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«< ne pas dire plus qu'il ne croit lui-même, et que dans les prières <«< publiques qu'il ne peut changer, il est souvent réduit à proclamer en « présence de Dieu, tant en son nom qu'au nom des fidèles, telle vérité «< qui, à ses yeux, a cessé de l'être. Or, une semblable conduite est dé«< clarée déloyale par beaucoup d'hommes d'honneur, bien qu'elle soit « défendue, ou du moins excusée par des ministres protestants de Suisse « ou d'Allemagne, qui, moins consciencieux sur ce point que plusieurs « de leurs confrères d'Angleterre, n'ont pas eu, comme eux, le courage << de renoncer aux émoluments attachés à leurs fonctions ecclé<< siastiques.

« 3o Une fois que l'on a reconnu philosophiquement la connexion << intime entre la vérité de la révélation et la nécessité d'une autorité << visible et perpétuelle qui la conserve toujours pure et inaltérable, on <«< doit croire aussi que Dieu, qui ne refuse jamais à l'homme de bonne « volonté les lumières indispensables à son salut, lui fera découvrir, par << le témoignage des faits, qu'effectivement cette autorité nécessaire existe <«<et a toujours existé. Or, qu'on ouvre l'histoire sans prévention, et on << verra avec un respectueux étonnement briller sans interruption pendant << dix-huit siècles, comme un fanal dominant l'univers, le magnifique « édifice de l'Eglise catholique, immortelle dépositaire des vérités éter<< nelles. Et qu'on remarque bien que ce que l'antiquité entend par ces << mots Eglise catholique, ce n'est pas ce que les protestants entendent par «< Eglise chrétienne, monde chrétien, divisé pour eux et par eux en mille << opinions, mille cultes, mille constitutions ecclésiastiques, toutes diver<«< gentes et souvent contradictoires; tandis que l'Eglise catholique au << contraire, seule conservatrice, seule interprète du Christianisme primi<< tif, seule aussi entre toutes les Religions, se distingue essentiellement «< par sa triple unité de foi, de culte et de gouvernement.

« 4° On ne peut s'empêcher de reconnaître aussi, d'après le témoi<< gnage de l'histoire toute entière, qu'une humble foi aux dogmes et une << obéissance absolue aux préceptes de l'Eglise catholique ont été constam«<ment, depuis dix-huit siècles, la source des plus hautes vertus, la base <<< des connaissances les plus profondes, et le principe générateur de la «< civilisation la plus parfaite.

<< 5° Il est également certain que nulle autre Religion n'offre à ses mi«<nistres, s'ils sont pieux et zélés, des moyens si puissants de coopérer << comme pasteurs des âmes et selon toute l'étendue des devoirs qu'impose «< ce titre sublime, aux soulagements des malheureux, à la consolation des « affligés, à la conversion des pécheurs, en un mot d'atteindre ce but, « que les protestants eux-mêines regardent comme le but principal de

«toute Religion, de contribuer, autant que possible, au bonheur de << l'homme dans le temps, et de l'assurer dans l'Éternité.

« 6° L'Eglise catholique, en imposant à l'homme l'humilité et la mor«tification, montre une connaissance profonde de la source première de « tous les maux qui, en tous temps, ont affligé l'humanité, et plus « particulièrement aujourd'hui, où, de l'aveu même de la plupart des << moralistes protestants, les deux plaies mortelles du siècle sont l'orgueil << de l'esprit et la soif inextinguible des jouissances.

« 7° Enfin, le pouvoir théocratique, application naturelle du Catho<«<licisme à la société politique, et qui, une fois déjà et pour son bonheur, << a gouverné le monde, est destiné selon toute apparence à mettre tôt ou << tard un terme aux vaines disputes comme aux vains essais des hommes <«< pour reconstituer la société chrétienne, en résolvant enfin, n'importe << sous quelles formes, le grand problême social, insoluble sans lui, « d'affranchir à la fois les peuples de l'empire des despotes et du joug de << de la démagogie.

<< Telles sont les considérations qui, entre beaucoup d'autres, m'ont << particulièrement frappé. Maintenant, qu'elles ne m'aient pas aussitôt « déterminé à embrasser le Catholicisme, cela doit-il étonner ceux qui « ont étudié le cœur humain? ne peut-on reconnaître tout ce que j'ai «<< reconnu, et se sentir encore arrêté par de grandes difficultés ? Et «< parce qu'on admet franchement la connexion intime qui existe entre << la certitude d'une révélation et la nécessité d'une autorité chargée de la <«< conserver et de la défendre, s'en suit-il que la raison, ou si l'on veut, <«<< la faiblesse de l'homme, ne reculera pas devant certains dogmes «< que cette autorité enseigne et devant certains préceptes qu'elle lui << prescrit? Car autre chose est d'avouer que, sous peine d'inconséquence, <«< il faut opter entre le Catholicisme et le rationalisme, et autre chose est << de sacrifier aux préceptes sévères du premier les principes du second, <«< qui sont plus commodes dans la pratique, qui ont de puissants auxi«liaires dans le penchant naturel de notre esprit pour ce qui flatte son << orgueil et favorise son indépendance, enfin, qui sont recommandés par « l'exemple séduisant et les arguments spécieux de ses nombreux défen«<seurs. Aussi, même parmi les protestants, combien n'en voit-on pas qui, << long-temps rationalistes prononcés, n'admettent aujourd'hui la révéla<«<tion (qu'ils nomment en Allemagne surnaturalisme) qu'après avoir, <«< ainsi que moi, long-temps hésité entre ces deux doctrines!

