Sayfadaki görseller
PDF
ePub

ber

e

dans chacun de leurs sens, qui ont coopéré à leur mériter la récompense, il est juste que les sens, qui furent les ministres de l'iniquité des damnés, soient tourmentés d'une peine particulière. Dieu dit dans le livre de la Sagesse: Per quæ peccat quis, per hæc et torquetur (4), chacun est tourrimenté par où il a péché. « C'est pourquoi, dit saint Bernard, les yeux verront les faces horribles des démons et les ténèbres palpables; les oreilles n'entendront que des cris de terreur et de désespoir. » Et Isaïe, annonçant aux réprouvés leurs calamités futures, et les comparant aux félicités des élus, dit: Mes serviteurs feront entendre, dans le ravissement de leur esprit, des hymnes de louanges, et vous crierez dans la douleur du cœur, et vous pousserez de lamentables cris dans les déchirements de votre âme (2). L'odorat sera affligé d'une odeur fétide qui ne se dissipera jamais : Et erit pro suavi odore fœtor. Le sens du goût sera rempli d'amertumes, car il est dit encore: Leur vin sera le fiel des dragons et le venin des aspics (3).

[ocr errors]

Mes frères bien-aimés, craignez donc Celui qui peut envoyer votre corps et votre âme dans ce lieu d'éternelles souffrances: Timete eum, qui, postquam occiderit, habet potestatem millere in gehennam.

DEUXIÈME PARTIE.

Mais si l'enfer est redoutable à cause des tourments du corps, il l'est bien davantage à cause des souffrances de l'âme. La peine du corps est appelée accidentelle, mais la peine de l'âme est dite la peine essentielle. Pour vous expliquer convenablement le supplice de l'âme, j'ai besoin

(1) Sap. XI.

(2) ISA. LXV.

(3) ISA. III.

du secours de Dieu; je prie le Saint-Esprit de m'éclairer de sa divine lumière.

Les âmes des damnés elles-mêmes sont soumises à la peine du feu, et cela est de foi. Mais qui pourrait en comprendre le mode? Il est de foi que la peine du feu est commune aux démons et aux âmes des damnés; le Christ l'enseigne lui-même, lorsqu'il dit: Allez dans le feu éternel qui a été préparé pour satan et ses anges : Ile in ignem æternum, qui paratus est diabolo et angelis ejus (1). Mais comment ce feu tourmentera-t-il les âmes? Saint Augustin répond: « Il nous suffit de savoir que les âmes sont tourmentées par le feu, bien que le mode nous soit inconnu (2). » Cependant il montre en outre la possibilité de l'action du feu matériel sur les âmes par une raison d'analogie, car il ajoute: « Si les âmes ont pu être enfermées et pour ainsi dire enchaînées dans la prison du corps, pourquoi ne pourront elles pas adhérer au feu pour être brûlées ? Nous ne comprenons pas ici-bas comment l'âme est unie au corps, et cependant elle lui est unie (3). »

L'âme sera tourmentée dans toutes ses puissances ou facultés, c'est-à-dire dans son intelligence, dans sa mémoire et dans sa volonté. Et d'abord, l'âme du damné sera tourmentée dans son intelligence; car elle connaîtra les supplices qu'elle doit souffrir éternellement, en pensant à la béatitude éternelle qu'elle aurait pu facilement mériter et obtenir. Elle connaîtra qu'elle est à jamais privée de la vue et de la possession de Dieu, et cette peine est si grande qu'elle constitue l'enfer, et qu'elle est appelée proprement peine essentielle.

(1) MATTH. XXI.

(2) De Civ. Dei, lib. XXI, c. x.

(3) Loc. cit.

Pour vous faire une idée de ce supplice, il faut vous rappeler que Dieu est le centre de toutes les inclinations, comme le véritable terme où nous tendons naturellement, et par conséquent nous ne pouvons trouver le repos qu'en lui seul. C'est cette loi de l'attraction qui fait que, dans l'ordre même de la nature, les êtres sont dans un état violent, tant qu'ils sont en dehors de leur centre. O peine cruelle et cependant éternelle! au supplice de l'intelligence s'ajoute le supplice de la mémoire. L'âme se souviendra sans fin des plaisirs funestes par lesquels elle a offensé Dieu et pour lesquels elle a été précipitée dans l'enfer. La mémoire du passé est ce ver rongeur qui ne meurt jamais: Hic est vermis qui non moritur, memoria præteritorum (1), dit saint Bernard.

