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tranquillité de ses concitoyens? N'est-ce donc rien d'enjuillet. tendre son nom prononcé avec respect dans les assem- An vit. blées, de le savoir invoqué, béni dans le sein des famil- messidor. les, de le transmettre ainsi à ses enfants, honoré de la reconnaissance publique? Il n'y a rien à espérer, si nous pensons que d'aussi douces jouissances, tant d'occasions de faire le bien, ne paient pas le sacrifice de quelques loisirs et de quelques futiles habitudes; nous sommes indignes d'un bon gouvernement, incapables de le maintenir : il nous faut des nobles ou des sans-culottes, des frivolités ou la terreur. »

En vain ces paroles furent dites et redites; en vain chacun avouait qu'elles n'étaient que l'expression de la vérité; tout le monde blâmait les refus, et personne n'acceptait. Cependant quelques honorables citoyens cédèrent aux sollicitations, et la ville de Nantes réussit à avoir une mairie.

MAIRIE FELLONNEAU.

François-de-Sales-Godefroy de Fellonneau, ancien 17 juillet. avocat du roi au présidial de Nantes, maire.

Brunet, négociant; Chauvet, pégociant; Chaillou, négociant; Arreau, négociant; Savary, négociant; adjoints. Tessier, négociant; H. de Bouteiller, négociant; Gicqueau, homme de loi; Goyau, homme de loi; Angébault, homme de loi; Laporte, négociant; Lincoln, négociant; Coëslier fils, négociant; Rossel, négociant; Boudet, négociant; Albert Cygongne, négociant; Barbier, négociant ; Elias, négociant; Jacquier, négociant; Saget, négociant; M. Peccot, architecte; Fellonneau aîné, propriétaire ; Gamot, propriétaire; Bertaud, capitaine de navire; Baudot, marchand de drap; Bournichon, droguiste: Blanchard de la Musse, homme de loi; Bellier-Macé, chapelier; Lan

28 messid.

95.maire.

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dais aîné, quincaillier; Auvray, négociant; Colin, confi17 juillet. An VI. seur; Cailliaud, serrurier; Meyracq, marchand de toile; 28 messid. J. Martin, marchand de vin; Bigot, marchand bonnetier;

vill.

membres du conseil municipal.

19 juillet. La répulsion contre la Terreur n'avait pas

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voulu

conserver les anciens titres municipaux, même ceux antérieurs à la révolution : ainsi, le maire était appelé le président de l'administration municipale. La qualification de maire était assez honorable pour être reprise, surtout lorsque jamais elle n'avait été avilie à Nantes. Elle fut donc rendue au citoyen Fellonneau, qui succéda au citoyen Saget.

Mais, de ce jour aussi, les vieux priviléges de la cité furent anéantis: la nouvelle municipalité ne fut pas le fait de l'élection; elle fut nommée par Bonaparte, premier consul. Il faisait, avant même d'avoir le titre de souverain, ce que Louis XIV seul avait osé; mais il le faisait par suite du délaissement coupable des citoyens, qui tous avaient fait défaut à l'élection municipale, en méprisant leurs antiques libertés communales. Les administrateurs du bon plaisir consulaire furent installés par le préfet, dans une assemblée solennelle. Le maire Fellonneau s'y exprima ainsi :

« Citoyens, s'il est glorieux pour moi d'être appelé par le gouvernement pour remplir la place de maire de cette intéressante cité, quel sentiment de crainte ne dois-je pas éprouver en acceptant un emploi qui exige des talents bien supérieurs aux miens? Qu'il est malheureux pour la chose publique que des citoyens qui réunissaient