<< Or, si l'on trouve l'indécision excusable alors même qu'il n'est question «que de choses de peu d'importance, à plus forte raison doit-elle être per«mise lorsqu'il s'agit de prendre un parti irrévocable, et dont les conséquen

<< ces sont immenses et pour soi et pour les autres. En pareil cas, ce n'est << pas assez d'une conviction froide, fondée sur le raisonnement seul, il faut << encore une détermination de la volonté et comme un élan du cœur, que <«< ne puissent arrêter les plus grands sacrifices. Tant qu'elle manquait, <<< cette précieuse disposition, je pouvais bien, il est vrai, regretter quel<< quefois de n'être pas né dans l'Eglise catholique, et abrité par elle <«< contre les doutes et les combats qui agitaient ma vie; mais ma résolu<< tion n'allait pas plus loin, et le courage me manquait pour rompre « définitivement avec le protestantisme et avec une Eglise où j'avais << reçu les premières impressions religieuses, et qui compte parmi ses << membres tant d'objets de ma tendresse, de mon amitié et de ma plus << sincère vénération. Mille raisons, ou, si l'on veut, mille prétextes se présentaient pour m'y retenir. Je me disais que plusieurs ministres, « plusieurs théologiens protestants avaient aussi remarqué cette liaison << intime entre la révélation et le Catholicisme, et l'avaient même publi<< quement reconnue, et ne s'étaient pourtant pas faits Catholiques. Je me << livrais encore à cette espérance, que tout en continuant l'exercice de << mon ministère, je pourrais être utile à la cause de la vérité et unir <«<<mes efforts aux efforts de plusieurs pasteurs protestants qui, sincères << admirateurs des beautés du Catholicisme, travaillent autant qu'il dépend «< d'eux à la future réunion de toutes les Eglises. Je me disais aussi (et << cet argument me paraissait le plus solide) que les jugements que nous << portons d'après notre examen particulier étant toujours plus ou moins «< incertains, et la raison individuelle pouvant rejeter demain ce qu'elle « admettait hier, je devais, avant de risquer une démarche, source peut<< être d'un repentir tardif, attendre que Dieu parlât plus distinctement à << mon cœur, et y imprimât une conviction plus forte et plus impérieuse. << Enfin, je ne voulais pas précipiter une démarche qui devait nécessaire«< ment déplaire à mes confrères que j'estime, à mes concitoyens que « j'aime, et qui pouvait me faire perdre l'affection d'amis qui me sont << bien chers, et surtout affliger une famille à laquelle je suis bien tendre<<ment attaché.

«Tels sont les motifs (auxquels peut-être je devrais ajouter aussi «< l'indécision naturelle de mon caractère) qui me retenaient encore à une «< époque, où cependant mon retour au Catholicisme n'eut point exigé de « moi, comme aujourd'hui, le sacrifice de mes intérêts temporels...... << Sans doute, il est quelquefois difficile d'obéir à la voix de Dieu. << Nous vivons dans un temps où quiconque aime et recherche les biens de <«< ce monde ne sera pas tenté de se faire catholique. Il peut surtout << paraître dur à l'âge que j'ai atteint, à quarante ans passés, de refaire sa

«< vie, et de chercher au hasard, parmi des étrangers, un asile et des << moyens d'existence. On comprendra aussi tout ce qu'il doit m'en coûter << pour rompre les liens qui m'attachaient à l'Eglise, à la noble ville de << Zurich, où je compte des amis et des parents si dignes de ma tendresse. << Cependant aucune de ces considérations ne peut m'arrêter. Je sens trop « que je ne pourrai trouver la paix de l'âme que lorsque j'aurai fait le sa<«< crifice que Dieu me demande, que lorsque je serai entré dans la voie << qu'il me montre. Oui, plus je considère ce que la Providence divine a <«< fait pour m'amener au point où je suis, plus je sens que désormais je << ne puis séparer dans ma conviction la vérité de la Religion catholique et <<< l'existence même d'une Providence, qui conduit celui qui s'abandonne à <«<elle, et exauce la prière qui demande où est la route qui mène au salut...

