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hôtel, au milieu des mêmes acclamations, et, sous An v. cette impression, il adressa l'ordre du jour suivant 3 pluviose. à la garde nationale de Nantes :

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« Lors de ma revue d'hier, j'ai remarqué une bonne tenue militaire dans le grand nombre des citoyens sous les armes. L'allégresse générale dans les rangs, les cris répétés de vive la république et le gouvernement! ne laissent aucun doute sur le bon esprit qui vous anime.

» Vous avez tous montré un zèle civique, en offrant de marcher avec moi contre les ennemis communs de la patrie.

>> Vous êtes donc toujours ces braves républicains, oubliant leurs malheurs pour se rallier au gouvernement juste qui fait revivre en France la gloire et la tranquillité.

» Un jour, la situation pénible où vous êtes fera votre gloire, et vous serez loués de votre persévérance et de votre patriotisme sage et vigoureux, lorsque la paix rendra Nantes florissant par le commerce et les arts. »

Les chefs de l'administration allèrent, avec les officiers de la garde nationale, offrir leurs hommages au général Brune. Ils se présentèrent à son hôtel au moment où le colonel Duroc lui apportait, en envoyé extraordinaire, un message du premier consul. Brune leur déclara que le département de la Loire-Inférieure serait excepté de la mise hors la constitution; il leur dit :

« La conduite de l'état-major de la garde nationale de Nantes, le zèle des citoyens qui la composent, la contenance ferme et républicaine de plusieurs des cantons ruraux du département, les malheurs même de ceux qui n'ont pu résister à la force et se garantir d'un envahissement, méritent cette exception. »

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La réponse à ces paroles cordiales fut une même acclamation: Vive le général Brune! et les visi- An VIII. teurs se retirèrent avec une satisfaction qu'ils allèrent reporter à leurs concitoyens.

Avant la révolution, Brune était venu dans notre ville, en se rendant dans le Poitou : Nantes comptait plusieurs écrivains distingués : à son retour, il leur avait communiqué un manuscrit dans lequel, en prose et en vers, avec esprit, il décrivait la province dans laquelle il devait revenir un jour moins pacifiquement, et il était même entré en arrangement avec un imprimeur de Nantes pour l'impression de son ouvrage. Depuis, Brune, ayant embrassé la profession d'imprimeur en 1790, n'avait quitté cette profession que pour répondre, comme volontaire, à l'appel de la patrie en 1792. En reparaissant à Nantes, le général en chef, par un double souvenir, voulut voir l'imprimerie où le jeune poète avait offert son manuscrit. On peut comprendre s'il y fut accueilli avec enthousiasme. Il y obtint quelques instants d'un bonheur réel: prenant un composteur, il y composa deux vers qu'il improvisa à l'honneur des ouvriers de son ancienne profession, et les imprima sur le bras d'un des compositeurs. Aussitôt, dans une sorte de banquet improvisé, la santé de Brune le poète, de Brune le grand capitaine, de Brune l'imprimeur surtout, fut portée avec une énergie qui redoubla, lorsqu'un ouvrier improvisa un couplet

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sur cette triple santé. Après les plaisirs, les affaires, dit Brune, pour rendre le calme à l'atelier: voici une proclamation qui vous fera plaisir: elle est écrite d'un seul côté : j'entends l'état vite, chacun à l'œuvre, et que la ville de Nantes sache bientôt qu'elle reste sous l'empire de la constitution.» Ces derniers mots ne sont pas achevés, que la copie est déjà distribuée : chacun se met à la besogne avec une incroyable rivalité; les uns composent, les autres préparent les impositions, et, avec une rapidité merveilleuse, en une demiheure à peine, Brune a dans les mains l'épreuve, qu'il lit lui-même, et, peu après, les exemplaires, qu'il emporte avec lui, en partant le même jour pour le Morbihan.

Sa voiture se brisa aux portes de la ville; mais il poursuivit la route à cheval, avec le général Launois.