Enfin, la volonté est le troisième bourreau de l'âme des damnés. La volonté tournera la haine contre elle-même, parce que c'est pour satisfaire ses désirs effrénés qu'elle est arrivée à cet état d'horreur éternelle. Elle haïra ses amis, tous les complices de ses crimes, tous ceux qui ne surent pas la corriger, alors qu'ils étaient tenus de la corriger; elle haïra les démons, parce qu'ils sont les ministres cruels de la juste colère de Dieu; elle haïra les bienheureux, car elle sera jalouse de leur éternelle gloire; enfin, elle haïra Dieu lui-même, vengeur de sa majesté offensée. Considérez, mes frères, dans quel abîme d'amertume et de tristesse sera plongée la volonté incessamment empoisonnée partant de haines qui ne pourront jamais ètre assouvies? Car elle n'obtiendra jamais ce qu'elle désire, et ce qu'elle ne veut pas, elle le souffrira éternellement, dit saint Bernard: In æternum non obtinebit quod vult, et quod non vult in æternum nihilominus sustinebit (2).

(1) Lib. V de Considerat., c. XII. (2) Loc.cit.

PÉRORAISON.

Voilà, mes frères, une faible esquisse des peines réservées aux damnés. Que faut-il faire pour les éviter? Quels pénibles sacrifices Dieu exige-t-il de nous? Il demande que nous ne l'offensions pas mortellement; est-ce trop, je vous le demande? Dieu pouvait-il exiger moins de nous? Ah! je vous dirai avec saint Bernard: Ayez donc le péché en horreur et aimez la loi de Dieu Habe odio iniquitatem et dilige legem Domini, et non-seulement vous éviterez ainsi les pei nes de l'enfer, mais vous mériterez et vous obtiendrez la félicité éternelle que Dieu réserve à ceux qui l'aiment : c'est la grâce que je vous souhaite. Ainsi soit-il.

TRAIT HISTORIQUE.

Je me rappelle avoir lu dans Suétone que Néron, ce prodige de vices, avait ordonné qu'on lui composât une liqueur délicieuse, pour s'abreuver voluptueusement. Il voulut que cette liqueur fut appelée, de son nom, breuvage de Néron. Mais lorsqu'il fut renversé du trône, un jour qu'il fuyait à travers des lieux déserts, il commença à être tourmenté par la soif; il aperçut au loin une chaumière vers laquelle il courut avec empressement. Lorsqu'il y fut arrivé, il demanda à l'hôte de cette pauvre cabane un peu d'eau pour étancher sa soif, et celui-ci lui indiqua de la main l'eau croupissante d'un marais. Alors Néron, se souvenant de sa liqueur favorite, s'écria avec douleur : Quoi! c'est là le breuvage de Néron! et cependant il en but pour ne pas mourir de soif. Il en sera ainsi des damnés, au milieu des supplices : ils se souviendront des voluptés passées, et ce souvenir ne sera pas le moindre de leurs tourments.

LX.

Des deux éternités, l'une bienheureuse et l'autre malheureuse.

EXPOSÉ SOMMAIRE.

Preuves de l'éternité de la béatitude des saints et des peines des damnés. Ce qui ne finit jamais commence toujours. A quel prix nous pouvons éviter l'éternelle damnation et mériter la béatitude éternelle.

TEXTES TIRÉS DE L'ÉCRITURE SAINTE.

-

Permanet in æternum in conspectu Dei. (Psal. LX. 8.)« Il habitera éternellement devant Dieu. >>

Ut quid, Deus, repulisti in finem? (Psal. LXXI. 4.) — << Pourquoi, Seigneur, nous avez-vous repoussés pour toujours? »

Quoniam ibit homo iu domum æternitatis suæ. (Eccl. xi. 5.) << Parce que l'homme s'en ira à la maison de son éternité. >>

Sicut dedisti ei potestatem omnis carnis, ut omne quod dedisti ei, det eis vitam æternam. (JOANN. XVII. 2.) <«< Comme vous lui avez donné puissance sur toute chair, afin qu'il communique la vie éternelle. »

In spem vitæ æternæ, quam promisit qui non mentitur, Deus. (Tit. 1. 2.)- « Dans l'espérance de la vie éternelle que Dieu, qui ne ment point, a promise. »

« ÖncekiDevam »