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23 mars.

a Citoyen préfet, le choix qu'a fait de vous le premier An VIII. consul donne de grandes espérances. Après avoir rempli 2 germinal les emplois les plus éminents, c'est avec tous les talents que ces emplois exigent, toute l'expérience qu'ils donnent, toutes les vertus dont ils fortifient l'habitude, qu'on dans vous a vu accepter cette préfecture. Vous avez dû, l'empressement et les acclamations de nos concitoyens, reconnaître, dès votre arrivée, l'expression de ce sentiment. Le département dont l'administration vous est confiée, s'est acquis une grande célébrité dans l'histoire de la révolution : c'est ici qu'on vit éclore cet élan généreux qui produisit la restauration en 1790; c'est ici que, trois ans après, s'assouvit l'ingénieuse cruauté des fureurs révolutionnaires; deux fois la guerre civile a désolé cette contrée, et la corruption de la morale publique, l'anéantissement des ressources industrielles, attesteront longtemps encore les malheurs que nous avons éprouvés. Puissions-nous, dans la carrière que nous avons parcourue et où vous allez entrer, puissions-nous, pour le bonheur commun, avoir épuisé la coupe des dégoûts! Du moins, les circonstances qui nous ont accablés ne renaîtront pas; il vous sera permis de songer à des améliorations, quand nos efforts ne devaient tendre qu'à conserver; il vous sera permis de vous livrer à des conceptions généreuses, quand nous étions forcés de nous traîner au milieu de détails fastidieux; et si la calomnie ne respecte ni vos veilles, ni vos inquiétudes, ni vos utiles travaux, ni vos intentions pures et persévérantes, du moins elle ne pourra plus s'appuyer de l'esprit de faction; il lui sera impossible de présenter des espérances aux ambitions basses et ridicules; vous pourrez du moins, devant un gouvernement juste et constant dans ses principes, faire valoir le témoignage de votre con

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duite et de votre conscience, consolation puissante, l'unique consolation que l'ingratitude et l'envie ne peuvent An VIII. enlever à l'homme de bien. Vous pourrez, sans distraction 2 germinal

et sans crainte, suivre vos vues de prospérité publique ;

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cette prospérité publique, le bonheur et la tranquillité de nos concitoyens, fut le seul hut de nos continuelles occupations: nous vous confions ce soin en déposant entre vos mains l'autorité dont nous étions revêtus.. »

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Le préfet Le Tourneur, s'étant alors placé dans le fauteuil de la présidence, répondit:

Citoyens, appelé par la confiance du gouvernement à l'administration d'un des plus intéressants départements de la république, mon premier devoir, comme ma plus douce jouissance, en arrivant parmi vous, c'est d'être l'organe de ses sentiments paternels: il veut consolider et maintenir la paix intérieure dont vous commencez à goûter les avantages; il veut, en un mot, rendre au bonheur ces belles contrées sur lesquelles ont pesé trop longtemps l'âge de fer de la révolution avec toutes ses horreurs, et la réaction, ce fléau destructeur, suite inévitable de la tyrannie. C'est moi qu'il a particulièrement chargé de cette honorable mission: quelle carrière plus glorieuse pouvait s'ouvrir devant moi! Mais, pour atteindre ce but désirable, ce n'est point assez de mes efforts et de mon zèle, il me faut encore toute votre confiance, et rien ne me coûtera pour la mériter.

»Ne voyez en moi qu'un père de famille à qui tous ses enfants sont également chers: les défendre de leurs propres erreurs, les éclairer sur leurs devoirs, et les y rap peler, s'ils s'en écartent, par la voie douce de la persuasion, voilà quelle doit être toute ma sollicitude, et ce sera la plus chère à mon cœur. S'il pouvait s'en trouver

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encore quelques égarés, c'est à leur propre intérêt que An VIII. j'en appelle pour les rallier dans le sein d'un gouverne2 germinal ment trop fort pour n'être pas essentiellement juste, trop paternel pour n'être pas tolérant. Citoyens, la ligne qu'il faut suivre est maintenant tracée: s'en écarter şerait un crime. Abjurons à jamais toutes les passions haineuses et ces dénominatións de partis qui les entrétiennent et fomentent les troubles civils. Le gouvernement ne reconnaît plus que les bons et les méchants, les amis de l'ordre, fidèles observateurs des lois, et les instigateurs de trouble et de discorde, pour qui le désordre est un besoin. Quelle que soit la livrée qui couvre ces derniers, ils seront faciles à reconnaître, et la juste sévérité des lois doit les comprimer : la sûreté de tous l'exige, et c'est la garantie du pacte social.

