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DE L'IMPRIMERIE DE BEAU, A SAINT-GERMAIN-EN-LAYE,

COURS

DE

PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE

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PAR

M. L'ABBÉ DELALLE,

CHANOINE HONORAire de NANCY, CURÉ ARCHIPRÊTRE DE LA CATHÉDRALE

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AU BUREAU DE LA BIBLIOTHÈQUE ECCLÉSIASTIQUE,
RUE DE VAUGIRARD, 60.

1848

DE

CONTROVERSE CATHOLIQUE.

LIVRE DEUXIÈME.

PSYCHOLOGIE.

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES FONDEMENTS
DE LA PSYCHOLOGIE ET DE LA THÉOLOGIE NATURELLE,

La raison humaine étant donnée avec ses divers moyens de connaître et de démontrer la vérité, avec la possibilité d'atteindre quelquefois la certitude et de la transmettre par la parole, il s'agit d'appliquer cette raison aux objets qu'il nous importe le plus de connaître et d'établir d'une manière inébranlable. Tout l'ensemble de la vie intellectuelle et morale est basé sur des principes perçus par la raison; et c'est ce qui trace une ligne profonde, une ligne infranchissable de démarcation entre l'homme et la brute. Oter à l'humanité cet apanage sublime, ce serait la flétrir dans son essence, ce serait la tuer moralement ! Alors, il serait vrai de dire que toute la philosophie ne vaut pas une heure de méditation, et que l'instinct animal doit remplacer l'exercice de l'intelligence. Mais il ne saurait en être ainsi, et il n'est au pouvoir de personne d'arracher au genre humain la couronne radieuse qui brille sur sa tête. Le scepticisme, renouvelé sous toutes les formes, a toujours échoué, et toujours il échouera dans cette folle entreprise. La nature est assez forte pour tuer tous les systèmes qui contredisent ses ten

T. II.

I

dances invincibles, et pour expulser à la longue le virus des doctrines dégradantes que les prétendus sages s'efforceraient d'inoculer à la société humaine.

Or, ces vérités, fonds commun de la raison, sont simples, claires, perçues généralement et invinciblement, et, outre leur évidence intrinsèque, elles ont encore pour appui les croyances universelles et des faits irrécusables. L'objet propre de la philosophie, comme nous l'avons dit, I n'est pas de créer des faits, ni d'établir des croyances, mais c'est de chercher l'explication rationnelle des uns et des autres, pour appuyer sur la démonstration les connaissances traditionnelles que l'homme reçoit de la société, pour les dégager des erreurs qui s'y mêlent quelquefois, et pour pénétrer plus avant que le vulgaire dans le sanctuaire de la science où l'on contemple les secrets de la nature, la raison intime des êtres et de leurs rapports. On est homme avant d'être philosophe : on connait donc et l'on croit, avant de démontrer et de savoir. Jamais il n'est arrivé qu'un homme se soit fait à lui-même sa raison pour que l'intelligence soit capable d'agir, il faut au moins qu'elle ait certaines notions fondamentales dont elle ne peut se déprendre, et pour avoir ces notions, il faut, bon gré, mal gré, qu'elle les reçoive. Lorsque l'on considère ce que peut la raison, il doit être bien entendu qu'on la suppose, comme elle l'est toujours, formée dans l'individu par tous les moyens que la nature emploie; autrement elle n'aurait aucune puissance, puisqu'elle ne serait pas. Ainsi, lorsqu'on parle de la raison seule de l'homme, on n'entend pas parler de la raison de l'homme seul. Ces deux choses sont bien différentes. L'homme seul, c'est-à-dire isolé de toute existence sociale, loin d'être un philosophe, serait une brute parfaite, et n'aurait éternellement que l'aptitude à penser, sans pouvoir réduire cette aptitude à l'acte. La force de la raison considérée en elle-même est la force de percevoir et de déduire dont elle est douée, abstraction faite seulement de toute révélation surnaturelle.

Avant d'entrer dans une série de raisonnements relatifs à la psychologie, à la théologie naturelle et à la révélation divine, il nous importe de bien saisir cette distinction, pour éviter deux inconvénients: 1o de pousser jusqu'à l'extrême la défiance de notre raison, et de lui ôter tout pouvoir de connaître avec certitude; 2o d'exalter outre mesure cette faculté, qui fait la gloire de l'homme, et de s'imaginer que pour être philosophe, il faut com

' Liv. 1, 4o part.

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