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27 sept. An Ix.

qui en seront jugés susceptibles, il sera formé dans chaque bataillon, par l'état-major de la garde nationale, une 5 vendém. liste de remplaçants, composée de cinquante citoyens, et présentée au visa du commissaire-général de police, qui l'arrêtera définitivement

» Il sera alloué à chaque remplaçant une somme de deux fr., payable par le citoyen remplacé.

» Le présent arrêté sera adressé au commissaire-général de police, chargé d'en assurer l'exécution. »`

Certes, l'arrêté était utile; mais il devait provenir du maire. Or, loin de là, la ville, comme le reste de la France, avait rétrogradé à ce point dans la voie de la liberté, que non-seulement elle avait perdu toutes les libertés acquises par la révolution, mais encore tous ses priviléges communaux sous l'ancienne monarchie. La république n'était donc plus qu'un titre insignifiant.

Toutefois, il faut le redire, la mairie n'accepta pas sans protestation la suprématie de la police, qui, dans sa ville, devait provenir d'elle, et le préfet, peu satisfait lui-même d'un surveillant incommode, le soutint assez faiblement. Le citoyen Deforgues s'en plaignit au ministre de l'intérieur, à qui le préfet rendit compte du conflit: 1.er octob. « Le commissaire-général a cru voir, dans cette 9 vendém. marche, le dessein de l'entraver. Je ne puis même vous dissimuler qu'il a eu l'injustice de déclarer que, voyant cet établissement de mauvais œil, je lui avais suscité des difficultés qui n'auraient jamais eu lieu, si la mairie n'avait été sûre de trouver en moi un appui; tandis que, sans mes démarches et l'esprit de conciliation que j'ai

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constamment porté dans ce conflit, qui tient uniquement à la nature des choses, je m'exposais à voir toute la municipalité se démettre. La suite de cette défection eût 9 vendém. été d'une conséquence extrêmement fâcheuse, par l'impossibilité de la reconstituer, à moins que ce ne fût par des hommes dont les principes et la conduite passée eussent porté l'alarme dans tous les esprits. Cet événement eût entraîné, n'en doutez pas, la plupart des maires de campagne, qui n'ont accepté que par suite de la confiance que j'ai été assez heureux d'inspirer, et des sollicitations réitérées que j'ai employées. Le plus léger prétexte suffirait pour tout désorganiser: il est impossible de se faire une idée de toutes les difficultés qu'il a fallu lever pour organiser ce département.

N'ayant pas été consulté sur la nécessité d'établir à Nantes un commissaire-général, je ne me permettrai aucune réflexion à cet égard; mais ce que je dois déclarer, c'est qu'elle a jusqu'ici donné lieu à des tiraillements qu'il importe de faire disparaître au plus tôt.

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» J'ajouterai aux motifs ci-dessus une observation de Condillac Rien, dit-il, n'est plus dangereux dans un » état que des magistrats qui ont des prétentions indé»cises et opposées, ou qui ne connaissent ni l'étendue » ni les bornes de leur autorité et de leurs devoirs. » Un autre mal qui n'est peut-être pas moins grand, » c'est de voir, dans une république des magistrats » inutiles; c'est parce qu'ils n'ont rien à faire qu'ils veu»lent se mêler de tout; leur inquiétude n'est propre qu'à » embarrasser et gêner les ressorts du gouvernement. » Le gouvernement comprit ces observations et vit surtout quel embarras il allait susciter, si toute l'administration municipale donnait sa démission, pour ne pas subir l'autorité d'un commissaire

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spécial de police : cet embarras pouvait devenir grave, lorsque la Vendée menaçait encore. Bernadotte, général en chef de l'Ouest, écrivit au gouvernement dans le sens de la lettre du préfet, en disant que si la conciliation devenait désormais impossible devant la rébellion, elle était une nécessité dans les grandes villes. En adoptant cette double pensée, les consuls maintinrent la mairie de Nantes, et suspendirent la constitution dans les départements de l'Ouest, où Bonaparte eut pour le seconder, avec toute la supériorité d'une même et haute intelligence, un homme qui, comme lui sorti de l'armée, comme lui devait ajouter à l'épée glorieuse du commandement un sceptre et une main de justice, en substituant au nom de ses pères le nom d'une nouvelle dynastie.

