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contraire il a vivement combattu les scrupules qui se sont élevés dans mon ame. Mais, je vous l'avoue, contré ma volonté et à mon grand regret, son opinion n'a pu me rendre le calme et la tranquillité d'un cœur sans reproche. Alors j'ai jugé nécessaire d'en conférer de nouveau avec M. l'évêque de Tarbes, qui malheureusement ne m'a que trop confirmé dans les craintes que déjà j'éprouvais. J'ai consulté aussi mon confesseur et plusieurs autres évêques, qui tous m'ont répondu qu'ils me conseillaient de soumettre cette question au tribunal de notre Saint-Père et souverain pontife. A cet effet, Messieurs, vous avez été investis par lui-même de son autorité suprême et de ses pouvoirs spirituels : je vous écouterai donc comme je l'écouterais lui-même, c'est-à-dire avec une entière déférence!.... Cependant, je veux vous faire ressouvenir encore qu'il est de mon devoir envers mes peuples de prévenir tout ce qui pourrait, dans l'avenir, troubler leur tranquillité, et malheureusement j'ai de fortes raisons pour craindre qu'un jour on ne puisse contester à la princesse Marie la légitimité de ses droits au trône. C'est donc avec une entière confiance que j'attends de vous la solution d'une question si importante au bonheur de mes sujets et à la paix de mon royaume. Je ne doute pas que vous ne leviez promptement tous les obstacles l'on tente d'y apporter! — Après avoir dit que ces mots, le roi s'est retiré, et il est reparti sur-le-champ pour son palais de Greenwich. La plupart des pairs l'ont suivi, mais moi je suis resté jusqu'à la fin de la séance

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qui a été fort tumultueuse. Néanmoins, après de longs débats, ils ont décidé que l'on passerait outre, qu'on entendrait les avocats de la reine, et que la procédure se continuerait malgré sa protestation.

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Qui est l'avocat de la reine? demanda l'évêque de Rochester.

-Il n'est pas encore choisi, dit le duc de Norfolk. Il me semble qu'en bonne justice c'est elle qui doit le

nommer.

Mais elle le refusera sans doute, dit Cromwell, d'après la manière qu'elle a adoptée pour se défendre. Ainsi la compagnie s'entretint longuement sur ce sujet, qui remplissait d'inquiétude le cœur de sir Thomas non moins que celui du bon évêque de Rochester

fidèle ami.

son

IV.

-Vous comprenez, M. de Soria, disait Wolsey à un de ses secrétaires, en qui il avait le plus de confiance : aussitôt que vous l'apercevrez vous irez au-devant de lui..., vous prononcerez le mot convenu, vous le ferez passer par le souterrain qui donne sur le bord de la Tamise; vous l'amènerez ici, par le petit escalier; son vêtement doit être brun; il portera un chapeau noir autour duquel vous verrez un ruban rouge.

- Monseigneur peut être parfaitement tranquille, répondit le secrétaire avec suffisance, tous ses ordres seront

ponctuellement exécutés. Mais il ne peut arriver avant une heure d'ici, j'en réponds à Monseigneur.

Allez toujours, Monsieur, répondit le ministre impatient: je crains quelque surprise. Soyez moins confiant dans vos calculs et plus actif dans l'exécution. — Et il lui fit signe de sortir.

Soria venait à peine de fermer la porte, que le cardinal, qui écrivait en silence, entendit dans la cour du palais de la chancellerie un bruit inaccoutumé. Pendant quelque temps il continua son travail; mais, le tumulte croissant, de bruyans éclats de rire se faisant entendre, il se leva, ouvrit la fenêtre, et s'avança sur un large balcon d'où l'on pouvait voir tout ce qui se passait dans la cour principale.

Une foule de valets rassemblés y formaient cercle autour d'une vieille femme qui paraissait l'objet de leurs risées; son large chapeau de feutre, où pendait un ruban rouge, venait de tomber par terre, et laissait à nu, non une tête de vieille femme, comme on l'aurait pu supposer, mais bien une tête toute recouverte de cheveux courts, noirs et crépus. En la voyant ainsi coiffée, la troupe redoubla ses cris. L'un d'eux lui enleva avec adresse le masque qui cachait sa figure; mais quelle fut leur surprise de trouver sous cette enveloppe une grosse face rubiconde, dont le nez et les joues allumées de colère et de vin ne pouvaient appartenir qu'à un être du sexe masculin! Celui-ci, se voyant découvert, se défendit avec fureur, cherchant à les éloigner de lui à coups de

pieds et à coups de poings; mais il ne pouvait résister à leur nombre. Ils se jetèrent sur lui, ils ôtèrent son manteau brun et un de ses cotillons d'étamine bleue. Ce malheureux criait qu'on le menât à monseigneur le cardinal, mais les valets ne l'écoutaient point, et il faisait de vains efforts pour leur échapper. Néanmoins, comme il était excessivement robuste, il parvint enfin à renverser deux de ses antagonistes; alors, parcourant toute la longueur de la cour, il se jeta dans une seconde cour, où trouvant une échelle appliquée contre la lucarne d'un grenier, il y grimpa avec toute la dextérité d'un chat effrayé, et alla se cacher dans le foin qui y était accumulé.

Cependant le cardinal avait reconnu, du haut du balcon, le ruban rouge qui annonçait le messager qu'il attendait avec tant d'anxiété. A cette vue il fut transporté d'une telle colère, qu'oubliant sa dignité, il se mit à courir aussitôt à travers la file d'appartemens qui précédaient les siens, et où étaient réunis les secrétaires d'État, occupés au travail de la chancellerie; sans leur adresser un seul mot, il descendit les escaliers si rapidement qu'en un instant il se trouva au milieu de ses valets, stupéfaits de se trouver en présence de leur maître, essoufflé, la tête nue, et suffoqué d'indignation. Il leur ordonna, dans les termes les plus énergiques, de disparaître de devant ses yeux ce qu'ils firent sans plus tarder. De tous côtés les pages, les secrétaires arrivaient, avec M. de Soria, à qui il prit une vive inquié

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