nous vivions et régnions avec lui. Oh! quel triomphe au ciel et quelle douceur en la terre que nos cœurs soient où est leur trésor (2), et que nous vivions au ciel, puisque notre vie est au ciel. Mon Dieu, ma fille, que le ciel est beau maintenant que le Sauveur y sert de soleil (3), et la poitrine d'icelui d'une source d'amour de laquelle les bienheureux boivent à soubait, chacun se va regarder là-dedans et y voit son nom écrit d'un caractère d'amour, que le seul amour peut lire, et que le seul amour a gravé. (S. FRANÇOIS DE SALES, Lettre à Mme de Chantal.)

LIX.

Des peines de l'enfer.]

EXPOSÉ SOMMAIRE.

Peines générales du corps, supplice de chaque sens ; l'âme souffrira dans chacune de ses facultés dans son intelligence, dans sa mémoire et dans sa volonté.

TEXTES TIRÉS DE L'ÉCRITURE SAINTE.

1

Pluet super peccatores laqueos, ignis et sulphur, et spiritus procellarum, pars calicis eorum. (Psal. x. 7.)

(1) Luc. XXI.

(2) MATTH. VI. 21. (3) Apoc. xxI. 23.

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