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les affermir. Cependant pour lui le moment de la grâce n'était pas encore arrivé. L'ennemi des hommes employait toutes les subtilités imaginables pour le retenir dans l'erreur et l'empêcher de faire le pas décisif, indispensable pour son salut. Il pensait comme plusieurs protestants convaincus de la vérité, mais qui luttent encore contre elle, qu'il suffisait d'être Catholique dans son cœur; que ce serait un trop grand chagrin pour sa famille de le voir changer de Religion; qu'au bout de quelques années il aurait sa pension, et qu'alors il serait plus libre, etc., etc. En 1825 il suivit son régiment à Versailles, où Mme de B., femme d'un officier supérieur Suisse, du 8me de la Garde, converti lui-même à la Religion catholique, introduisit M. Esslinger dans la société d'une famille de ses amis, « dans le but, écrivait-elle, de satisfaire son désir de s'entretenir sur la Religion, mais surtout pour lui faire observer de près l'action si douce de la foi catholique dans le commerce intime de la vie; car, ajoutait-elle : il est convaincu, mais il n'est pas touché. »

Cette observation était juste, M. Esslinger était convaincu. Aussi les conférences qu'il eut avec le trop célèbre abbé de Lamennais firent peu d'impression sur lui; il s'était déjà fait toutes les réponses que le plus habile controversiste aurait pu lui faire. Sa tactique était alors de plaider le faux pour s'assurer si les réponses qu'on lui donnait étaient conformes à celles qu'il se donnait à lui-même. Un jour, M. l'aumônier rencontra dans cette même maison une protestante avec laquelle il eut une discussion très-vive, qu'il termina par cette apostrophe: « Eh bien! Madame, «< qui nous mettra d'accord? Nous n'avons point d'autorité; cependant << il est bien évident que nous ne pouvons pas avoir tous les deux

<< raison. >>

A cette époque il entra en relation avec les principaux rédacteurs du Mémorial Catholique, et fournit à ce journal plusieurs articles remarquables, qui parurent successivement depuis 1827, et dont voici la liste : De l'amour de la vérité comme principe du salut, 1827.

Quelques réflexions sur la maxime Chrétienne: Hors de l'Eglise il n'y a point de salut, 1827.

Éclaircissement sur ces paroles de saint Paul: Rationabile sit obsequium vestrum.

Réflexion d'un ministre protestant sur le système de l'Eglise anglicane, 1828.

Quelques fragments de la seconde partie de l'ouvrage de M. Mohler, sur l'unité de l'Eglise, 1828.

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La Théorie sociale de l'Evangile. Paroles de paix aux gallicans et aux ultramontains, 1829.

Examen d'un Mémoire pour l'abolition du célibat prescrit au Clergé catholique, 1830.

Le Procès de Galilée, d'après le Staatsmann (journal allemand), 1830.

Synode d'Ulster en Irlande, 1830.

Le Rationalisme récompensé et protégé par des gouvernements protes1830.

tants,

Dans tous ces articles, écrits avec beaucoup de mesure et d'adresse, il n'y avait pas la moindre trace de protestantisme. De plus, il traduisit en allemand l'ouvrage de M. l'Abbé Gerbet, sur les fondements de la certitude; et comme il était le seul de tous les collaborateurs du Mémorial qui pût lire dans leur langue les journaux littéraires et religieux, publiés en Angleterre, en Allemagne et en Italie, il recueillait, sous le titre de Nouvelles et Variétés, les faits les plus curieux, toujours choisis avec discernement et dans l'intérêt de la Religion catholique. On voit qu'il aimait à défendre notre foi, sans lui appartenir encore autrement que par ses convictions; mais il avait dès long-temps formé la résolution de l'embrasser un jour, et même de se dévouer à l'état ecclésiastique.

