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l'ignorance, pétris des préjugés qui en sont presque toujours inséparables, et dirigés, le plus souvent, par des préventions de localité ou par des passions qui leur font commettre, à chaque pas, des injustices que l'autorité supérieure ignore ou ne peut réprimer. Un gouvernement ne peut être essentiellement fort avec des rouages aussi multipliés. Tout dépend, en administration, du premiér degré. Si les éléments en sont faibles et sans consistance, la machine politique est nécessairement entravée. De là les embarras sans cesse renaissants, l'impossibilité de remédier aux abus, et d'effectuer des améliorations que le chef de l'administration aperçoit, et qui lui échappent toujours, quand il n'est pas secondé. Salarier les hommes en raison du service qu'on en exige, est le seul moyen de les attacher et de les maintenir dans la ligne de leurs devoirs. »

Il y avait du vrai et du faux dans cette lettre : Н certes, quelques-unes des considérations qu'elle renferme sont fondées; mais il n'existe pas une institution qui n'ait ses inconvénients, et, dans les institutions municipales, les avantages compensent amplement les difficultés. Selon nous, les municipalités avaient alors le tort d'être exclusivement formées par le pouvoir, en dehors de toute élection. Or, avait-il le droit de se plaindre, quand il choisissait lui-même. Mais la lettre précédente atteste quel chemin la France avait parcouru à reculons depuis 1792, époque où l'arbitraire anarchique s'était substitué aux lois, comme en ce moment l'arbitraire despotique voulait tout faire rentrer sous une même et unique volonté.

1804 16 janvier.

An xII. 25 nivôse.

février.

pluviôse.

1804

9 février.

19 pluv.

Cependant, quoique l'administration municipale Au XII. fût nommée par le premier consul, ses membres n'oubliaient point qu'ils devaient toujours se regarder tacitement comme les délégués du peuple, et, à ce titre, s'efforcer de conserver les anciens priviléges de leurs fonctions. M. Bertrand-Geslin, adjoint, en donna la preuve en réclamant avec force, dans un mémoire motivé, contre les envahissements du préfet, qui voulait s'attribuer, à l'occasion de la construction du pont d'Erdre, la direction de travaux dépendants des attributions du maire.

11 février. 21 pluv.

Cette fermeté, qu'a toujours eue M. BertrandGeslin, se montrait digne et honorable : il était toujours prêt à seconder les actes de l'autorité dans la limite de la loi; mais il ne souffrit pas qu'on méconnût jamais l'autorité municipale. Ainsi la mairie seconda de tous ses efforts l'administration pour la répression des troubles dans la Vendée.

Quelques individus accusés d'avoir fomenté les derniers troubles, ayant été arrêtés, une commission militaire fut formée à Nantes pour les juger immédiatement, et le trop fameux Gouron, comme l'appelait le préfet Le Tourneur, signalé comme un des chefs, fut fusillé.

Cette exécution intimida les autres accusés : l'un d'eux fit des révélations que le préfet transmit au grand juge, et qui motivèrent d'autres arres tations.

A cette époque il apprit qu'entre les deux candidats présentés par le collège du département pour le sénat, M. Cacault avait été choisi. L'autre candidat était M. Danyel de Kervegan

-1804

11 février.

Aux.

21 pluv.

1.er vent.

L'administration de M. Le Tourneur avait été à 21 février. la fois ferme et bienveillante; mais la capacité ne s'était pas toujours jointe à ces bons sentiments. Fût-ce la cause de son rappel? Nous l'ignorons; mais nous reproduisons cette lettre, toute remplie de cette hauté raison qui se puise dans le bon sens, et qu'il écrivait ou faisait écrire, sous sa signature, au ministre de l'intérieur

