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Huitième Entretien.

Du gouvernement et de l'autorité de l'Eglise de Jésus-Christ.

Le Cath. La société fondée par Jésus-Christ doit posséder tous les caractères, tous les attributs nécessaires à une société bien constituée, et impliqués dans la notion de société. Une société vraiment digne de ce nom, une société religieuse, civile, militaire ou scientifique, peu importe, n'a pas seulement un objet déterminé, tel qu'est, par exemple, celui que se proposent les sociétés religieuses, qui est le salut des âmes; elle n'a pas seulement des lois obligatoires pour tous ses membres, comme en ont l'Eglise catholique, l'anglicane, la luthérienne, etc.; elle a encore un gouvernement dont l'autorité s'étend sur tous ses membres: Ainsi, une monarchie a un souverain, une république un sénat, une fédération un pouvoir fédéral, une armée un généralissime, une académie un président. Un pareil gouvernement est nécessaire à l'Eglise de Jésus-Christ, rien de plus évident. En effet, si presque toutes les sectes, qui se sont constituées en Eglises, ont senti la nécessité d'en avoir un, ne serait-il pas absurde de supposer que la grande société d'où elles sont toutes sorties, et où elles rentreront toutes, puisse seule s'en passer? Jésus-Christ, dans l'Evangile, compare son Eglise tantôt à un royaume, tantôt à un troupeau, tantôt à une famille; or, peut-il exister un royaume sans roi, un troupeau sans berger, une famille sans père? Enfin, l'état primitif, tout-à-fait primitif du Christianisme, nous montre l'Eglise, encore faible troupeau, dirigée, gouvernée par un chef visible, par le Fils de Dieu, revêtu de la nature humaine. Le Prot. Et justement, nous disons qu'elle a ce chef encore, qu'elle

J'aura toujours. Vous croyez donc, vous, que Jésus-Christ a abdiqué le gouvernement de son Eglise ?

Le Cath. C'est vous, au contraire, qui paraissez le supposer. D'après les théories modernes, un gouvernement se compose du pouvoir législatif, du pouvoir judiciaire et du pouvoir exécutif. Jésus-Christ, pendant sa vie mortelle, a exercé tous ces pouvoirs dans la petite société qui, à sa voix, s'était formée autour de lui. Il a proclamé les lois qui devaient la régir, jugé les différents qui s'élevaient entre ses disciples, pris les mesures, et donné les ordres nécessaires dans toutes les circonstances qui se présentaient. Voyons si, d'après ce que vous dites, Jésus-Christ fait tout cela dans les communions protestantes dont vous lui attribuez le gouvernement. Quand il s'agit d'expliquer les lois évangéliques, de les appliquer aux diverses circonstances, de terminer vos interminables disputes, de régler les intérêts du culte et de la discipline, de consacrer et de diriger vos ministres, Jésus-Christ descend-il du ciel ou vous expédie-t-il ses décisions? Nous prétendons que, pour nous, il fait tout cela, non pas personnellement ni directement, mais par l'intermédiaire d'un agent, d'un organe, par l'autorité de l'Eglise à laquelle il a promis sa perpétuelle assistance. Si quelques départements de la France, ⚫rejetant l'autorité du ministère et des chambres, ne reconnaissaient qu'un recueil de lois et d'ordonnances interprétables au gré de chaque citoyen, et prétendaient néanmoins qu'ils sont gouvernés par le roi; si en même temps les autres départements disaient: Nous sommes les seuls départements vraiment gouvernés par le roi; car, quoiqu'il garde le silence, ses ministres nous parlent en son nom, et de là nous inférons que c'est par eux qu'il veut nous gouverner; quels seraient les départements dont vous regarderiez les prétentions, comme fondées en raison?

Le Prot. Je vous comprends. Mais toutes les Eglises chrétiennes ont des gouvernements ecclésiastiques qui proposent la foi, qui règlent le culte, qui examinent, consacrent et dirigent, dans leurs fonctions, les ministres du saint Evangile. Il n'est pas douteux non plus, que, dans toute leur administration, ils ne veuillent se conformer aux intentions du divin Fondateur du Christianisme; et puisqu'il a solennellement promis que, là où deux ou trois chrétiens se réuniraient en son nom, trouverait au milieu d'eux, pourquoi nos vénérables consistoires ne pourraient-ils pas compter sur son assistance, aussi bien que ceux qui gouvernent l'Eglise catholique?