Un autre arrêté des consuls autorisa le général Bernadotte à faire, comme son prédécesseur, des règlements, même portant peine de mort, dans les lieux où la constitution était suspendue, et à créer des conseils de guérre, jugeant sans appel, avec la suite immédiate de l'exécution.

Cette rigueur paraissait nécessaire pour rassurer l'opinion républicaine, car des alarmes continuaient à se propager. Des ouvertures en faveur des Bourbons avaient, dit-on, été faites à Bonaparte par MM. Hyde de Neuville et d'Andigné, avec tous pouvoirs de la part de Louis XVIII.

Mais on se rassura, et, fatiguée de la guerre,

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la population vendéenne et bretonne des côtes se rattacha franchement au gouvernement, en se le- Au ix. vant spontanément pour faire respecter le territoire. Entre Noirmoutier et Beauvoir les habitants firent prisonniers un certain nombre d'Anglais, descendus pour soulever les populations. Aussitôt, avis fut donné au premier consul de ce fait rassurant, et il répondit lui-même au préfet, qui lui avait fait connaître cette nouvelle :

« Faites choisir douze des habitants qui se sont le mieux comportés dans ces affaires, et envoyez-les à Paris, accompagnés de l'officier de gendarmerie qui les a conduits. Je veux voir ces braves et bons Français; je veux que le peuple de la capitale les voie, et qu'ils remportent à leur retour les témoignages de la satisfaction nationale. Si, parmi ceux qui se sont distingués, il y a des prêtres, envoyez-les-moi de préférence: car j'estime et j'aime les prêtres qui sont bons Français et qui savent défendre la patrie contre ces éternels enņemis du nom français, ces méchants hérétiques d'Anglais. »

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Certes, cette lettre de Bonaparte, premier consul, est curieuse à enregistrer à l'époque où elle a été écrite. Au reste, en toute chose, Bonaparte cherchait à rattacher l'ancien régime au gouvernement nouveau qu'il fondait à Paris, le corps de Turenne était solennellement transféré dans le temple de Mars, pendant que la ville du Puy rétablissait le tombeau de Bertrand-Duguesclin, en y gravant cette inscription: A Duguesclin, qui, en 1380, délivra le Puy de la tyrannie des Anglais

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et des bandes noires, la ville du Puy reconnaissante; l'an VIII de la république. Bernadotte sut profiter de cette solennité, pour redire dans nos contrées les hommages rendus au héros breton. Il tenait son quartier général à Vannes, à Nantes ou à Rennes.

Notre ville le vit plusieurs fois dans ses murs avec une entière confiance dans son énergie pour rendre le calme à nos contrées, en combattant avec vigueur la rébellion, ou en rétablissant la discipline militaire, toujours compromise dans les guerres civiles.

Les Anglais, sous les ordres du major Maitland, osèrent faire un appel à la rébellion, en opérant une descente de 400 hommes à Port-Navalo et à Quiberon, sous la protection d'un vaisseau, de trois cutters, de deux frégates et de plus de 40 à 50 bateaux armés.

Le général Bernadotte se mit en route pour les joindre et pour leur faire payer cher cette audace les Anglais ne l'attendirent pas, ils se rem: barquèrent aussitôt, et la rébellion ne se montra point aucun Français ne s'allia aux ennemis du pays.

Quelques mois après, le général dut sévir contre ses propres troupes, pour les ramener à la discipline, par un exemple nécessaire. Cela était plus difficile que de battre les Anglais. Il fallait être bien sûr de soi pour parler à haute voix ce lan

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