Pour mettre ce projet à exécution, il partit en 1828 pour sa ville natale. Sa conduite, constamment irréprochable, l'avait fait estimer de toutes les personnes qui l'avaient connu à Versailles, et qui lui portaient un intérêt bien sincère. Ses amis le virent donc partir avec peine; il leur écrivit pour les rassurer, que son projet était de passer quelques instants dans sa famille, et ensuite d'aller à Rome pour y faire probablement son abjuration, et entrer dans le célèbre collége de la Propagande. En arrivant à Zurich, il annonça à ses parents qu'il désirait faire un petit voyage dans le nord de l'Italie. Mais tous ses projets furent déconcertés par un singulier incident. Un passeport et des lettres de Paris, renfermant des recommandations pour quelques Prélats romains, arrivèrent à Zurich, lui absent, tombèrent dans les mains de son père, et lui firent pressentir les intentions de son fils. Il en résulta une scène vive et pénible entre M. Esslinger et son père, sa mère, son frère et sa sœur. Sa mère surtout fut consternée. Mais malgré une certaine irrésolution de caractère dans cet homme à conceptions d'ailleurs si fortes, Dieu le soutint dans cette dure épreuve; il resta ferme, et déclara franchement à sa famille sa résolution d'embrasser la Religion catholique. Des parents collatéraux tentèrent des moyens de conciliation, et finalement la paix fut rétablie par une sorte de convention, en vertu de laquelle M Esslinger s'engageait à renoncer au voyage de Rome et à différer l'exécution de son projet pendant une année, à condition que si, au bout de ce temps, il persistait

dans sa résolution, ses parents ne s'y opposeraient plus et lui conserveraient leur affection; ce qu'ils lui promirent. Il retourna donc à son régiment, contrarié, mais avec l'esprit moins agité avoir obtenu le consentement de ses parents, était un grand pas fait dans la nouvelle carrière qu'il allait parcourir. C'était un soulagement pour son âme que la perspective, désormais peu éloignée, du terme de ses longues épreuves et de ses pénibles combats avec lui-même.

Cependant l'année se passa sans qu'il se décidât à faire son abjuration; mais la révolution de 1830 survint, et M. Esslinger perdit sa place d'aumônier, par le licenciement des troupes Suisses, et se trouva sans traitement et sans pension de réforme, mais non sans ressources, puisqu'il avait le fruit de ses épargnes et son patrimoine futur. Peu de mois après son retour dans sa patrie, on l'appela à Fribourg, pour travailler à la rédaction d'un journal politique-religieux qu'on venait d'y fonder, et qu'il rédigea bientôt presque seul et avec un véritable talent. Entre autres articles remarquables qu'il publia dans le Véridique (c'était le titre du journal), les publicistes apprécièrent surtout les deux suivants, qui parurent dans une suite de numéros : Sur le système fédératif et les concordats politiques, contre le système de l'unité révolutionnaire; et l'autre Sur les moyens de rétablir la ligue Suisse.

Cependant le moment marqué par la Providence, pour le retour à l'Eglise de cet homme au cœur droit et aux convictions profondes, s'approchait. M. Esslinger, en venant diriger à Fribourg un journal de principes tout catholiques, s'était déjà prononcé aux yeux du public et surtout de ses compatriotes. Un concours de circonstances extraordinaires, et en particulier la conduite d'un ancien ami, M. Fuessli, aujourd'hui Antistes ou président du consistoire zuriquois, qui, dans l'intention de retenir son collègue dans le protestantisme, fit justement ce qui devait l'en détacher, amenèrent enfin le triomphe de la vérité dans le cœur de celui dont l'esprit lui était acquis déjà depuis long-temps.

M. Esslinger adressa, en février 1831, une lettre au conseil ecclésiastique de Zurich, pour lui annoncer sa réunion prochaine à l'Eglise catholique, rédigée par lui-même en allemand et en français; elle a été rendue publique par la voie de l'impression. « Cette lettre, au jugement de << M. de Haller, bien à même de l'apprécier, est en même temps un « chef-d'œuvre de logique et de haute philosophie, par l'opposition « nette et précise des principes fondamentaux du Catholicisme, toujours <«< conséquent avec lui-même, et du protestantisme qui réduit ses parti<< sants à d'éternelles contradictions. >>

Nous reproduisons ici les passages les plus saillants de cet écrit, bien

assuré que cette longue citation ne saurait déplaire, puisqu'elle peint inieux que nous n'aurions pu le faire, les sentiments intimes de l'auteur de ces Entretiens.

Voici comme il s'exprime dans l'avant-propos :

« L'indifférentisme seul peut se prononcer d'une manière absolue « contre ce qu'on appelle changement de Religion. Mais ce droit, le a protestantisme ne l'a pas; car prescrire à l'homme d'examiner, c'est « le mettre sur la voie qui peut le conduire à ce changement; et ajou<< ter, comme il le fait, que les paroles de l'homme doivent toujours « être d'accord avec les convictions de son esprit, c'est poser un prin«cipe qui peut rendre enfin ce changement une impérieuse obligation <<< de conscience.

<<< Tout ce qu'on peut exiger de l'homme qui change de Religion, ou, « pour parler plus exactement, qui passe d'une Eglise dans une autre, a c'est qu'il agisse sans précipitation et avec franchise.

