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pompeuses cérémonies faire plus d'impression sur des protestants qui les voyaient pour la première fois, que sur les catholiques eux-mêmes qui les voient habituellement. Ajoutez à cela qu'il n'y a d'absolument essentiel que le petit nombre de cérémonies d'institution apostolique; celles qui ne seraient pas obligatoires pour un protestant, lors même qu'il reviendrait au Catholicisme, ne peuvent nullement lui fournir un motif solide de demeurer hors de l'Eglise.

Septième Entretien.

De la véritable Église.

Le Cath. Permettez-moi de commencer notre entretien par cette question Quel sens attachez-vous à cet article du symbole, que vous récitez comme nous: Je crois la sainte Eglise universelle?

Le Prot. Cette brusque question m'embarrasse un peu, je vous l'avoue. J'ai mille fois répété cet article du symbole, sans me rendre le moindre compte du sens précis qu'il faut y attacher.

Le Cath. Cet aveu plein de franchise ne me surprend pas du tout. Je sais que des milliers de protestants y seraient réduits comme vous. Comme dans la récitation du symbole nous faisons devant Dieu une profession solennelle de la foi qui doit être le flambeau, la boussole de notre vie, et le fondement de nos espérances à l'heure de la mort, nous devrions, ce me semble, nous rendre un compte exact de tous les points de ce symbole, et surtout de ces paroles: Je crois l'Eglise universelle. Une fois d'accord sur cet article, nous le serions bientôt sur tous les

autres.

Le Prot. Eh bien ! Pour que vous n'alliez pas vous imaginer que je sois vide d'idées en récitant cet article, écoutez ma réponse : Par la profession que je fais de croire la sainte Eglise universelle, j'exprime l'acquiescement de mon esprit à l'existence d'une grande société religieuse, fondée par Jésus-Christ et composée de tous les chrétiens.

Le Cath. Vous voulez dire que les catholiques, les luthériens, les calvinistes, les anglicans, les quakers, et tous les autres sectaires qui

se nomment chrétiens, nonobstant les contradictions des Eglises ou sociétés religieuses d'où ils tirent leurs dénominations respectives, ne forment ensemble qu'une société religieuse, la sainte Eglise universelle. Vous voulez dire aussi que des hommes dont les uns professent nécessairement l'erreur, si les autres, leurs adversaires, professent la vérité, constituent, tous réunis, une société sainte. D'après cette définition, toutes les fois que des hommes ont quelque chose de commun en fait de Religion, quelque peu que ce soit, ces hommes forment ensemble une société religieuse, une Eglise enfin. Ainsi, puisque toutes les sectes protestantes, malgré la discordance et les contradictions de leurs croyances, sont unanimes dans leur protestation contre la Religion catholique, elles forment toutes ensemble l'Eglise protestante. Et comme toutes ces sectes protestantes s'accordent avec l'Eglise catholique, contre laquelle elles protestent, et qui, à son tour, proteste contre elles, à reconnaître Jésus-Christ comme fondateur de la Religion qu'elles veulent professer, elles forment avec elle une société religieuse encore plus générale, la sainte Eglise universelle.

Telle est la portée des définitions que nous fournissent les auteurs protestants modernes (1), définitions toutes résumées dans celle-ci : L'Eglise de Jésus-Christ est la société de ceux qui professent la Religion chrétienne. Mais qu'est-ce que la Religion chrétienne? C'est l'ensemble de tout ce que Jésus-Christ a enseigné, ensemble séparé de toutes les erreurs contraires à sa doctrine. Or, comme ceux qui s'appellent chrétiens, qui reconnais. sent Jésus-Christ pour le fondateur de leur Religion, se reprochent réciproquement ou de ne pas professer tout ce qu'il a enseigné, ou de pro. fesser ce qu'il n'a pas enseigné, voir même le contraire de ce qu'il a

(1) Comme nous allons reproduire tout-à-l'heure dans le texte les anciennes définitions protestantes, nous citerons ici quelques définitions modernes : « L'Église est «<< la société des adorateurs du vrai Dieu, qui sont baptisés et qui professent la Reli«gion de Jésus-Christ. » Wegheider, Ins. Dogm. Plus loin, il dit que la pluralité et la diversité des Églises n'empêche pas qu'elles ne s'accordent à reconnaître Jésus-Christ pour le chef et le fondateur de leur Religion, et ne tendent à s'assurer les biens. communs que sa doctrine procure.

Le célèbre prédicateur protestant Reihnard donne la définition suivante : « L'Église « visible est la société universelle de ceux qui professent publiquement la Religion « chrétienne; l'invisible est la société de ceux qui sont réellement convertis (emendantur) par la Religion chrétienne. »

Une définition remarquable se lit dans le Jus. Canon. de Bohemer, 7o édit. 1802, page 3 : « L'Église chrétienne est la société des hommes unis par la même foi chréa tienne, pour pratiquer la Religion chrétienne. Tant que l'unité de la foi se conserve, < la même Église se perpétue; avec l'unité, périt aussi l'Église. »