il se

Le Cath. Quand nous disons que le gouvernement de l'Eglise catholique propose la foi, nous voulons dire qu'il décide, d'une autorité divine, ce qui est vrai, ce qui est certain, ce que nous devons croire

pour être chrétiens. Or, il est de toute fausseté que ces Eglises chrétiennes dont vous parlez, et par lesquelles vous entendez les communions protestantes, possèdent des gouvernements qui puissent faire cela. Il y en a peut-être qui se sont arrogé le droit de le faire, mais c'est par une violation flagrante du principe fondamental du protestantisme, qui consiste à rejeter toute autorité humaine, en matière de foi, et à soutenir que chacun a le droit de construire l'édifice de sa Religion, la Bible à la main. Dans les paroles que vous avez citées, Jésus-Christ a recommandé la prière faite en commun et en famille, mais il n'a pu vouloir promettre que, toutes les fois que quelques hommes se réuniraient en son nom, il serait au milieu d'eux, dans le sens que tout ce qu'il leur plairait de décider en matière de Religion, serait conforme à ses intentions et à la vérité. Les erreurs les plus monstrueuses et les plus contradictoires ont été proclamées en son nom, et par bien plus de deux ou trois personnes. Si toutes les sociétés chrétiennes, qui se sont formées à diverses époques, après leur défection de l'Eglise catholique, ont des gouver nements ecclésiastiques, cela prouve seulement, comme je vous l'ai déjà dit, qu'aucune société, religieuse ou autre, ne peut s'en passer, et que conséquemment Jésus-Christ n'a pu fonder une société sans lui donner un gouvernement. En ajoutant que ces gouvernements proposent la foi, vous avez fait un précieux aveu; car, il en résulte qu'un gouvernement ecclésiastique doit pouvoir proposer la foi, en d'autres termes, qu'il doit être infaillible, puisque l'on ne peut croire que lorsqu'on est certain, et que l'on ne peut être certain que lorsqu'on reçoit l'enseignement d'une autorité infaillible. Or, il est évident que pour qu'une autorité soit infaillible, il faut qu'elle soit assistée de Dieu; il est évident aussi qu'aucune Eglise ne peut prétendre à être assistée de lui, si elle n'a pas été instituée par lui ou par ses envoyés, et, si l'on parle du Christianisme, par Jésus-Christ et ses Apôtres. Et comme nous avons vu qu'aucune des Eglises protestantes n'a été fondée par Jésus-Christ, ni par ses Apôtres, il est clair que leurs gouvernements n'ont pas été institués par lui, et conséquemment qu'ils ne peuvent en aucune manière compter sur son assistance (1). Si, d'ailleurs, il est certain, d'après ce que je vous ai dit l'autre jour, que l'Eglise catholique est la véritable Eglise, l'Eglise fondée par Jésus-Christ, son gouvernement seul peut être institué et fondé par lui.

(1) C'est cette assistance, en effet, qu'il importerait de prouver, puisqu'il est fort indifférent de savoir si ces gouvernements veulent ou ne veulent pas se conformer aux intentions de Jésus-Christ.

Le Prot. S'il en est ainsi, nous devons trouver dans l'EcritureSainte l'institution du gouvernement de l'Eglise catholique.