«< Or, je crois avoir rempli l'une et l'autre de ces conditions. «Ma conviction de la vérité de la Religion catholique, ou (ce qui << revient au même pour quiconque veut être Chrétien) de la connexion << intime et indissoluble entre la révélation et le Catholicisme, est pour <<< moi le résultat d'un examen prolongé pendant plusieurs années. J'ai « même jeté dans la balance tout ce qui pouvait servir de contrepoids << à cette conviction; et ma raison, éclairée par la grâce divine, avait «< commencé depuis long-temps dans mon esprit l'œuvre de ma conversion, avant que mon cœur pût encore se décider à rompre les <«< liens qui m'attachaient au protestantisme. Je ne me suis donc déter<«<miné que lorsque hésiter plus longtemps eût été non-seulement fer« mer les yeux aux démonstrations les plus évidentes, mais encore « fermer l'oreille aux avertissements les plus formels, aux invitations <«<< les plus distinctes, les plus pressantes, que m'adressait la divine «Providence.

«

« Toutes les sociétés humaines, monarchies et républiques, sont << ébranlées dans leurs fondements, au moment où je trace ces lignes; «< c'est une raison de plus pour s'attacher à cette société immortelle « que Jésus-Christ à fondée, en disant: Vous êtes Pierre, et sur cette « pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront << pas contre elle. »

L'auteur expose au commencement de sa lettre la circonstance qui l'a engagé à l'écrire; puis il en vient aux motifs qui le déterminent à répudier le protestantisme pour embrasser le Catholicisme.

<< Lorsque la connaissance de la langue anglaise me permit d'étudier « l'état de l'Eglise, ou, pour mieux dire, des sectes innombrables qui

« divisent l'Eglise d'Angleterre, et qu'en même temps de fréquentes « discussions, avec des membres distingués du Clergé de France, et la «<lecture des meilleurs ouvrages français de littérature ou de contro<«< verse catholiques, eurent achevé d'éclairer mon esprit, alors mes << derniers doutes se dissipèrent, et les propositions suivantes me furent <<< invinciblement démontrées:

«< 1° Si, en établissant le Christianisme ( et j'entends ici ce mot tel << qu'il avait toujours été compris jusqu'à la nouvelle confusion des lan<< gues en Allemagne) Dieu a voulu donner aux hommes une révélation <«<< surnaturelle, c'est-à-dire imposer à leur foi des dogmes que n'enseignait <«< pas la Religion dite naturelle, des dogmes obligatoires, et des préceptes « nécessaires au salut, alors la Religion protestante ne peut être vraie. << Car ces mêmes dogmes, articles fondamentaux de la Loi chrétienne, de « l'aveu même des premiers réformateurs, ces dogmes qu'ils ont pro<«< clamés hautement avec toute la Chrétienté, tels, par exemple, que la << nature divine de Jésus-Christ, l'expiation des péchés par le sacrifice de «< la croix, etc., etc., ont tous été depuis et successivement niés et rejetés << par les protestants modernes, plus conséquents que leurs devanciers, «<et cela en vertu du principe même du protestantisme, qui nie et rejète «< ce que l'examen particulier décide être inadmissible.

«< 2° Si Dieu a donné aux hommes une révélation ( telle que nous <<< venons de la définir), en même temps, il doit lui avoir donné le moyen << de connaître avec certitude les dogmes révélés dont la connaissance est << nécessaire au salut; et ce moyen ne pouvait être autre que l'établisse<< ment d'une autorité visible, perpétuelle, infaillible, telle enfin qu'elle « existe dans l'Eglise catholique.

«3° Pour être conséquent, il faut donc purement et simplement << admettre la révélation, ou la rejeter purement et simplement; il faut, en << matière de foi, attribuer le jugement définitif, soit à la raison indi<< viduelle de chaque homme, soit à l'autorité de l'Eglise universelle, c'est<< à-dire qu'il faut opter entre le rationalisme et le Catholicisme.

<< Cependant, si tout en hésitant encore à prendre un parti décisif, je << penchais déjà depuis long-temps pour le Catholicisme, c'était par les «< considérations suivantes:

« 1o D'un côté, le besoin qu'éprouvait mon esprit d'être conséquent, «<et de l'autre, le besoin que mon cœur éprouvait de continuer à croire << les articles de foi qui m'avaient été enseignés dans mon enfance, confor«mément à nos catéchismes et nos livres symboliques.

2o Je me disais que le rationaliste, s'il est prédicateur chrétien, ne «< peut enseigner dans les sermons tout ce que croient ses auditeurs pour

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