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enseigné, il est évident qu'ils ne professent pas tous la Religion chré tienne, dans le sens que nous avons donné à ce mot tout-à-l'heure, et conséquemment qu'ils ne peuvent former ensemble l'Eglise de JésusChrist, si cette Eglise ne doit se composer que des vrais sectateurs de la "Religion chrétienne. La définition doit donc, pour être juste, s'élargir encore, et il faudra définir l'Eglise universelle: La société de tous ceux qui veulent ou prétendent professer la Religion chrétienne, ou du moins, la société de ceux qui en professent réellement quelques articles. Si l'Eglise, la société fondée par Jésus-Christ, était telle, il s'ensuivrait que Jésus-Christ aurait fait ce qui, de l'aveu des chrétiens de toutes les dénominations, était insuffisant pour établir une Eglise, une société réelle (1). Or, pourquoi l'Eglise catholique exclut-elle de son sein tous les protestants? pourquoi les protestants se sont-ils eux-mêmes séparés de l'Eglise catholique ? pourquoi les luthériens se sont-ils séparés des zwingliens? pourquoi telle secte s'est-elle séparée de telle autre? pourquoi?... C'est que tout le monde a senti qu'une Eglise, une société religieuse ne peut se composer que de membres professant la même foi; que, pour la réalité d'une société, il ne suffit pas d'être d'accord sur quelques points, et de vouloir vaguement professer la Religion chrétienne, si cette profession n'est pas réelle, identique, complète et sans mélange. Au reste, ces définitions de vos auteurs modernes ne sont que des idées particulières; elles diffèrent essentiellement de vos définitions officielles, de celles qu'on trouve dans les professions de foi publiques des Eglises protestantes, et dans les écrits des réformateurs eux-mêmes.

Luther, le père de la réforme, loin de reconnaître comme membres de l'Eglise de Jésus-Christ tous ceux qui prétendent professer la Religion chrétienne, par exemple, les catholiques et les zwingliens, ne voulait pas d'abord y admettre même tous ceux qui professent la vraie doctrine chrétienne. Il définissait l'Eglise : l'assemblage de tous ceux qui vivent dans la vraie (rechte) foi, espérance et charité; de sorte que ce qui constitue la chrétienté, selon son caractère essentiel, n'est pas une Eglise visible, mais une union des cœurs dans la même foi (2). Luther confond ici l'Eglise visible et l'Eglise invisible. L'Eglise visible est celle qui enseigne la vraie foi; l'Eglise invisible se compose de ceux qui la

(1) Un théologien protestant de l'Allemagne, Bret Schneider, ayant fort bien senti cet inconvénient, s'est cavalièrement tiré d'affaire, en disant que Jésus-Christ n'a pas fondé une Église chrétienne, mais le monde chrétien. Il suit de là qu'il faudrait dire dans le Symbole : Je crois le saint monde universel!!!

(2) Luther von Bapsthum, 1 Band, s. 266.

pratiquent. Comme il faut connaître la vraie foi avant de pouvoir la pratiquer, il faut nécessairement entrer par l'Eglise visible dans l'Eglise invisible. Le Nouveau Testament appelle celle-ci l'Eglise des élus ; quand il dit simplement Eglise, il faut toujours entendre l'Eglise visible, qui comprend tous ceux qui professent la vraie foi, soit qu'ils la pratiquent ou non; c'est aussi l'Eglise visible que nous professons dans le symbole des Apôtres.

Le Prot. Et pourquoi, s'il vous plaît, ne serait-ce donc pas l'Eglise invisible, vraiment sainte, puisqu'elle ne se compose que de membres saints? Cette Eglise est aussi vraiment universelle, puisque des hommes pris dans toutes les parties de la terre, dans toutes les nations qui habitent sous le ciel, sans distinction d'état, de fortune, de sexe et d'âge, concourent ensemble à la former. Au reste, nous ne pouvons croire que l'Eglise invisible; car l'Eglise visible, nous n'avons pas besoin de la croire, nous la voyons.

Le Cath. Je conviens que l'Eglise invisible est sainte; je conviens aussi de son universalité, bien qu'elle ne comprenne pas tous les chrétiens; je conviens enfin que l'Eglise visible, en tant qu'elle est un objet de la vue et d'une démonstration sensible, évidente pour les sens mêmes, ne peut être un article de foi. Je vous prie de vous rappeler, dans l'occasion, ce que vous venez de reconnaître ici. Nous devons toutefois et sans aucun doute, entendre l'article du symbole aussi, et surtout de l'Eglise visible. Et d'abord le symbole parle plutôt de la société invisible dans l'article suivant: La communion des Saints. Celle-ci est l'effet de la société visible; or, Jésus-Christ a fondé une Eglise visible, pour qu'une Eglise invisible pùt se former; la société de la terre, pour que la société du ciel pût s'établir, à peu près comme Dieu a formé le corps de l'homme, afin que l'âme s'y préparât à ses destinées immortelles. Ensuite, tous les chrétiens, les catholiques et les protestants (1), ont presque toujours entendu cet article du symbole, dans le sens de l'Eglise visible. Ils ont, en effet, tous dû l'entendre ainsi, surtout dans leurs discussions entr'eux, puisqu'il est évident que l'on ne peut discuter sur ce qui de sa nature est totalement inconnu, comme l'est nécessairement l'Eglise invisible. Vous avez vous-même évidemment voulu parler de l'Eglise visible, quand vous avez défini l'article du symbole en question: La grande société religieuse fondée par Jésus-Christ, et comprenant

(1) Il suffit de jeter un coup-d'œil sur les définitions protestantes anciennes et modernes que je rapporte ici, pour se convaincre que toutes parlent de l'Église visible, et qu'aucune ne pourrait s'appliquer à l'Église invisible.

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