Le Cath. Aussi, nous l'y trouvons parfaitement. Jésus-Christ chargea ses Apôtres de gouverner son Eglise et d'enseigner sa doctrine, avec la même autorité qu'il avait reçue de son père éternel. Dites-le à l'Eglise, dit-il quelque part, celui qui n'écoute pas l'Eglise doit être regardé comme un païen et un publicain. L'Eglise ne signifie certainement pas ici l'universalité des fidèles, puisqu'il serait aussi difficile de dire une chose à cette universalité, que d'en recevoir une réponse. Nous disons encore aujourd'hui, l'Eglise, pour signifier l'autorité de l'Eglise, comme nous disons, par exemple, la France, l'Angleterre a fait la paix ou déclaré la guerre, au lieu de dire: le roi de France, le roi d'Angleterre. Dans un autre endroit, Jésus-Christ dit à ses Disciples: Qui vous écoute m'écoute. Mais nous devons donner une attention particulière aux paroles qu'il adresse à ses Apôtres, avant de quitter la terre: « Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du « Fils et du Saint-Esprit; enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai «< commandé. Je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles «< (saint Mathieu). » Saint Marc ajoute: Celui qui croira, sera sauvé, et celui qui ne croira pas, sera condamné. Saint Luc (chap. xxiv, †. 29; Act. chap. 1, . 80) atteste les promesses d'une assistance divine. Saint Jean est encore plus explicite. Jésus apparaissant à ses Apôtres, après sa résurrection, leur dit : « Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie. «Recevez le Saint-Esprit. Les péchés seront remis à ceux à qui vous les « remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. » Jésus-Christ a été envoyé par son Père pour le salut du monde, pour sa réconciliation avec le ciel, pour l'établissement d'une Eglise, dont les membres pussent jouir, ici-bas, des effets salutaires de la rédemption, par la profession et par la pratique de la véritable foi. La première partie de la mission divine de Jésus-Christ, fut accomplie dès l'instant de sa mort, la seconde n'était pas encore accomplie quand il quitta la terre, dans le sens qu'il ne restât plus rien à exécuter. Il fallait que l'Eglise se formât de toutes les nations, par la prédication de l'Evangile; et, l'Eglise une fois fondée, il fallait pourvoir à la conservation et à la pratique perpétuelle de la véritable Religion. Voilà pourquoi il fallait des hommes revêtus de la même autorité que Jésus-Christ, assistés par lui, remplis de son Esprit, enseignant, commandant, gouvernant comme lui; voilà pourquoi il fallait une autorité divine, perpétuant au milieu des chrétiens la puissance de Jésus-Christ, la puissance de celui que ses premiers Disciples avaient appelé Seigneur et Maitre (saint Jean, chap. XIII, . 13), pasteur du

troupeau (x. 11), chef de l'Eglise (Eph. chap. 1, Y. 22). L'Histoire prouve que les Apôtres ont gouverné l'Eglise. Ils l'ont enseignée, c'était déjà la gouverner. N'est-ce pas, en effet, gouverner les hommes que de leur dire, avec une autorité divine, non-seulement ce qu'ils doivent faire, mais encore ce qu'ils doivent croire, c'est-à-dire, n'est-ce pas gouverner les hommes que de régler leurs pensées aussi bien que leur conduite? Le Prot. Je ne conteste aucunement que les Apôtres aient gouvernés l'Eglise avec une autorité divine; mais comment prouvez-vous la transmission de cette autorité à leurs successeurs?

Le Cath. La raison évidente pour laquelle Jésus-Christ a revêtu ses Apôtres de cette autorité divine, c'est qu'il quittait la terre; or, cette même raison subsiste toujours; l'état de l'Eglise, au temps des Apôtres, et son état depuis lors jusqu'à nos jours n'exigent-ils pas les mêmes moyens de conservation, dans l'absence personnelle et visible de Jésus-Christ? Si donc notre divin Sauveur a voulu qu'il existât, après son ascension, une autorité divine sur la terre, il doit avoir aujourd'hui cette volonté, aussi bien qu'il y a dix-huit siècles. N'est-il pas clair d'ailleurs que les Apôtres ne prétendirent jamais exclure de la succession au ministère évangélique, ceux qui devaient venir après eux ? N'est-il pas clair qu'ils crurent, au contraire, devoir la transmettre, la conférer à d'autres dans la mesure des besoins de l'Eglise, puisqu'ils la conférèrent déjà, peu de jours après, à saint Mathias, dans toute son étendue?

Le Prot. Si les Apôtres ont complété leur nombre par l'élection de Mathias, c'est qu'ils sentirent le besoin d'avoir douze hommes, revêtus d'une autorité divine, pour la prédication de l'Evangile et le gouvernement de l'Eglise naissante. Si donc ce qui était alors eût dû toujours continuer, il y aurait eu toujours, et il y aurait encore douze Apôtres, douze chefs de l'Eglise, revêtus de la même autorité.

Le Cath. La substitution de saint Mathias à Judas Iscariot, pourrait faire supposer que la forme du gouvernement de l'Eglise doit être telle que vous venez de le dire, si nous ne savions rien de plus. Mais nous savons que les Apôtres n'ont pas cru devoir élire d'autres Apôtres, toutes les fois que la mort décimait le collége apostolique; nous savons qu'ils créèrent dans la suite d'autres charges, qu'ils établirent d'autres organes et d'autres coopérateurs, selon les divers besoins des fidèles; et quoiqu'ils aient eux-mêmes institués ces coopérateurs, ils ne laissent pas de les appeler Institués par Jésus-Christ, préposés à l'Eglise par le Saint-Esprit (Ephés. chap. IV, v. 11-14; Act. chap. XX, *. 17-28). Enfin, nous savons, par une disposition particulière de Jésus

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