« J'ajouterai que l'Eglise protestante perdra peu en perdant un mi<<nistre, qui sans doute eût rempli consciencieusement les devoirs de son << ministère, mais qui ne pouvait plus soutenir avec conviction le principe << fondamental du protestantisme, principe définitivement destructeur de << la foi chrétienne, quand on le comprend dans toute son étendue et qu'on << l'applique dans toute sa rigueur. Et d'un autre côté, l'Eglise catholique <«< attaquée, trahie, abandonnée de toutes parts, et même par ses propres << enfants, gagne toujours quelque chose au retour de néophytes, protes<< tants de naissance et catholiques de conviction, qui ont été conduits par «<l'étude même de l'erreur à la connaissance de la vérité, et qui l'ayant << long-temps cherchée, se trouvent ainsi préparés à la défendre....

« Au reste, si ma patrie veut mériter le surnom d'éclairée qu'elle << porte, si elle veut être sincèrement tolérante, elle ne m'en voudra pas « d'avoir obéi à l'impulsion de ma conscience, et mes concitoyens comme « aussi mes anciens confrères, détournant les yeux de ce qui nous sépare « aujourd'hui, ne verront que ce qui peut encore nous unir: l'amour de « la vérité quelque part qu'elle se trouve, l'enthousiasme pour tout ce <«< qui est beau et bon, l'attachement à notre chère patrie, où tous ensem<«<ble, catholiques et protestants, nous devons entretenir la concorde et <«< la paix, jusqu'au jour heureux et désiré où s'accomplissant la prière de << notre divin Rédempteur : QU'ILS SOIENT TOUS UN, les fils d'une même « patrie redeviendront aussi les enfants d'une même Eglise! >>

M. Schulless, alors président du Consistoire, tâcha de répondre à cette lettre et d'en détruire les raisonnements victorieux; mais ce fut en vain: il ne réussit dans sa réponse qu'à confirmer le jugement d'un savant de la Suisse allemande, qui l'appelait un arrogant rationaliste. M. Esslinger ne crut pas devoir garder un silence qu'on aurait interprété comme une victoire de son adversaire. Il répondit donc à son ancien professeur

par une brochure allemande de 111 pages, dans laquelle il prit pour toujours congé du Consistoire zuriquois. Cet écrit est daté du jour de la très-sainte Trinité, 29 mai 1831, et est resté sans réplique. Depuis ce moment, M. Esslinger ne songea plus qu'à se préparer à son abjuration, qu'il eut le bonheur de faire entre les mains de Monseigneur Yenni, Evêque de Lausanne et de Genève. A la manière dont il fut accueilli à son entrée dans l'Eglise catholique, et par le digne Prélat qui avait reçu sa profession de foi, et par ses anciens et nouveaux amis, il put voir se réaliser ce qu'il avait dit en terminant sa lettre au Conseil ecclésiastique : << Si des protestants, qui se font catholiques, perdent des amis par «<l'intolérance de leurs anciens coreligionnaires et compatriotes, ils peu«vent se dire en revanche l'Eglise sera pour nous une nouvelle patrie, «<et les enfants de cette bonne mère seront pour nous d'autres frères. » Comme en embrassant la Religion catholique il s'était toujours proposé d'entrer dans l'état ecclésiastique, il demanda son admission au séminaire de Fribourg, et s'y occupa avec ardeur à compléter ses études théologiques.

Pendant qu'il se préparait ainsi à recevoir les ordres sacrés, M. le comte de Courten, qui venait de recruter un régiment Suisse au service du Saint-Siége, offrit à M. Esslinger, qu'il avait connu à Paris, la place de premier aumônier dans son régiment. Cette circonstance fit hâter son ordination, et l'on crut pouvoir abréger le temps des épreuves ordinaires en faveur de celui qui, pour professer la vérité, avait surmonté tant d'obstacles. Le second dimanche après Pâques, 6 mai 1832, il fut ordonné Prêtre dans l'église des Ursulines, et deux jours après il eut Je bonheur de célébrer sa première messe dans celle du séminaire. Nous n'essayons pas de peindre les sentiments dont son âme fut remplie dans ce moment solennel, et particulièrement lorsqu'il donna la communion à plusieurs personnes qui avaient voulu s'associer à son bonheur, et parmi lesquelles se trouvaient ses amis de Versailles, M. le comte et Mme la comtesse O'm., les dames de Mart., etc., qui avaient si puissamment contribué à son retour à l'Eglise. A partir de ce jour, ses inquiétudes diminuèrent sensiblement, et il arriva bientôt au point de ne pas comprendre comment il n'avait pas eu plus de confiance en Dieu. Il éprouvait, disait-il, un calme et un bien-être qu'il n'avait jamais sentis.

A son arrivée à Forli, où le régiment s'était formé, M. l'Abbé Esslinger éprouva une émotion bien vive la première fois qu'il dit la messe et qu'il prêcha en sa qualité d'aumônier. « J'avais besoin de regarder <«<les ornements sacerdotaux et l'autel, dit-il à l'auteur de cette notice, « pour ne pas me croire à Paris, en face du régiment des Gardes, à qui

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