«Diverses lettres particulières et plusieurs journaux ont annoncé, depuis huit jours, d'une manière certaine, la promotion du citoyen Belleville à la préfecture de ce département. Je ne chercherai point, citoyen ministre, à pénétrer les motifs qui ont dirigé cette mesure; ils sont sans doute respectables pour moi, puisqu'ils émanent d'un gouvernement auquel je ne cesserai jamais d'être dévoué; mais j'ai lieu de m'étonner que cet arrêté ait acquis, depuis longtemps, autant de publicité sans mavoir été notifié officiellement. J'ai surtout lieu de m'affliger d'être ainsi lyré aux commentaires de tout genre auxquels cet acte a donné lieu. Dans les circonstances présentes, les fonctionnaires publics ont, plus que jamais, besoin de l'appui de l'opinion et de la confiance sans lesquels il est difficile de remplir ses devoirs., Venillez donc, citoyen ministre, faire cesser, le plus tôt possible, cet état de choses, cette incertitude qui jette de l'anxiété dans l'esprit de ceux qui s'intéressent à mon sort.

1804

21 février.

It n'est pas jusqu'au silence do citoyen Belleville An x qui ne doive paraître extraordinaire. S'il est retenu à 1. vent. Paris par une indisposition ou par les ordres du gouvernement, quel pent être le motif de me le laisser ignorer? Nimporte-t-il pas, d'ailleurs, que je fasse toutes les, dispositions nécessaires pour lui céder la place? Je ne país cependant,m'en occuper, que vous ne m'ayez fait connaître les intentions du gouvernement.

26 février. 6 ventôse.

La réponse à cette lettre fut la nomination offiDe Belle-cielle de M. de Belleville à la préfecture de la Loire2.o préfet. Inférieure.

ville,

10 mars. 19 ventôse

La population se fût, sans doute, préoccupée de cette brusque mutation, si les bruits populaires ne se fussent pas exclusivement emparés de l'attentat contre le premier consul.

Le gouvernement anglais, qui tremble pour son pays, ne sait pas répondre par une guerre ouverte : il en appelle à la trahison que désavoue sa propre nation, et c'est par l'assassinat qu'il espère vaincre son ennemi.sous son inspiration se fomente la conspiration qui va menacer jusque dans Paris les jours du premier consul

Cette conspiration, découverte contre la vie de Bonaparte, c'est celle dans laquelle s'étaient alliés, du moins on le crut, Pichegru, Cadoudal et Moreau, toutefois sans trop d'accord entre les accusés, car Cadoudal voulait mettre un Bourbon à la place du premier consul, ét Moreau ne voulait que renverser Bonaparte, sans agir pour les Bourbons. A cette nouvelle, le conseil municipal se ras

1804

10 mars.

*19 ventôse

semble et vote, séance tenante, sur la proposition du citoyen Deloynes, maire, une adresse ainsi conçue: An xii. Citoyen premier consul, quand le Diey des armées vous conduisait à la victoire, son bras puissant détournait les traits qui pouvaient vous atteindre; il faisait éclore dans votre âme magnanime, toutes les vertus qu'admirent en vous les Français dont vous faites le bonheur et la gloire. Il vous préparait les plus hautes destinées; il veillera sur son ouvrage, il le soutiendra... Investi de la suprême magistrature, vous trouverez dans le cœur de chaque Français un bouclier qui vous mettra à Fabri de toute main criminelle et fanatique qui aurait conçu de funestes projets... Comptez sur l'amour, sur le respect de notre cité, héros si nécessaire à notre em pire! Daignez vous pénétrer de cette certitude, qui nous est si chère, qu'un front comme le vôtre, ceint de lauriers, n'a rien à redouter de la foudre, que le ciel ne s'est réservée que pour frapper les têtes conpables... C'est la fière Albion qui doit trembler aujourd'hui. »

On ne disait pas encore votre majesté, mais cela allait venir, déjà le mot empire était vaguement substitué à celui de république, et si le titre de citoyen était encore seul donné au premier chef de l'état, le toi républicain avait depuis longtemps disparu sans; pour ainsi dire, qu'on y eût pensé. Le vous de l'ancien régime était un des premiers symptomes du retour à une monarchie... Toutefois, même après l'avénement impérial, on n'osa pas employer, dès son lendemain, la formule de salutation au mot sujet : par transition, on n'employa d'abord que

celui de serviteur.

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