toutes les qualités que l'on peut désirer dans un magis- 1800 19 juillet. trat du peuple, aient refusé de déférer au choix judicieux Aa VIII. que le gouvernement avait fait d'eux pour occuper cette 30 messid. place! Ils ont sans doute été déterminés à ce refus par des motifs puissants qu'il ne m'appartient point d'examiner; quant à moi, j'ai cherché en quelque sorte à me dissimuler mon insuffisance, je n'ai vu que le besoin qu'avait ma patrie de trouver des administrateurs; je me suis persuadé qu'un dévouement sans réserve, qu'un zèle soutenu, qu'un désir ardent de réparer les maux qui ont affligé cette commune, pouvaient me tenir lieu des talents qui me manquaient. Encouragé par l'exemple de ceux que j'ai le bonheur d'avoir pour collègues, j'espère que leurs lumières suppléeront aux miennes, et qu'après avoir été associé à leurs travaux, je pourrai, l'être un jour à leur gloire. C'est en prenant pour modèle, dans l'exercice de nos fonctions, les magistrats que nous remplaçons, que nous parviendrons à acquérir l'estime de nos concitoyens. Qu'il me soit permis, dans ce moment, d'être vis-à-vis d'eux l'interprète de la reconnaissance publique; jamais on n'oubliera que ces magistrats vertueux ont su, dans les circonstances les plus difficiles, maintenir la tranquillité dans cette cité, procurer des subsistances à ses nombreux habitants, les faire jouir de la sûreté de leurs personnes et de leurs propriétés. Que ne puis-je célébrer dignement le courage du citoyen. Saget, l'un d'eux, qui a si noblement versé son sang pour la défense de cette ville! Son nom sera placé dans les fastes de cette commune avec ceux de tous les citoyens qui, comme lui, ont donné des preuves d'un semblable dévouement. Ils ne reviendront plus ces temps désastreux où le fanatisme et la diversité des opinions politiques avaient armé le Français contre le Français et fait répan

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dre des torrents de sang dans notre malheureux pays. Un héros que le ciel a formé pour le salut de la France, qu'il a conservé au milieu des plus grands dangers, dont la gloire surpasse celle de tous les conquérants qui jusqu'à présent ont été connus dans les fastes du monde, va terminer le cours de ses éclatantes victoires en réduisant tous les ennemis de la France à demander la paix et à reconnaître le peuple français pour le premier peuple du monde; c'est alors que nous goûterons tous les avantages que doit nous procurer un gouvernement qui a pour base la vertu et la liberté. Pourrions-nous douter de ses vues bienfaisantes en faveur de ce département, lorsque nous voyons qu'il en a confié l'administration à un de ces hommes, qu'il avait jugé digne de remplir la première magistrature de la république, qui a si bien justifié le choix des représentants de la nation dans l'exercice de cette place importante; qui, enfin, .depuis qu'il est dans ce département, manifeste chaque jour son humanité et sa justice, et qui n'est occupé que des moyens d'améliorer le sort de tous les individus qui l'habitent. »

La séance d'installation fut terminée par cette allocution du préfet :

« Citoyens, la magistrature dont vous êtes revêtus est toute paternelle. Organes immédiats d'une des plus. intéressantes cités de la république, c'est par vous que je connaîtrai désormais son vou, ses besoins et les moyens de félicité qu'il est dans mon cœur de lui procurer. Vous partagerez toutes mes sollicitudes, et, forts d'un appui réciproque, nous parviendrons, n'en doutez pas, à ce but désirable. Quelle carrière honorable vous êtes appelés à parcourir! Investis de la confiance publique, le choix que le premier consul a fait de vous ne pouvait qu'être agréable à vos concitoyens; il est le garant du

zèle que vous apporterez dans l'exercice de vos fonctions, et la manière franche dont vous les acceptez, la mesure du dévouement qui vous caractérise. Vous ne pouvez, citoyens, répondre à l'assentiment général sous des auspices plus heureux. L'anéantissement des partis, la réunion de tous les vœux pour le maintien de la paix intérieure, et l'espérance que font naître dans tous les cœurs les succès éclatants des armées de la république, que de moyens puissants pour opérer le bien que vous désirez! Je n'entreprendrai point de vous tracer ici l'étendue de vos devoirs, vous en êtes pénétrés d'avance, vous marcherez d'un pas ferme vers la restauration de cette importante commune. Comptez sur mon appui dans cette glorieuse entreprise, et envisagez comme la seule récompense digne des magistrats du peuple, le bien que vous aurez pu faire et la gratitude de vos concitoyens. »

La première occupation du conseil municipal se porta sur les ressources financières de la ville: sa caisse était dans le plus déplorable état, et Henri de Bouteiller, l'un de ses membres, fut spécialement chargé, par ses collègues, d'un rapport sur la réorganisation de l'octroi.

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Mais la mairie ne tarda pas à être préoccupée 2 août. par la politique : des complots se fomentaient, et mille bruits circulaient: on disait que les royalistes de l'Ouest attendaient Pichegru avec 15 à 20,000 Russes; que les Anglais devaient s'emparer de Brest par trahison, et que les Bourbons en feraient leur capitale provisoire; des proclamations se colportaient dans la Bretagne et dans la Vendée, et

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