>> Habitants des campagnes, ô vous que la nature a de tous les temps destinés à une vie calme et paisible, méfiez-vous surtout des insinuations perfides des ennemis de votre repos; livrez-vous avec sécurité aux travaux qui vous honorent: le gouvernement vous promet par ma voix sûreté pour vos personnes et vos propriétés. Que vos champs, jadis ensanglantés par la guerre civile, reprennent leur verdure et leur fertilité, à l'ombre tutélaire de la paix qui vient de 'renaître !

>> Jeunes conscrits, et vous, citoyens, dont l'ardeur guerrière s'est déjà signalée, le premier consul vous invite à le suivre aux champs de la victoire; elle lui fut toujours fidèle; marchez sur les traces du héros qui vous appelle pour vous associer à sa gloire : le temps presse! craignez que bientôt il ne vous reste plus de lauriers à moissonner.

» Quant à vous, citoyens, que l'âge et les fonctions éloignent des combats, il est un moyen de participer à la

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gloire de vos défenseurs: c'est par votre exactitude à ac- 1800 quitter le juste tribut que la patrie exige de vous; c'est An vul. en secondant les généreux efforts du gouvernement, qu'il 2 germinal pourra donner la paix à l'Europe, rendre la république respectable an dehors, et l'élever au degré de prospérité que lui promettent ses hautes destinées. Vive la république! » Cette acclamation fut assez faiblement répétée. La solennité terminée, le préfet alla immédiatement visiter ses bureaux.

Il se rendit ensuite à la séance de l'adminis- 28 mars. 7 germinal tration municipale. Tous les magistrats de la cité sé portèrent au-devant de lui. Il prit place à la séance, et le maire le complimenta:

Citoyen préfet, la ville de Nantes est une de celles de la république qui ont ressenti le plus vivement les orages de la révolution. Rúinés par l'anéantissement du commerce, dénués de toute ressource, et réduits à l'état le plus déplorable, les habitants de Nantes attendaient que d'heureux événements les rendissent à la tranquillité et au bonheur : ceux du 18 brumaire ont ouvert leurs cœurs à l'espérance, déjà ils en éprouvent les salutaires effets.

» Nos contrées ne sont plus en proie aux horreurs d'une guerre civile dont les progrès effrayants menaçaient de renverser toute la république; c'est par la clémence que le nouveau gouvernement a ramené les esprits égarés. Ge bienfait, qui a signalé ses premiers travaux, est le précurseur des jours heureux qu'il nous promet; nous en avons la garantie dans le choix qu'il fait des hommes les plus distingués par leurs talents. et leurs vertus pour remplir les places éminentes de la république.

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28 mars.

An viii.

*7 germinal

» Vous l'avez remarqué, citoyen préfet, votre présence a excité la plus vive allégresse; les dispositions que vous avez manifestées en faveur de la ville de Nantes, étaient connues avant votre arrivée; en rendant heureux le département de la Loire-Inférieure, vous ne suivrez que l'impulsion de votre cœur.

» La constitution de l'an VIII a rendu nécessaires les changements que les administrations civiles dévaient éprouver; la forme que prendra celle municipale de Nantes aplanira des difficultés qui ont souvent entravé son action, et facilitera les travaux de ceux qui seront nommés à cette magistrature.

» Nous ne vous le dissimulons pas, citoyen préfet, notre carrière administrative a été bien épineuse: il était douloureux pour des magistrats dévoués à la chose publique de ne pouvoir effectuer le bien qu'ils auraient voulu faire. Les ressources pécuniaires nous ont absolument manqué. Privés de tous moyens, il a fallu laisser sans réparation les quais et les édifices publics qui en exigeaient; notre ville n'a pas été éclairée pendant plusieurs hivers, et les nombreux indigents de cette commune n'ont pu être que faiblement soulages. Tant de désagréments ne nous ont point découragés, et nous quitterons nos fonctions avec la certitude d'avoir fait, pour le bien public, tout ce qui était en notre pouvoir.

» Permettez-nous de recommander à votre sollicitude tous les employés de l'administration municipale; ils nous ont donné constamment des preuves de zèle et de dévouement: c'est une justice que nous nous plaisons à leur rendre; leurs appointements sont arriérés de six mois, et tous n'ont d'autre moyen d'existence que le produit de leur emploi.

» Nous sommes assurés, citoyen préfet, que le com

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