Au nombre des autres officiers-généraux sous ses ordres, se trouvait l'adjudant-général Lamarque, qui apprenait alors à connaître la guerre de l'Ouest, où il devait avoir plus tard un commandement en chef.

Brune venait de quitter Nantes, lorsque l'administration centrale de la Loire-Inférieure reçut cette lettre de Lucien Bonaparte, ministre de l'intérieur :

<< Voisins de ces contrées où les troubles ont pris naissance, vous avez un intérêt plus vif de les voir étouf

fer; vous êtes responsables envers le gouvernement, envers vos administrés, du dépôt qui vous est confié, du soin de maintenir au milieu d'eux la paix : la paix, le premier de tous les biens, est devenue l'objet des désirs de tous les Français.

» Vous n'avez qu'un moyen de remplir ce devoir sacré; réunissez autour de vous tous les bons citoyens, tous ceux qui ont une patrie à défendre; croyez-moi, ces hommes-là sont toujours forts; qu'ils sachent seulement le vouloir.

» Que deviendront, devant cette immense et respectable majorité, ces bandes de rebelles que l'appât du pillage a d'abord rassemblés, et qui ne mettent en avant une ridicule dissidence d'opinions que pour offrir un point de ralliement au brigandage et à la rapine?

>> Le sort de vos contrées est entre vos mains; opposez à ces rebelles une résistance énergique et unanime, vous aurez servi la patrie et l'humanité, et le gouvernement n'aura pas la douleur d'étendre jusqu'à vous l'emploi du moyen terrible qui va frapper les contrées voisines des vôtres; mais, je le répète, il faut que votre résistance soit énergique, qu'elle soit unanime, qu'elle soit prompte.

>> Si vous cédez à la faiblesse, craignez qu'une suite de maux ne vienne affliger vos départements, et que la mise hors la constitution ne s'étende jusqu'à vous; craignez que ces désordres ne retombent sur vos familles. Que deviendront vos femmes et vos enfants, si la terre languit, si les ateliers se ferment, si le commerce s'arrête, si une foule d'infortunés fuient une terre désolée, et s'ils vous nomment dans leur désespoir ?

>> Vous chercheriez en vain une patrie, vous auriez prouvé que vous n'en étiez plus dignes; partout vous se

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25 janvier. An vII. 5 pluviôse.

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riez repoussés comme les complices et les protecteurs 25 janvier. An VIII. des brigands; car ne pas les combattre, c'est les pro5 pluviôse. téger.

» Voilà le sort qui vous attend, si vous n'éclairez pas vos administrés sur leurs intérêts, si vous n'excitez pas leur zèle, si vous ne réchauffez pas leur courage; si, vous mettant à la tête, vous n'imitez pas le brave Marceau, commissaire d'Eure-et-Loire; si, partout où un brigand paraîtra sur votre sol, il ne trouve pas la mort.

» C'est par là seulement que vous conserverez vos droits, vos propriétés, votre existence, celle de vos enfants, votre place enfin au centre de la grande famille.

» Le gouvernement a été patient par amour de l'humanité: le même sentiment l'a rendu sévère. Il a l'œil sans cesse ouvert sur vos contrées; vos actions seront pesées, et certes vous ne balancercz pas entre protéger les soudoyés de l'Angleterre ou les vaincre avec lui.

» L'alternative est indigne de vous : je me livre à l'espérance que vous saurez entretenir la paix dans vos départements, que vous contribuerez à la rétablir dans ceux qui vous environnent.

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» J'espère que, redoublant de zèle et d'énergie, vous éloignerez de vous la mise hors la constitution, et que je pourrai vous proclamer à ce titre : Les libérateurs de vos contrées et les dignes enfants de la république. Brune fit afficher à Nantes deux proclamations du premier consul. Dans la première, Bonaparte disait à l'armée :

« Soldats, le gouvernement a pris des mesures pour éclairer les habitants égarés de l'Ouest; avant de pronoucer, il les a entendus; il a fait droit à leurs griefs, parce qu'ils étaient raisonnables. La masse des habitants a déposé les armes; il ne reste plus que des brigands,

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